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Marie Josée Edouard Speville, passionnée d’enseignement
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Marie Josée Edouard Speville, passionnée d’enseignement
Elle vient de rentrer au pays après avoir passé six semaines académiques aux États-Unis en tant que participante à la 2023 Study of the U.S. Institutes, facilité par l’ambassade des États-Unis à Maurice. Entre réflexions et ambitions, Marie Josée Edouard Speville, 37 ans et «Head of Department» d’anglais au collège Mont-Lubin, à Rodrigues, nous fait découvrir la femme énergique et la pédagogue qu’elle est en nous racontant son parcours.
Issue d’une famille modeste de Rodrigues, Marie Josée Edouard Speville a fait ses études primaires à l’école Sainte Famille RCA. En 1997, elle décroche la quatrième place sur l’île à l’examen du Certificate of Primary Education et s’inscrit ensuite au Rodrigues College pour y poursuivre ses études secondaires. «J’étais hésitante sur mon choix de filière car, au début, je voulais étudier les sciences. Mais on m’a conseillé d’étudier les langues. J’ai donc opté pour les langues.» Chose qu’elle ne regrette heureusement pas du tout, nous ditelle en souriant.
Puis, elle travaille comme formatrice en communication au Mauritius Institute of Technical Development, à Rodrigues, sur une base contractuelle, auprès d’étudiants en pré-vocationnel. Cela, tout en poursuivant son diplôme en Communication Science and English dans une université d’Afrique du Sud via l’apprentissage à distance. Ce choix, avoue-t-elle, a été influencé par les conditions financières de sa famille à l’époque. «Mes parents étant divorcés, j’ai vécu mon enfance avec ma grandmère, ma mère et ma sœur aînée. Lorsque j’ai terminé mes études secondaires, ma sœur était à l’université et il n’était pas possible pour nous de faire face à toutes les dépenses liées à l’éducation. J’ai donc décidé de travailler et de suivre en même temps mes études supérieures via l’enseignement en ligne.»
À mesure que sa volonté de progresser évolue, elle entreprend aussi, en parallèle, un cours offert par la Mauritius Institute of Education afin d’obtenir le Teacher’s Diploma en enseignement pré-vocationnel. Par la suite, elle rejoint le collège Mont-Lubin, en 2006, en tant qu’enseignante permanente. Plus tard, elle se voit proposer d’enseigner l’anglais dans ce collège et est confiée la responsabilité du département. Aujourd’hui, à 37 ans, Marie-Josée Edouard Speville est mariée et est mère de deux enfants, ainsi que Head of the Department d’anglais au collège Mont-Lubin. Elle est également titulaire d’un Post Graduate Certificate in Education.
À la recherche du savoir en Amérique
Promouvoir le développement holistique, inculquer l’esprit de réflexion à ses élèves, et intégrer des éléments d’éducation civique et de démocratie dans l’enseignement sont quelques-unes des qualités de Marie-Josée Edouard Speville. Elles l’ont conduite à être sélectionnée pour la 2023 Study of the U.S. Institutes, un programme de six semaines destiné aux enseignants du secondaire, nous affirme Jonathan Koehler, chargé des Affaires publiques à l’ambassade des États-Unis à Maurice.
Et pour l’enseignante, l’occasion de se lancer dans une toute nouvelle aventure. «J’ai estimé qu’il était temps d’acquérir plus d’expérience pour rester plus motivée dans mon travail et mieux aider mes élèves», nous dit-elle. Cet échange, entièrement financé par le département d’État américain, en collaboration avec l’université du Montana, à Missoula, s’est tenu du 31 mai au 5 juillet de cette année. Elle a passé quatre semaines à l’université du Montana pour un cours intitulé «American Studies Through the Lens of Liberty, Equality, and the American Dream». Ensuite, il y a eu aussi un «educational tour», comprenant une visite à Charleston, en Caroline du Sud, et à Washington D.C. Une opportunité donc de visiter l’U.S Capitol Building le sénat américain, et des moments de voyage qui, dit Marie Josée Edouard Speville, lui ont donné une perspective bien équilibrée de la culture moderne, de l’histoire ainsi que des structures politiques du pays, en plus d’une perspective sur les écoles américaines, et celles de Maurice et de Rodrigues.
«J’ai constaté des similarités et des différences entre les deux systèmes d’éducation. Par exemple, dans les deux pays, on retrouve la volonté d’intégrer tout le monde dans le système, comme l’Alternative School aux États-Unis et l’Extended Programme chez nous. Les défis auxquels sont confrontés les enseignants sont également les mêmes, comme la lutte contre l’indiscipline ou l’amélioration de la qualité des résultats scolaires. Cependant, la différence que j’ai appréciée est que dans ce pays, on encourage les jeunes étudiants à ne pas se consacrer uniquement à l’apprentissage académique, mais aussi que des notes sont attribuées à leur participation au niveau social ou au service communautaire afin de leur permettre de se développer de manière holistique. C’est aussi de donner aux adolescents de 14 ans et plus la possibilité de travailler dans des supermarchés, entre autres, pour acquérir des compétences supplémentaires dans la vie réelle, ce qui est également pris en compte dans leur évaluation. Il existe également un bon système de suivi des élèves, qui se fait en ligne.»
«Opening the world to students in Rodrigues»
De retour à Rodrigues, l’enseignante envisage d’avantage de promouvoir l’utilisation de la langue anglaise et de faire connaître à ses élèves les différentes cultures qu’elle a connues à l’étranger, tout en leur inculquant la nécessité et l’importance de la préservation de la culture locale. Son projet «Opening the world to students in Rodrigues» vise précisément à atteindre cet objectif. «Là-bas, beaucoup de gens ne connaissent pas l’existence de Maurice et de Rodrigues, notre riche histoire, notre culture et les efforts que nous faisons pour préserver la beauté du multiculturalisme. C’était donc l’occasion de les mettre en avant à travers mes présentations et mes interactions, dans lesquelles j’ai inclus des mots en créole et je les ai traduits en anglais pour que les autres puissent les comprendre. Cela m’a également donné un sens plus profond du patriotisme et de l’identité, et a suscité une plus grande passion pour mon travail», nous dit-elle.
Et malgré les dilemmes du cœur d’une mère qui a dû s’éloigner de ses enfants pendant six semaines, Marie Josée Edouard Speville affirme que ce voyage lui a été très bénéfique. «Heureusement, j’ai le soutien de ma famille, ce qui m’a permis de me focaliser sur ma propre formation alors que le temps passé loin de mes enfants leur a appris à être plus indépendants... My greatest success would be to having inspired others; not only my students, but also my kids, and to have made my family very proud.»
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