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L’émission de titres de créance durables à l’agenda de Maurice

28 juillet 2023, 21:15

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L’émission de titres de créance durables à l’agenda de Maurice

En prenant une telle orientation, Maurice crée les conditions requises pour se positionner sur la liste des juridictions pour lesquelles le recours à un modèle de développement qui ne compromet pas l’avenir de l’humanité de demain est une priorité.

Une garantie donnée, mercredi, par Renganaden Padayachy, ministre des Finances. Il intervenait dans le cadre d’un atelier de travail de deux jours organisé par le Regional Centre of Excellence qui, depuis sa création le 15 mars 2019, avec le soutien de l’Organisation de coopérations de développement économiques (OCDE), s’est fixé comme principal objectifd’élaborer des programmes de renforcement de capacités à l’intention des organismes régulateurs des pays d’Afrique australe et d’Afrique orientale. «Nous aurons incessamment une séance de travail avec les grandes enseignes du secteur bancaire international en vue de la sélection de la meilleure proposition en termes d’endettement durable et qui offre les meilleures opportunités pour Maurice», a expliqué le ministre.

Fort de l’appui d’une banque prêteuse, Maurice pourra alors procéder à l’émission des obligations durables. «L’émission de ces obligations», a poursuivi le ministre, «est une démarche déterminante pour notre pays. Ce sera la parfaite illustration de notre volonté pour la mise en place de projets susceptibles de potentiellement contribuer à faire reculer l’impact de ces éléments responsables du phénomène qu’est le changement climatique et la manifestation de notre volonté pour nous orienter dans cette direction. Il s’agit d’une initiative qui sera extrêmement bénéfique au centre financier mauricien, qui est le seul centre financier de la région. Il est important que nous nous engagions dans un modèle de développement de cette naturepour continuer à améliorer la situation du secteur mauricien des services financiers et nos perspectives de croissance, tant dans ce secteur qu’au niveau de l’économie en général.»

Rares sont les occasions où, dans le cadre d’une même activité, sont présents côte à côte, le gouverneur de la Banque centrale et ses deux vice-gouverneurs, le ministre des Finances et celui des Services financiers. Le conservateur qui surveille au grain les entrées tout comme les sorties d’argent du portefeuille de l’État et les gardiens des intérêts, tant des secteurs bancaires que non-bancaires du pays. La raison est que cet atelier a abordé deux sujets qui sont d’actualité, surtout pour les pays dont le financement de leur projet de développement repose sur des emprunts. Il s’agit de la nécessité de s’assurer d’abord que la gestion des dettes souveraines est effectuée en toute vigilance et dans la transparence. Ensuite, il y a la nécessité que la recherche de financement sur le marché financier tient compte de l’importance d’orienter une partie ou la totalité de cesprêts à la réalisation de projets qui sont conçus selon les exigences d’un modèle de développement qui ne compromet en rien les lendemains de l’homme, de l’environnement et de la nature.

Selon Harvesh Seegolam, gouverneur de la Banque de Maurice, le marché d’obligations durables se développe rapidement. Ces instruments financiers sont de véritables éléments catalyseurs, capables de mobiliser des fonds pour la mise en place de projets qui tiennent de l’importance qu’il faut accorder aux défis relatifs à l’environnement, au social et à la gouvernance. Le montant que le marché d’obligations durables a mobilisé va vite atteindre les quelque $ 5 milliards, depuis que le plafond de $ 3,4 milliards a été atteint en 2021.

Pour Mahen Seeruttun, ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance,, Maurice doit nourrir l’ambition de devenir une référence en matière de financement durable pour le continent africain. «Mon ministère», a-t-il souligné, «est en passe de produire un cadre pour faciliter les pratiques qui favorisent un modèle de développement respectueux de l’environnement, du social et de la gouvernance, d’une part, et, d’autre part, des directives pour gérer les risques associés. J’ai le plaisir d’annoncer que la Banque africaine de développement nous a fait un don pour nous aider dans notre tentative de doter le pays d’un cadre pour la mise en place de mesures qui devront contribuer à faire respecter les obligations par rapport à l’environnement, au social et à la gouvernance.»

Pour Mardayah Kona Yerukunondu, premier vice-gouverneur de la Banque et ex-président de la Financial Services Commission (FSC) – organisme régulateur du secteur des services financiers –, le pays n’est pas resté insensible au développement grandissant du financement durable. Il a cité plusieurs initiatives qui ont été prises pour permettre au pays de rejoindre cette mouvance. Il s’agit, entre autres, de l’élaboration, avec le ministère des Finances, d’un cadre pour permettre aux opérateurs de mieux remplir leurs responsabilités face aux obligations de l’environnement, du social et de la gouvernance, et de la publication, en juin 2021 par la Banque de Maurice, du «Guide for the Issue of Sustainable Bonds in Mauritius» pour l’émission d’obligations relatives à l’environnement, à la mer, au social, au climat et en rapport avec un modèle de développement durable. «En décembre2021, la FSC a publié les directives pour l’émission d’obligations vertes et celles en provenance des sociétés. En janvier 2022, une entité financière non bancaire est devenue la première société mauricienne à émettre des obligations vertes et se propose de recueillir, d’ici cinq ans, quelque Rs 3 milliards. En février de cette année, la même organisation a annoncé la création d’un programme de bons étalé sur le moyen terme pour recueillir quelque Rs 9 milliards.»

Il a également été question de l’endettement lors de cet atelier de travail. Sur ce plan, Renganaden Padayachy a rassuré en déclarant que si le pays emprunte pour assurer la réalisation de nombreux projets, il a la réputation d’être un bon payeur. Une réputation qui a pour résultat que Maurice n’aura aucun mal à attirer les bailleurs de fonds qui offrent les meilleures opportunités pour le pays. La tendance de l’endettement, a-t-il indiqué, est une tendance à la baisse. Cela, même si Maurice peut pousser son ancrage budgétaire jusqu’à 100 % de son Produit intérieur brut. «La gestion des dettes souveraines», a indiqué pour sa part le gouverneur de la Banque de Maurice, «requiert le recours à une politique de gestion saine, couplée à la discipline de la part de plusieurs secteurs, notamment le secteur fiscal et monétaire.» Mahen Seeruttun a, lui, expliqué que l’expérience a démontré que la gestion des dettes souveraines dans la transparence présente de nombreux avantages.

«Les gouvernements qui gèrent de façon responsable leur dette souveraine et honorent leur obligation de remboursement à temps», a avancé Mardayah Kona Yerukunondu, «s’attirent la confiance des investisseurs.C’est une posture qui contribueà réduire les coûts du service de la dette et encourage l’arrivée des investisseurs tant de l’intérieur que de l’extérieur du territoire.»