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Exportation de macaques et polémique: zoom sur le monkey business

30 juillet 2023, 18:00

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Exportation de macaques et polémique: zoom sur le monkey business

Plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) réagissent. Elles ont tenu une première manifestation dans les rues de la capitale hier pour demander «l’arrêt du massacre» des singes à Maurice (voir hors-texte). Une actualité qui a fait couler beaucoup d’encre cette année encore, avec l’épisode de la ferme clandestine de Shafeeck Jhummun, à Jin Fei, où 440 singes avaient été retrouvés dans un état pitoyable, en mars dernier. Le reportage diffusé sur France 2 sur le sort de ces singes en juin a aussi ravivé la flamme de ceux qui militent pour la cause animale.

Cette semaine, une énième polémique s’est ajoutée à la liste : celle d’une cage qui a été découverte dans les parages de Grand-Bassin. Celle-ci aurait été placée, explique l’activiste Rada Chamroo, dans le but de capturer des singes – plusieurs par jour – qui seront ensuite envoyés dans les fermes à des fins d’exportation. Il a attiré l’attention sur cette pratique à travers les réseaux sociaux et indique que la police lui a demandé de porter plainte en ce sens pour qu’une enquête soit initiée. Mais étant pris par la préparation de la manifestation d’hier, il n’a pu le faire et envisage de se rendre à la police lundi.

«Cette cage n’est pas la seule mise en place pour capturer des singes. Plusieurs personnes nous ont avertis, elles disent en avoir vu d’autres dans la nature lors des randonnées, comme à Plaine-Champagne ou encore dans les gorges de la Rivière-Noire. Celle de Grand-Bassin est à seulement 10 mètres de la route. Nous ne savons pas s’il y en a d’autres un peu plus à l’intérieur de la forêt dans cette région», explique l’activiste. Il ajoute que Port-Louis n’est pas épargnée par ces captures massives. «Nous avons également des informations sur le site Dauguet, par exemple, ou encore à Vallée-Pitot, et nous comptons nous y rendre très prochainement pour effectuer un constat.» Notre interlocuteur souligne également que d’autres problèmes surgissent avec l’aménagement de ces cages, comme le fait qu’il faut abattre des arbres sur les lieux.

De nombreux autres militants de la cause animale avancent que ces cages, qui ne ressemblent en rien à des cages artisanales, ont été placées par nul autre que les fermes elles-mêmes, avec l’autorisation du ministère de l’Agro-industrie. Nous avons sollicité l’une d’entre elles et le responsable a bien voulu nous éclairer sur le sujet mais sous le couvert de l’anonymat. «Ces cages n’appartiennent pas à ma société, mais il n’est pas à écarter qu’elles viennent d’une autre ferme, car je sais personnellement que des planteurs de cette région font souvent appel à nous eux-mêmes pour des captures. Ces singes, qui sont en surnombre, sont devenus des nuisances pour eux et ravagent leurs champs. Il faut quand même arrêter de tout mettre sur le dos des centres d’élevage.» De son côté, Reda Chamroo dit avoir noté qu’il n’y a pas beaucoup de singes aux alentours de Grand-Bassin depuis quelque temps.

De plus, explique notre source, les singes capturés dans la nature ne peuvent, faute d’autorisation, être exportés vers des pays étrangers. «Ils sont envoyés dans les élevages et, après pas mal de temps passé en captivité, ils ont des petits et ce sont ces petits qui sont envoyés à l’étranger pour être utilisés dans la recherche scientifique.» Cette personne ne comprend pas cet acharnement sur cette industrie qui a créé des milliers d’emplois à Maurice. «C’est vrai que cela rapporte beaucoup, mais il faut aussi un très gros investissement pour pouvoir offrir aux singes une vie digne. Certains singes sont en captivité dans les fermes pendant une quinzaine d’années et ont tout pour leur procurer un certain confort : jouets, nourriture de premier grade et les soins adaptés par des vétérinaires mandatés.» Elle estime qu’il est vrai que le sort de ces singes dans les laboratoires, pendant et après les expérimentations, en tant que cobayes, peut susciter de l’indignation de la part de certains. «Mais c’est un mal pour un bien. Cela aide à trouver des solutions dans l’optique de sauver la vie des personnes malades. Ces singes de Mauriciens contribuent à la recherche, notamment contre le Covid-19, le diabète et plusieurs autres maladies.» D’ajouter: «Il faut arrêter l’hypocrisie autour de cette pratique.»

Braconniers à l’œuvre...

Le braconnage des singes n’est également pas une chose nouvelle à Maurice. Depuis quelques années, plusieurs individus s’adonnent à la capture de singes illégalement à l’aide de cages artisanales qui sont placées ici et là. Selon les informations qui nous sont parvenues, un singe peut se vendre entre Rs 5 000 et Rs 10 000. À qui les vendent-ils ? Selon les militants de la cause animale, à des fermes qui procéderaient ensuite à l’élevage. Dans le cas de Shafeeck Jhummun, par exemple, des singes auraient été capturés à Le Val et ils devaient ‘produire’ des petits qui seraient par la suite exportés. Mais il y a également une petite poignée de personnes qui les «utiliseraient» comme animaux de compagnie, ce qui n’est pas interdit par la loi. «Un individu peut avoir un seul singe comme animal de compagnie, mais cela doit être fait dans de bonnes conditions. L’animal ne doit pas être enchaîné, par exemple», explique-t-on. Si une personne possède plus d’un singe, cela est considéré comme un élevage et la personne doit s’inscrire auprès du National Parks and Conservation Service. Sinon, c’est un délit.
 

En chiffres

<p>Tous les ans, Maurice exporte de 4 000 à 10 000 singes pour des recettes d&rsquo;environ Rs 2 milliards, vers des laboratoires de recherche aux États-Unis principalement, selon <em>Statistics Mauritius.</em> Les macaques à queue de cochon, les macaques à longue queue et les macaques crabiers sont les plus privilégiés. Avec l&rsquo;avènement du Covid-19 et dans la course au vaccin, la demande de ces primates s&rsquo;est accentuée sur le marché. Selon certaines sources bien renseignées, le nombre de singes exportés de Maurice pourrait augmenter dans les années à venir.</p>