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J’accuse*… PKJ

1 août 2023, 14:46

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J’accuse*… PKJ

Déclinons d’abord nos intérêts. Je suis un citoyen mauricien concerné et engagé qui apporte sa contribution pour une République démocratique, juste, axée sur les valeurs citoyennes, afin de cimenter le vivre ensemble. Au-delà du droit de vote, la Constitution me garantit, comme à tous les citoyens, des droits fondamentaux et des libertés fondamentales – liberté d’expression, liberté d’opinion et liberté de critique. D’où mon locus standi pour ce dossier à charge. 

Dossier à charge – responsable et coupable 
Un dossier à charge «désigne les éléments tendant à prouver la culpabilité d’un accusé ou d’une personne soupçonnée d’un délit ou d’un crime». Ce ne sont pas des témoins à charge qui manquent dans les charges du présent dossier qui suit. 

Le dossier à charge contre la gouvernance de PKJ, PM et ministre de l’Intérieur, est accablant. Il comporte plusieurs chefs d’accusation portant sur des délits – «crimes». Certains touchent la population dans sa chair, d’autres saccagent l’image de marque du pays à l’international, et il y a aussi ceux qui hypothèquent dangereusement l’avenir du pays et des jeunes générations. 

Pour tous ces crimes, il y a des acteurs responsables, voire des coupables. Ils doivent répondre de leurs actes devant les instances appropriées. Pas question de «get away with murder». Toutefois, tout doit être fait dans le strict respect de l’écosystème juridique axé sur la Constitution du pays. 

Le premier sur le banc des accusés est Pravind Kumar Jugnauth (PKJ). Premier ministre et ministre de l’Intérieur responsable de la sécurité des citoyens, il a pour mission de gouverner dans l’intérêt général de la population. Depuis novembre 2022, nous disons que PKJ est un homme dangereux et sa dangerosité n’a fait que croître depuis. L’origine de la dérive autocratique remonte à 2020 avec le «seul contre tous» dans la lutte contre la pandémie de Covid-19. 

Dans la foulée de la parution en cour de Yogida Sawmynaden, on commence à entendre une musique chez une partie de l’opinion que personne n’est au-dessus de la loi. Si l’Alliance Morisien perd les prochaines élections, il faut que ses responsables et acolytes paient pour les «crimes» commis s’ils sont trouvés coupables. Certains vont jusqu’à dire qu’il faut réserver des cellules à la prison de Melrose, avec leurs noms écrits sur la porte !

Responsables et coupables

Les chefs d’accusation du dossier à charge sont :

1. Une faillite totale dans le combat contre les trafiquants de drogue et la drogue. La mafia et les barons de la drogue ont infiltré les institutions responsables de la lutte contre la drogue. Depuis bientôt un an, une partie de l’ADSU et la SST sont sur les bancs des accusés sur leurs liens organiques avec certains barons de la drogue. 

2. L’absence d’une politique ambitieuse pour donner confiance à la jeunesse dans l’avenir du pays et les inciter à rester au pays. L’Alliance avec PKJ à la tête n’est pas capable de trouver un anti- dote à l’inquiétant exode des cerveaux (brain drain) et de la main-d’œuvre qualifiée. 

3. PKJ porte l’entière responsabilité d’être à la source d’un climat de défiance et de méfiance qui n’a pas arrêté de se généraliser pour nourrir une profonde crise de confiance et d’espérance au sein de toutes les couches de la population. 

4. Le gouvernement respire, voire incarne, la corruption dans ses diverses déclinaisons au point qu’elle est devenue un important pilier de l’économie nationale. La liste est trop longue, avec comme un des temps forts le bal des vautours lors de la pandémie de Covid-19 – achats de médicaments, de respirateurs artificiels, etc. Le PM présidait le High Powered Committee dont il n’y avait pas de minutes

5. Une gestion économique catastrophique marquée par une absence totale du sens des priorités, donnant lieu à des projets éléphants blancs, comme à Côte-d’Or, le gaspillage et la dilapidation des fonds publics et un endettement massif de l’État. 

6. Un hold-up de la Banque de Maurice convertie en ATM du ministère des Finances avec pour conséquence la dévaluation de la roupie vis-à-vis des devises étrangères, source d’une inflation qui ronge le pouvoir des ménages. 

7. La destruction du patrimoine historique qu’est le Mauritius Turf Club, institution de plus de 220 ans incapable d’opérer en raison d’une politique visant à le détruire au profit d’un bailleur de fonds mafieux. 

