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Financement du développement: l’endettement, mal nécessaire et inévitable
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Financement du développement: l’endettement, mal nécessaire et inévitable
Quand il ne dispose pas des fonds nécessaires pour financer ses projets de développement, le gouvernement emprunte d’institutions financières locales et internationales ainsi que du marché financier sous forme d’obligations ou de bons du Trésor. Pas de problème aussi longtemps qu’il peut rembourser. Toutefois le Fonds monétaire international conseille une évaluation de la viabilité de la dette indépendamment du fait que le niveau d’ancrage de l’endettement ait été respecté ou pas…
Quand la pandémie battait son plein en 2020, le gouvernement a abandonné l’ancrage d’endettement de 60 %, pour passer à 80 %, et atteindre 99,2 % du Produit intérieur brut (PIB). L’endettement n’est pas une situation réjouissante pour celui qui, désirant progresser et réaliser des produits, doit compter sur les sous d’un tiers. Le gouvernement de Maurice, comme celui d’autres pays, en dépend aussi pour réaliser ses projets courants et de développement. Cependant, le gouvernement ne peut pas s’endetter comme il le souhaite. La limite de cette démarche est indiquée par rapport à un pourcentage donné de la valeur de son PIB au prix du marché, à savoir le résultat définitif des fruits de toutes les unités chargées de la fabrication de biens ou de la prestation de services durant une période donnée.
Quelle la situation à Maurice selon les indications du ratio dette/PIB selon les dernières données statistiques. À la fin de juin 2023, la valeur du PIB de Maurice se situait à Rs 628,4 Mds contre Rs 570,8 Mds en 2022, soit une hausse de Rs 57,6 Mds par rapport à la même période en 2022, soit une hausse de Rs 57,6 Mds. Selon la dernière édition du Quarterly Debt Budgetary Central Government publiée par Statistics Mauritius, le montant de la dette publique au mois de mars 2023 est établi à Rs 404,6 Mds comme obligations envers ses créanciers locaux (Rs 319 Mds) et ses créanciers étrangers (Rs 85,6 Mds). Si on devait établir le ratio dette/PIB, cela donnerait 64,4 % du PIB et qui avait atteint 85,2 % en septembre de l’année dernière.
Qu’en pense le Fonds Monétaire International (FMI) qui, tout en étant le bailleur de fonds des économies se trouvant dans le besoin, veille au grain à la stabilité financière du monde ?
«Maurice peut s’offrir un ancrage d’endettement pouvant atteindre jusqu’à 80 % de son PIB comparativement à la proposition qui préconise que cet ancrage de dette peut aller jusqu’à 60 % de son PIB, une perspective abandonnée durant la période où la pandémie Covid-19 battait son plein, La révision du niveau de l’ancrage d’endettement de Maurice reflète mieux la capacité de Maurice à honorer ses obligations tout en œuvrant pour que la croissance soit à l’ordre du jour de ses priorités», soutient Mikhail Pranovich dans un document intitulé Reinistating fiscal rules in the post-pandemic Mauritius: Scenarios and policy options, écrit en collaboration de Félix F. Simione, Robert Clifton et Isabel, et Tao Sun.
Les techniciens du FMI ne voient pas d’un mauvais œil la tendance de Maurice à laisser le niveau de son endettement dépasser l’ancrage préconisé. Bien au contraire. Ils arguent que le niveau élevé de l’ancrage d’endettement de Maurice illustre parfaitement sa grande capacité à soutenir le poids de l’endettement en ligne avec le ratio entre la moyenne des recettes fiscales et le PIB. Cependant le FMI ne souhaite pas que Maurice maintienne le niveau élevé de son ancrage d’endettement qui pour l’exercice financier 2020-21 se situait à 99,2% du PIB mais de faire en sorte que l’objectif de 80 % soit atteint. «Pour y parvenir, il suffit d’instaurer un plafond par rapport au déficit global de 3 % du PIB.»
Si le FMI ne trouve pas alarmant un niveau de l’ancrage d’endettement qui correspond à une capacité réelle d’honorer ses obligations, ses techniciens proposent que le gouvernement effectue une évaluation des risques liés à la viabilité de la dette en ayant recours au dispositif de l’organisation, indépendamment du fait que le niveau de l’ancrage d’endettement ait été respecté ou pas. Dans un article du site Statista daté de 11 mai, Aaron O’Neill, spécialiste en matière de données à l’échelon global, indique « qu’il était prévu que le ratio dette/PIB de Maurice accuse une tendance vers la baisse entre 2023 et 2028 par un total de 10,4 %. Il est attendu qu’en 2028, ce ratio atteigne les 67,71 %».
Émission d’obligations
Une option adoptée par le gouverne- ment pour emprunter de l’argent sur le marché financier consiste à émettre des obligations où il y a une reconnaissance de dette envers un tiers. Selon les données du dernier rapport Quarterly Debt Budgetary Central Government de Statistics Maurice, les obligations (securities) sont les instruments financiers préférés du gouvernement avec une émission de titres. Le montant total des obligations émises est de Rs 319 Mds. Le recours aux droits de tirage spéciaux, des titres de créance émis par le FMI arrive en deuxième position sur la liste des sources d’endettement du gouvernement avec un montant de Rs 14,4 Mds. Puis viennent les emprunts, dont le montant total s’élève à Rs 71,2 Mds. Parmi les bailleurs de fonds du gouvernement, figure la Banque de Maurice (BoM) qui lui a cédé une somme de Rs 15 Mds.
L’agent du gouvernement dans une opération d’émission de titres n’est autre que la Banque de Maurice. Son site regorge d’informations sur toutes les initiatives prises sur ce plan. La dernière opération a eu lieu le 17 juillet. Il s’agissait de la publication des résultats d’un exercice de vente aux enchères des obligations d’État pour récupérer Rs 2,3 Mds. Le taux de retour sur ces obligations est de 4,40 % et elles arriveront à maturité dans 15 ans, soit le 19 juillet 2038. Réussite totale de l’opération. Quatorze offres ont été reçues qui représentent un montant total de Rs 6,3 Md. Seules quatre offres ont été acceptées. Qu’à cela ne tienne, les emprunts ne sont pas les seules sources de financement de l’État. Le gouvernement puise des ressources dont il dispose de sa trésorerie, le Consolidated Fund qui contient ses fonds propres ou encore des fonds spéciaux mis en place dans le cadre des dispositions de la Finance and Audit Act.
L’édition 2023 du Public Sector Investment Programme permet de prendre connaissance de tous les projets de développement dans lequel le gouvernement voudrait s’engager pour les exercices de 2023 à 2026. L’argent destiné au financement de ces projets provient principalement du Consolidated Fund et, dans une moindre mesure, des fonds suivants – Projects Development Fund, National Flood Management Programme, l’Economic Recovery Programme, le National Environment and Climate Change Fund, le National Resilience Fund et le Lotto Fund. La réalisation de ces projets est assurée par les ministères, départements et corps paraétatiques, les autorités locales, la Rodrigues Regional Assembly et les entreprises appartenant à l’État et disposant de leur propre source de financement.
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