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Éclairage et analyse: quel programme gouvernemental ?
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Éclairage et analyse: quel programme gouvernemental ?
Les prochaines élections générales sont à l’agenda même si la date demeure inconnue. Elles peuvent avoir lieu au plus tard en avril 2025. Sur l’échiquier, les forces qui vont participer à ces élections se précisent. Trois blocs d’alliance vont s’affronter, avec les principaux postes et le front bench déjà finalisés. On discute maintenant des programmes gouvernementaux.
Les élections générales vont se dérouler sur fond d’un télescopage de crises inédites (constitutionnelle, institutionnelle, systémique, sociétale). Par conséquent, c’est bien plus qu’un programme gouvernemental dont le pays a besoin pour se construire un avenir. Le moment de l’histoire que nous vivons exige un changement de modèle de développement s’inscrivant dans un projet de société. Et cela doit se décliner sur le court, moyen et long termes.
Concrètement, il s’agit de mesures et initiatives répondant aux besoins immédiats, des axes/choix pour le moyen terme en ligne avec les orientations stratégiques. Le tout dicté par les défis – vert, humain et moderne – et axés sur la valorisation des richesses humaines à travers une politique audacieuse dans le domaine de l’éducation et de la formation.
- Les propositions des acteurs
Valeur du jour, les protagonistes pour les prochaines législatives sont l’Alliance Morisien, l’alliance PTr-MMMPMSD, le LPM-RM avec la possibilité d’un élargissement incluant le Reform Party et En Avant Moris
Par rapport au programme/ projet, l’Alliance Morisien prône la continuité, soit un projet mortifère. L’alliance PTr-MMM-PMSD va finaliser son programme après des rencontres d’une équipe élargie composée des membres des trois partis pour arriver à une fusion des propositions provenant des trois composantes. Le LPM-RM est pour un changement de système et a déjà fait des propositions pour aller dans ce sens, notamment sur la politique. Le Reform Party a publié 80 mesures comme programme pour amener le changement. Rezistans ek Alternativ, à travers sa plateforme Nouvo Moris, fait régulièrement des propositions pour changer le système politique et le modèle de développement.
À ce stade, c’est le volet sociopolitique qui est privilégié dans les programmes proposés, et moins le modèle de développement économique et les piliers du modèle – anciens, émergents et nouveaux.
La campagne électorale pour les prochaines législatives a lieu sur fond de défiance envers la politique et les partis politiques, notamment les partis traditionnels, mais pas seulement. C’est sur ce fond que se pose avec gravité toute la question de la crédibilité du leader des alliances, des équipes et de l’offreprogramme proposés. Soulignons la surenchère démagogique qui a déjà commencé avec des promesses touchant certains segments – les personnes âgées et les jeunes. L’équipe qui va gagner pour diriger le pays sera celle dont l’offre politique aura les faveurs d’une majorité des électeurs. Et cela nous amène à la demande de la population ou plus précisément aux demandes des segments de la population/électorat.
- La demande de l’électorat, et de la population et ses segments
Que demande la population ? D’abord, la population n’est pas une entité homogène ; elle est traversée par des clivages horizontaux et verticaux, en termes de classes sociales, de groupes sociaux, de communautés et sous communautés, et de castes sur fond de repli identitaire. Ces contradictions avec des interactions sont dynamiques. Proposer une offre politique qui soit crédible et performante constitue un véritable déf
Dans l’exercice d’élaboration d’un programme-projet il y a les fondamentaux incontournables à identifier et à intégrer, à savoir comment sauver-reconstruire le pays et assurer sa place dans le monde en préservant sa souveraineté et sa sécurité contre les menaces divers ; développer un écosystème socio-politique pour assurer le vivre ensemble reposant sur la citoyenneté concrète avec pour moteur la lutte contre les criantes inégalités et les discriminations de tous genres, l’avenir de la jeunesse.
Les problématiques sont compliquées, complexes et délicates. L’expertise est nécessaire pour les comprendre, les apprécier et arriver à les traduire en mesures et initiatives concrètes de manière cohérentes et performantes. L’art de gouverner exige plus que jamais la maîtrise de la complexité. Fini le temps de l’à-peu-près et du bat baté.
- Crédibilité et mobilisation
Nous avons, de 2017 à 2022, analysé 22 problématiques contemporaines du pays en prenant le pari de la prospective dans le cadre de l’initiative citoyenne Projet de société, lancée le 1er mai 2017. En cinq ans, il y a eu une somme d’analyses, de réflexions, de forums–débats, avec la participation de près d’une centaine de citoyens et de citoyennes concernées, diverses initiatives au niveau national et local. Tout ce processus nous a permis de prendre la mesure de la complexité d’un projet de changement global – ses potentiels, ses failles, de même que les sérieux manquements chez nos élites dans les différents sphères de la société, le manque de prise de conscience, les sources et mécanismes de blocages et de résistances dans les différents domaines pour avancer.
Les alliances et partis sur l’échiquier doivent convaincre de la nécessité et du bienfondé du projet global qu’ils proposent. Cela requiert une communication/pédagogie appropriée en exploitant intelligemment les possibilités qu’offrent les nouvelles technologies de communication, notamment sur la toile à travers les plateformes numériques.
Piloter le changement ne peut être fait par la contrainte. C’est le libre arbitre qui doit agir comme moteur de la mobilisation. Il ne s’agit pas de vaincre, mais de convaincre en pratiquant une écoute active comme élément essentiel de la communication pour nourrir la raison communicative afin de réussir la mobilisation du plus grand nombre. Il va de soi que la solidarité est essentielle, voire vitale.
Critiquer est une chose ; gouverner en est une autre. On ne s’improvise pas parti du gouvernement, surtout dans la présente conjoncture.
- Conduire le changement
Conduire le changement exige de l’humilité. Gagner le pouvoir est chose facile ; mais gouverner le pays dans l’intérêt général et redonner l’espoir aux citoyens mauriciens dans l’avenir sera une tâche ardue. Car il faudra compter sur une population exigeante veillant à l’exemplarité des gouvernants. Oui, il ne s’agit pas de donner un blanc-seing aux nouveaux gouvernants.
Avoir l’ambition de diriger comme Premier ministre le pays est légitime pour tout citoyen et toute citoyenne. Toutefois, c’est une grande responsabilité qui exige de nombreuses qualités personnelles et de leadership. Il s’agit de la vie et de l’avenir de plus de 1,3 millions de personnes.
Ce n’est ni un jeu ni enn badinaz, encore moins une affaire d’égo surdimensionné frôlant la pathologie qu’on voit chez certains des aspirants Premier ministres. Les citoyens qui iront voter aux prochaines élections sauront mesurer la portée de leur vote, un acte sérieux. Car c’est l’avenir et le devenir de la population et de notre société qui sont en jeu. Il serait dramatique que PKJ et l’Alliance Morisien soient reconduits au pouvoir avec un troisième mandat. Ceux qui contribueront directement ou indirectement auront à en répondre devant l’histoire.
Notre contribution pour la campagne électorale pour ce qui du programme gouvernemental prendra la forme d’un document en six volets qui constitueront l’ossature d’un «Manifeste du futur : Pour une République mauricienne verte et à visage humain». La publication d’un volet, chaque quinzaine à partir du mois d’août, nous mènera à fin septembre/ mi-octobre 2023.
Revitalisons le débat démocratique !
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