8. La gestion catastrophique du naufrage du Wakashio avec un temps de réaction de dix jours, causant la marée noire, et un drame écologique et humain sur la côte sud-est du pays. Il reste encore d’importantes zones d’ombre entourant ce naufrage – la drogue, défaillance du système de surveillance, le coulage dans la précipitation de la carcasse du navire. 

9. L’éducation est la clef du changement et nécessite une vision stratégique pour en finir avec un système dépassé et pour libérer tout le potentiel chez les enfants. La faillite est symbolisée par l’extended programme qui constitue un véritable crime contre une partie des enfants, les plus vulnérables. 

10. L’opacité totale sur les opérations et les décisions des institutions stratégiques, comme la Banque de Maurice, Air Mauritius, Mauritius Telecom, MIC, la SBM. Des centaines de milliards de roupies sont en jeu. 

11. Il y a un nouveau Festival de la terre. Octroi des terrains de l’État à des bénéficiaires qui sont les membres de la nouvelle oligarchie mafieuse et économique. Les terrains se situent tant dans les régions côtières et à l’intérieur (Ébène, ranch à Grand-Bassin). 

12. L’atteinte à la souveraineté nationale et à l’intégrité territoriale avec le «sniffing gate», la base militaire indienne à Agaléga et le rôle de l’Inde, la gestion du dossier des Chagos où PKJ refuse d’en faire un combat national en y associant les partis d’opposition. 

13. La manipulation/instrumentalisation des institutions stratégiques que sont l’ICAC et la MBC. La MBC, instrument de propagande, viole quotidiennement la MBC Act. Il n’est pas nécessaire d’insister sur le rôle de l’ICAC comme une «cover up machine». 

14. L’affaire Kistnen. PKJ avait innocenté Y. Sawmynaden, son ministre et colistier, et la police avait conclu, dans un premier temps, à un suicide. Finalement, cela s’est avéré être un assassinat politique. PKJ a trouvé bancale l’enquête judiciaire de la magistrate Mungroo-Jugurnath. Visiblement, l’affaire Kistnen concentre les méthodes et pratiques mafieuses. 

15. Alors que le pays a besoin de ses compétences pour relever les défis dans différents domaines, PKJ privilégie la loyauté avec la nomination des membres de son clan – partisans et proches. C’est le règne du népotisme, entraînant le culte de la médiocrité. Il prive ainsi le pays de ses richesses intellectuelles. 

16. Une politique de santé qui n’a tiré aucun enseignement des dysfonctionnements du système de santé publique qu’a révélés la pandémie de Covid-19. Pire, le secteur de santé publique se dégrade au profit du secteur privé. Manque de personnel – personnel soignant et médecins, infrastructures vétustes, pénurie chronique de médicaments. 

17. Une politique étrangère inféodée à l’Inde de N. Modi – contraire à la nécessité d’un équilibre dans le cadre d’un positionnement de l’océan Indien zone de paix. 

18. La vulnérabilité du pays face au dérèglement climatique avec les inondations et l’érosion des plages qui exige une rupture de notre politique d’aménagement du territoire et du littoral. Or, le gouvernement persiste et signe avec le parti pris du bétonnage tous azimuts. 

19. PKJ est résolument engagé dans la voie autocratique. La démocratie parlementaire est bafouée lors de toutes les séances avec la complicité d’un loudspeaker qui est une honte nationale

Il n’arrête pas de menacer et de réprimer les médias, les journalistes, les syndicalistes et les citoyens critiques. Il distille un climat de frayeur et de terreur avec des représailles à l’appui. PKJ est adepte de la Démocratie «illibérale» où ceux qui gagnent les élections ont le droit de tout faire, ignorant l’État de droit et la séparation des pouvoirs. Il nie la légitimité des oppositions. PKJ cautionne ces temps-ci les démarches du commissaire de police contre l’institution qu’est le DPP et ses prérogatives pour administrer la justice.

Conclusion

Déjà, les partis d’opposition – parlementaire et extra-parlementaire – avancent que les responsables des «crimes» commis contre le pays doivent payer. Oui. La justice est un pacte social et nul n’est au-dessus des lois. Il y a une crainte toutefois dans la population, dont les opérateurs économiques, que le pays entre dans une phase de cycle de revanche qui va freiner, voire bloquer, l’opération de sauvetage et de reconstruction vitale pour le pays et la population. D’ici les prochaines élections, il faut s’attendre à ce que PKJ, avec la pathologie de sa stratégie du désespoir, ajoute d’autres charges à son dossier et continue à nous débiter comme argumentaire son fameux «bé dir mwa kot monn foté». Il ne perd rien pour attendre. L’électorat saura lui ouvrir les yeux dans le silence de l’isoloir. Atann to pou gété!

*emprunté du roman d’Émile Zola – J’accuse