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Suspension de la licence de Vincent Allet - Mike Aglae: «Une vraie catastrophe à l’écurie»
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Suspension de la licence de Vincent Allet - Mike Aglae: «Une vraie catastrophe à l’écurie»
L’annonce de la suspension de la licence de Vincent Allet, vendredi dernier, a eu l’effet d’une bombe au sein de l’écurie de cet entraîneur en activité au Champ-de-Mars depuis le début des années 2000. Hier après-midi, soit 72 heures après cette annonce, les employés de cet établissement, au nombre de quinze, faisaient tous grise mine, sans doute rongés par l’inquiétude.
15 heures hier. Alors que la rue Shakespeare est animée de plusieurs chevaux d’autres établissements effectuant leurs marches de l’après-midi et que leurs grooms se lancent des plaisanteries, quelques mètres plus loin, le yard de l’écurie Allet offre, lui, un spectacle désolant. Si les palefreniers sont malgré tout toujours aux petits soins avec leurs chevaux, force est de constater qu’a l’écurie plane un climat triste et sombre.
Les blagues qui animaient naguère au quotidien la vie à l’écurie ont cédé la place à un lourd silence, seulement interrompu de temps en temps par un hennissement ou deux. On ne reconnaît plus le yard de Vincent Allet. Jadis très animée avec, comme chef de file dans le rang des palefreniers, Mike Aglae, connu pour ne pas avoir sa langue dans sa poche, l’écurie affiche désormais une atmosphère pesante.
«Nou finn gagn enn sok kan nou finn apran ki lisans nou patron finn sispan. Nou ti al pran livrezon nouvo seval dan karanten. Depi narien nepli parey isi. Une vraie catastrophe», lâche Mike Aglae, le chef palefrenier. L’homme fort de Vincent Allet confie que ses collègues sont tous abattus. «Zot moral pa bon ditou me zot pe travay.»
Il précise que si dans le passé les palefreniers étaient sous la charge du Mauritius Turf Club (MTC) et qu’ils pouvaient être redéployés chez un autre entraîneur en cas de suspension ou de fermeture d’une écurie, tel n’est plus le cas. «Depi sa lane-la, bann antrener nepli gagne subzid pou palfrenie. Donk, nou anploye direkteman avek Vincent Allet. Si li pa là, kot nou pou alé?»
Plus loin, Mohammad Jamseed Boodhoo, Stable Supervisor de l’écurie, scrute le travail des palefreniers. «Nou pe pass par enn moman bien difisil. Lantrener so lisans inn suspan et nou tou a lekiri nou dan linkietid. Me problem la pa aret la, nou ena seval lor nou sarz. Zot pa kapav sorti pou al antrene. Ce sont des athlètes qui ont besoin d’exercice au quotidien, sinon ils peuvent avoir des problèmes.»
À l’heure de notre visite, Vincent Allet n’est pas dans son écurie. «Pou evit problem lasante nou pe fer zot defoul zot dan manège à la longe. Nou pe fer zot mars bokou. Pou zot alimantasion, kouma ou kone nou pa kapav kontinye donn zot bokou manze riss. C’est vraiment triste de voir ce qui se passe», explique Mohammad Jamseed Boodhoo.
Plus loin, un jeune palefrenier nous avoue qu’il ne sait pas de quoi demain sera fait. Il a appris le métier et c’est un peu tout ce qu’il sait faire. «J’ai des engagements financiers. Si lantrener pa kapav kontinye antrene pou perdi travay. Pou vinn konpliké.»
À 16 heures, les employés quittent l’écurie après s’être acquittés de leurs tâches, avec l’espoir d’un heureux dénouement qui leur permettra de conserver leur emploi et de voir les coursiers qu’ils chérissent tant s’épanouir et en découdre sur la piste.
Le silence de la Gambling Authority
L’affaire Allet continue à défrayer la chronique hippique depuis la bombe lancée sur le champ de courses par la Gambling Regulatory Authority (GRA) à la veille de la 17e journée vendredi.
Un communiqué laconique de la Horse Racing Division (HRD), qui tombe sous la tutelle de la GRA puisqu’elle fonctionne selon les paramètres établis par la GRA Act, a annoncé simplement au public, dans un rôle de «simp facter», que la Personal Management License (PML) de l’entraîneur Allet a été suspendue avec effet immédiat par le board de la GRA, ce qui le rend, depuis, inéligible, temporairement, comme entraîneur et propriétaire de chevaux. Les dispositions de la GRA Act prévoient que l’instance régulatrice a le pouvoir de «at any time, refuse to renew, or may suspend for such period as the Board may determine, or revoke or cancel from such date as the Board may determine».
Question de transparence
Quatre jours après cette décision, la GRA se mure toujours dans le silence, ne jugeant nullement nécessaire, même pas sur une question de transparence, d’informer le public des raisons qui ont conduit à la suspension de la PML de Vincent Allet. L’instance ne communique pas alors qu’un de ses fonctionnaires, payé des deniers publics, est responsable de la… communication ! Le public, qui finance seul l’industrie des courses et contribue aux salaires des nominés politiques de la GRA et des employés de la HRD, n’a-t-il pas le droit de connaître les arguments de la GRA pour priver une écurie de la compétition ?
À la HRD, l’on tente autant que possible, sans se mettre à dos la GRA, de se dissocier de la décision du régulateur. À l’express, après la journée des courses de samedi, un de ses hauts cadres n’a pas voulu s’aventurer sur le dossier Allet lors du débriefing de la 17e journée, et a simplement demandé à notre journaliste d’attendre un communiqué de la… GRA !
Ce qui est sûr, à ce stade, c’est que la GRA a agi sur une plainte de People’s Turf Plc (PTP) à la suite d’une bande sonore explosive dans laquelle une voix attribuée à Vincent Allet s’en prend grossièrement à Ubheeram, Lee Shim et Taposeea entre autres. Un autre incident allégué lors de la journée des courses du 8 juillet dans une restricted area de PTP serait reproché à Vincent Allet qui, selon PTP, était accompagné de «bouncers».
Depuis l’annonce de la suspension de sa PML, Vincent Allet, pris au dépourvu par la tournure des événements, explore avec son panel d’avocats toutes les avenues légales possibles pour se mesurer à la GRA dans ce qui serait une bataille juridique atroce entre les deux parties.
Le délai de 14 jours accordé à Vincent Allet, sous la GRA Act, pour qu’il montre, par écrit, pourquoi sa PML ne devait pas être suspendue, serait, paraît-il, un obstacle pour une révision légale temporaire de la décision de la GRA, ce qui le priverait encore d’une journée des courses cette semaine, voire plus.
Entre-temps, le grand public attend toujours la version de la GRA !
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