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Sociétés Coopératives: un secteur poussif face aux défis à relever
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Sociétés Coopératives: un secteur poussif face aux défis à relever
- Les boutiques : du fleuron au petit poucet du commerce
Le premier samedi de juillet c’est la Journée mondiale des sociétés coopératives. Plusieurs activités sont organisées pour faire notamment valoir leurs produits. Ce qu’il faut savoir c’est que le mouvement coopératif local existe depuis 110 ans mais ça, beaucoup de jeunes l’ignorent.
Ils n’ont jamais mis les pieds, ne serait-ce que dans une boutique coopérative, même s’ils en ont entendu parler. Pourtant, dans les années 50 à 80, nombre de Mauriciens ont eu recours à ce type de boutiques pour s’approvisionner, principalement en produits alimentaires. De nombreuses boutiques coopératives ont été ouvertes dans plusieurs villages et ont été d’une grande aide aux familles les plus vulnérables. D’abord de par les prix pratiqués puis par les facilités de crédit accordées aux clients et, à la fin de chaque année, un dividende de 3 % sur les achats annuels remis aux clients. Malheureusement ce commerce est en net déclin. Les raisons principales l’expliquant sont l’amateurisme du management, la mauvaise gestion, des produits limités et surtout, la concurrence avec les grandes surfaces.
Entre 1990 et l’an 2000, le nombre des boutiques coopératives est passé de 95 à 30. L’Advance Cooperative Stores Society est considérée comme une des pionnières. Ouverte en 1947 à Plainedes-Papayes, cette boutique est toujours opérationnelle. Son secrétaire, Dhundeep Munohur, souligne que quelques familles aisées, notamment les Busgeeth et Somrah, ont pris la décision de lancer cette coopérative. Un petit bâtiment de la localité a été loué. Une dizaine de personnes ont mis de l’argent ensemble pour réunir une certaine somme avec laquelle elles ont acheté des provisions, connues comme «ration», pour les vendre avec un petit profit. La plus grande facilité offerte aux clients était la possibilité de se procurer des denrées alimentaires à crédit. «À la fin du mois, ils remboursaient leurs dettes, mais il y avait toujours une certaine somme qui restait à payer et qu’on l’appelait ‘laké’». Et tout au long du mois, les clients achetaient des provisions à crédit. Quand il y avait des mariages dans les familles, les coopérateurs accordaient des facilités de paiement et les remboursements s’échelonnaient sur plusieurs mois. Fin décembre, les clients recevaient un dividende de 3 % sur la somme totale dépensée pendant l’année sur l’achat des rations.
Après Plaine-des-Papayes, trois autres boutiques ont été ouvertes, à Bois-Rouge, Pamplemousses et The Mount. Aujourd’hui seules celles de Plaine-des-Papayes et de Pamplemousses sont encore opérationnelles. Durant les années 70, la coopérative de Plaine-des-Papayes comptait jusqu’à un millier de clients. Mais au fil des ans, ce nombre a considérablement diminué et aujourd’hui, il n’y a qu’une vingtaine de clients qui lui soient restés fidèles. Autrement, des personnes viennent, de temps à autre, y acheter des produits. Selon Dhunddep Munohur, les jeunes ne s’intéressent plus à travailler dans les boutiques coopératives. «Aujourd’hui, un manager touche quelque Rs 20 000 par mois et les salesmen et autres storekeepers ne reçoivent que le salaire minimum. Si ce type de boutiques coopératives ne marche pas, c’est qu’il y a trop de conflits dans la gestion. Il y a eu des cas d’irrégularités dans les comptes et de nombreux clients ne règlent pas leurs comptes, d’autant plus que le système de crédit n’a pas évolué.»
Si les boutiques coopératives ont presque disparu, les sociétés coopératives en revanche font preuve de ténacité. Ce sont des organisations autonomes, détenues et gérées par leurs membres et régies par la Co-operatives Act 2016. Une société coopérative primaire peut être constituée d’au moins cinq membres et avec un capital social minimum de Rs 5 000. Actuellement, il y a environ 1 000 sociétés coopératives avec 85 000 membres actifs, engagées dans 25 secteurs d’activité tels que l’agriculture, l’artisanat, la pêche, la transformation alimentaire, et générant un chiffre d’affaires de plus de Rs 3,9 milliards. Selon le ministère de tutelle, les coopératives ont grandement contribué au développement économique. Entre 2020 et 2022, 200 sociétés coopératives ont été constituées, selon Sunil Bholah, le ministre responsable des coopératives. «Parmi ces 1 000 sociétés coopératives, la plupart sont dirigées par des jeunes et des femmes.» Ces entrepreneurs, qui se regroupent, ne sont pas épargnés par les soucis et les difficultés. Bindya Mahadew, présidente de la Mauritius Women Entrepreneur Cooperative Federation Ltd (MWECF), souligne que «juste après le Covid-19, ces sociétés ont rencontré beaucoup de difficultés. Mais la situation se rétablit progressivement. Avec l’interdiction des sacs en plastique, le marché des sacs écologiques marche bien. Heureusement qu’il y a aussi des grants. Les sociétés coopératives ont beaucoup de potentiel, même pour le marché d’exportation.»
Elle observe que «les sociétés éprouvent des difficultés à acheter les matières premières, qui coûtent cher, comme les semelles pour les savates, car la roupie s’est dévaluée et certaines devises se sont appréciées. Les démarches pour obtenir un prêt bancaire prennent du temps. Le salaire minimal a augmenté et ce n’est pas facile pour les coopératives de rémunérer les employés à la journée quand le business n’engrange pas de revenus. Sans compter que nous avons des soucis pour réactiver les comptes bancaires. Nous devons aussi lutter contre la malhonnêteté de certains qui copient les produits des autres pour lancer leur business.»
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