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Plainte à la police: les révélations de Murvind Beetun

13 juillet 2023, 21:00

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Plainte à la police: les révélations de Murvind Beetun
  • L’ASP Jagai : «(…) mo montré twa mo kapav fer murder mwa.»

Dans sa déposition faite au Central Criminal Investigation Department (CCID) le vendredi 7 juillet, le journaliste Murvind Beetun est revenu sur les circonstances dans lesquelles il avait déposé une precautionary measure – main courante – le 15 juin, le lendemain de l’émission avec l’ASP Ashik Jagai.

C’est son ex-directeur Balkrishna Kaunhye, a déclaré Murvind Beetun, qui l’a obligé à ne déposer qu’une main courante et de ne pas donner «tous les détails» de ces incidents. Comme Kaunhye était encore son directeur – il démissionnera de Top FM le 5 juillet – et que c’est lui qui a choisi et payé l’avocat qui l’accompagnait aux Casernes centrales, le journaliste a dû se plier au souhait de son patron. Auparavant, relate le journaliste, il était question que ce soit Samad Golamaully qui l’assiste aux Casernes. Il a refusé car pour lui cet avocat était un des responsables des incidents qui ont eu lieu à Top FM.

L’ex-journaliste de Top FM explique aussi comment le policer qui prenait sa main courante a tenté de lui faire dire que l’ASP Jagai a été très courtois envers lui le 14 juin et que ce dernier n’a jamais essayé de l’agresser physiquement. Murvind Beetun a toutefois déclaré que Jagai n’a été courtois que pendant l’émission.

Enregistrement amical

Le journaliste a aussi expliqué que lors de sa rencontre avec Kaunhye le 15 juin, celui-ci a appelé Samad Golamaully, qui lui a transmis un enregistrement que Kaunhye a fait écouter à Murvind Beetun. On y entend, dit Beetun dans sa déclaration, l’autre avocat, soit Ashley Huranghee – qui aurait donc été enregistré à son insu par son ami Golamaully – recommander à son ’ami’ Samad d’organiser une conférence de presse où seront invités des mouvements socio-culturels hindous et musulmans qui s’en prendront à Murvind Beetun. Mais pourquoi ? Les deux avocats accusaient le journaliste d’avoir, par ses questions à Jagai lors de l’émission, incité à la haine raciale. Ce que réfute le journaliste qui affirme qu’il n’a jamais tenu de tels propos. Il était question aussi de forcer Murvind Beetun à présenter des excuses publiques aux deux compères-avocats et à l’ASP Jagai. Le journaliste a refusé de le faire.

Murvind Beetun fait aussi état de sa rencontre juste avant l’émission avec plusieurs personnes réunies au pied du bâtiment de Top FM. Certains, qui n’étaient pas des policiers, se sont présentés à lui comme des gardes du corps des deux avocats. Il est revenu également sur la façon dont la présence des deux hommes de loi lui a été imposée pour l’émission et révélé comment il a dû accepter à condition que les deux hommes de loi n’interviennent pas lors de l’émission sauf si l’ASP avait besoin de conseils légaux. Il raconte comment il a dû interrompre l’émission à 19 heures car les avocats intervenaient trop souvent et Samad Golamaully l’a même insulté à l’antenne. Et l’a injurié pendant la pause et cela en présence de Kaunhye... Le journaliste a dû se retirer pour aller dans «lakwizinn»

Une fois en dehors du studio, Murvind Beetun dit s’être retrouvé face à un groupe de personnes et lorsqu’il est entré dans la cuisine, il a entendu une voix l’insulter et le menacer. «Bizin kass so l***…» Deux autres individus ont commencé à l’insulter et le menacer directement, l’un appuyant même son index sur l’épaule du journaliste. Un troisième homme l’a menacé en lançant, «koné ek kisana to pe gagn zafer». Les injures pleuvaient aussi et cela même lorsque Kaunhye est entré dans la cuisine. Leurs propos démontraient qu’ils n’étaient pas d’accord avec les questions qui ont été posées à leur chef Jagai. Le journaliste dit avoir identifié ces trois «excités» qui, selon lui, sont tous membres de la Special Striking Team . Et quand l’un d’eux s’est levé de sa chaise et s’est dirigé vers le journaliste avec une certaine agressivité, Beetun a calmé ses ardeurs en lui rappelant qu’il y avait une caméra qui filmait tout ce qui se passait.

À la reprise de l’émission vers 21 h 15, déclare Murvind Beetun, avant même qu’il ne pose une question, l’ASP Jagai s’est emporté et lui a lancé : «Si ou poz sa kestion-la, ou pa koné ki pou kapav déroulé-la, pa koz plas relizié.» Le journaliste maintient dans sa déposition qu’il ne voulait heurter aucune sensibilité et que de toute façon, il n’a pas insisté pour poser cette question. Mais que les deux avocats ont cherché à donner une tournure communale à cet ‘incident.’

Après l’émission, continue Murvind Beetun dans sa déposition, il a demandé à l’ASP Jagai de rester un moment dans le studio pour bavarder. Cependant, un homme y est entré et a presque ordonné à l’ASP de quitter les lieux «aster lamem». Et lorsque Murvind a essayé de lui faire comprendre qu’il bavardait avec l’ASP, l’inconnu lui a montré index en lui disant : «Twa assez, tonn asé fer pou zordi twa.» Jagai a alors suivi l’inconnu. 

En quittant le studio à son tour, le journaliste affirme s’être retrouvé encore une fois face à un groupe de personnes hostiles qui lui barraient le passage. Ce n’est qu’après l’intervention de Kris Kaunhye que Murvind a pu emprunter le passage pour entrer dans le bureau du directeur. Étaient présents aussi les deux avocats, deux membres de la SST et d’autres personnes. Selon le journaliste, c’est Kaunhye qui a remis le sujet de religion sur le tapis en lui reprochant devant tous : «Ou pa kapav tous lafwa enn dimounn ou pa koné kouma li kapav réazir.» Ce qui a eu pour résultat d’échauffer davantage les esprits, selon Beetun, y compris l’ASP Jagai, qui s’est alors mis debout et lui a demandé, tout en essayant d’ôter sa veste : «Dir mwa lor mo figir asterla, ki mo blansi kass dan dargah Cassis, mo montré twa mo kapav fer murder mwa…» Se sentant en danger, Murvind Beetun a alors déclaré au policier qu’il regrette d’avoir dit quoi que ce soit qui aurait pu le blesser ainsi que toute autre personne.

On a pu ramener l’ASP au calme et celui-ci s’est retiré non sans avoir serré la main du journaliste. Cependant, un des deux policiers présents, tentant sans doute de tranquilliser Murvind Beetun lui déclare avant de prendre l’ascenseur : «Pa per pas kass latet, nou pou koz ek nou bann zom, zot pa pou fer twa nanyé…»