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Manière de voir: le port, notre poumon, sans gouvernail
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Manière de voir: le port, notre poumon, sans gouvernail
Beaucoup plus que notre aéroport, notre port est le principal poumon économique. Or, tout laisse penser que ce port n’a pas de gouvernail. Il dépend de la Mauritius Ports Authority (MPA), qui en est le propriétaire et responsable de tous les remorqueurs, une institution capitale pour notre pays. Hélas, il n’y aurait pas de capitaine à bord, ou plutôt, tous les postes alloués l’ont été pour la plupart à des protégés qui n’avaient pas les compétences et les qualifications requises. Sauve qui peut ?
La direction, ou plutôt l’absence de direction, relève d’une situation ubuesque à peine croyable. Voyez le constat ; pas de chairman, pas de directeur général, pas de port master, pas de commandant du port, pas de directeur des ressources humaines, pas de directeur administratif, pas d’ingénieur maritime pour assurer l’entretien des remorqueurs… Vive la bonne gouvernance avec laquelle on nous a tant rebattu les oreilles.
CV = perruque
Ces manquements énormes sont connus par tous ceux qui travaillent à la MPA. Ils ont vu défiler une armada de nominés, qu’il faut bien qualifier de politiques, à ces postes de responsabilité. Ils ont été catapultés là comme récompense (chatwas ?), mais ils ont vite fait de défaillir quand on a mis au jour leur véritable CV. Comme «sévé», c’était plutôt des perruques mal ajustées. La MPA ne serait pas une exception, car on a appris récemment que d’autres nominés bien rémunérés ne possédaient pas les qualifications requises pour le fauteuil qu’ils occupaient. Oust, du vent… allez voir plus loin où on pourra vous caser. Et vogue la galère.
Des négligences poussent comme des champignons. En mars 2012, la MPA prend connaissance que trois naufrages risquent de se produire en raison de la proximité d’un cyclone. Résultat : RAS, rien à signaler. Comment la tour de contrôle a-t-elle réagi face à cet avertissement qui aurait pu être dramatique ? Tout va très bien, Madame la Marquise.
En février 2021, dans un autre cas, celui qui était alors acting port master n’aurait pas su prendre les mesures nécessaires. Responsable de quatre remorqueurs, dont le Sir Gaëtan, son absence de réactivité lui a coûté une suspension. Ne vous réjouissez pas trop vite, car il fut par la suite réintégré avec promotion. Y a-t-il eu enquête ? Quelles en seraient les conclusions ?
Cargo Handling
Le port abrite aussi la Cargo Handling Corporation. La Banque mondiale a fait installer des quais pour conteneurs en pleine mer. En cas de houle, les mouvements du bateau à quai impactent les opérations qui peuvent durer trois, six ou dix heures. Au cas où la houle est forte, le port doit être fermé. Des spécialistes avaient proposé un break waterline qui jouerait le rôle de barrage artificiel pour faire obstacle à la houle. Idée rejetée, donc statu quo.
Les portiques qu’on y trouve n’opèrent pas à plein rendement. Ils pourraient permettre de débarquer beaucoup plus de conteneurs, mais on se heurterait alors à un front syndical fort. Le débarquement des conteneurs se ferait donc au comptegoutte. Il y aurait anguille sous roche. La météo doit être prise en compte, car au-delà d’un certain nombre de conteneurs manipulés par heure par grue, les travailleurs auraient droit à un incentive de 35 %. Ceci explique pourquoi ils ne veulent pas oeuvrer plus sur chaque portique.
Par ailleurs, 20 chariots sont à disposition pour transporter les conteneurs du portique pour être stockés dans le yard. Du matériel supplémentaire a été commandé pour faciliter et activer la tâche, mais ô surprise, il se trouve que ces nouvelles machines ne respectent pas les normes établies dans les appels d’offres. Elles sont maintenant planquées dans un coin puisqu’elles sont inutilisables.
Maersk, le plus gros transporteur de conteneurs au monde, a officiellement protesté auprès de l’administration de la MPA. Il proteste contre les retards dus à cette mauvaise performance et supplie qu’il ne soit plus le dernier à être manipulé. Le retard pris augmente le coût des opérations et bouscule le calendrier de son itinéraire suivant. Cinq de ses bateaux seulement font escale par mois. Si demain Maersk décide de ne plus faire escale à Maurice et de renoncer au transport des conteneurs vitaux pour notre pays, cela représenterait une lourde perte sèche pour Maurice.
N’oublions pas que 90 % de nos importations passent par le port. En outre, cette mauvaise performance profiterait à d’autres compagnies. Pour prendre conscience de l’ampleur de cette mauvaise gestion, comparons avec le principal port malgache, Tamatave, beaucoup plus professionnel. Avec quatre vieilles grues, on manipule 45 conteneurs par heure. C’est un Phillipin qui supervise toute la direction.
Ces problèmes ont été soulevés par la presse et font l’objet de questions au parlement, mais vu la lenteur du déroulement des questions soumises au parlement, ce n’est pas demain que le grand public prendra connaissance des causes réelles de cette absence de gouvernail au sein de notre port. Tamatave va faire bientôt l’acquisition de quatre nouveaux portiques sophistiqués en fin d’année. En réalité, le noeud du problème ne se situe pas là, mais dans la gestion professionnelle du port par des administrateurs compétents et qualifiés.
Qui en fait les frais ? Avec la modernisation du skyline de Port-Louis et des aménagements comme les Caudan et Port-Louis Waterfronts, le port se pare de nouveaux attraits. Mais comment éviter un eye sore omniprésent quand on y voit que plus d’une dizaine de bateaux de pêche (coréens) sont laissés depuis belle lurette dans notre port de pêche. Ça ressemble à un cimetière de bateaux de pêche abandonnés qui, avec le temps, prennent des allures de carcasses de ferraille après un raid d’avions ennemis exposés au regard de tous.
Ils appartiennent bien à des compagnies. Qu’est-ce qu’on attend pour leur demander de s’en débarrasser, d’aller les couler en haute mer ? Les pièces détachées rouillées ne leur serviraient pas à grand-chose. Tout n’est juste bon qu’à jeter à la poubelle avant démolition complète. Quel environnement ?
Tout ce charivari au port risque de coûter cher aux con... sommateurs face à une inflation non tempérée. Ne rêvons pas d’une auto-suffisance alimentaire d’autant que les terres agricoles se réduisent comme peau de chagrin au profit du roi béton.
Nous voilà victimes d’une mauvaise gestion de con... teneurs. Le con... tenu du chariot dans les supermarchés s’amenuise. Vu le prix con... sidérable des légumes (pas pour les grosses), les plus démunis devront se rabattre sur les con... serves, pas toujours de bonne qualité. Même leur santé pourrait en pâtir et on ne peut que com... patir. Nous ne sommes que des spectateurs. Con... tentons-nous de con... stater. Certes, ça et là, les autorités ont distribué quelques centaines de roupies pour essayer de con... tenir le coût de la vie. Au lieu de s’attaquer aux racines du mal, les autorités con... tribuent à arroser le sommet de l’iceberg. Les con... tretemps ne justifient pas une telle con... gestion de notre cher port.
Aret montré zaco fer grimas.
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