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Statistiques sur l’environnement : Nos données vertes sont dans le rouge
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Statistiques sur l’environnement : Nos données vertes sont dans le rouge
Les données environnementales publiées par Statistics Mauritius fin juillet – concernant une étude faite en 2022 – ne montrent aucune amélioration. Au contraire. Sunil Dowarkasing, consultant en environnement, tire la sonnette d’alarme concernant la situation sous plusieurs aspects.
La préservation des forêts est vitale pour la protection de l’écosystème. On apprend toutefois que la superficie forestière totale a diminué de quatre hectares entre 2021 et 2022, passant de 47 006 à 47 002 hectares. Bien que la perte de forêt soit moins rapide par rapport aux statistiques récentes, Maurice continue de perdre son ‘carbon sink’. «La précipitation, la pluviométrie, dépend de la quantité de végétation que nous avons dans le pays.» Quand on sait que le manque d’eau est un problème récurrent chez nous chaque année…
Par ailleurs, Maurice s’est engagé par rapport aux Nationally Determined Contributions lors de la COP 26 en 2021, à réduire les émissions de gaz à effet de serre jusqu’à 40 % d’ici 2030. Les principaux gaz à effet de serre sont le dioxyde de carbone (CO2 ), le méthane (CH4 ) et l’oxyde nitreux (N2 O). «En considérant les discours sur les émissions de carbone, l’engagement à la COP 26 ainsi qu’à l’Accord de Paris, l’engagement de réduire les émissions de carbone d’ici 2023 par rapport à la référence de 1990, les chiffres montrent le contraire. Nous n’avons pas réussi à atteindre les 30 % et maintenant c’est 40 % qu’on vise d’ici 2030», lance notre interlocuteur.
En gros, les émissions totales de gaz à effet de serre étaient de 5 642,2 Gg d’équivalent dioxyde de carbone (CO2 -eq) contre 5 471,8 Gg CO2 -eq en 2021, soit une augmentation de 3,1 %. En 2022, le dioxyde de carbone (CO2 ) représentait 78,1 % (4 406,4 Gg) des émissions totales. Le méthane (CH4 ) contribuait à hauteur de 11,2 % (632,1 Gg CO2-eq), les hydrofluorocarbures (HFC) à hauteur de 7,2 % (405,3 Gg CO2 -eq) et l’oxyde nitreux (N2 O) à hauteur de 3,5 % (198,5 Gg CO2 -eq). Une tendance à la hausse en fait, même si notre contribution aux émissions de gaz à effet de serre est de 0,01 % au niveau mondial, ce qui représente un impact plutôt négligeable par rapport aux gros pollueurs. «Il faut rappeler que le méthane est très toxique, huit fois plus dangereux que le dioxyde de carbone, et il contribue grandement au réchauffement climatique. C’est pourquoi la gestion des déchets est si importante. La décharge de Mare-Chicore est saturée et cela entraînera davantage d’émissions de méthane», fait valoir Sunil Dowarkasing.
Les émissions liées à l’énergie, aux procédés industriels et à l’utilisation des produits, à l’agriculture, à la sylviculture et aux autres utilisations des terres ainsi qu’aux déchets ont augmenté. Le secteur de l’énergie est le plus grand contributeur, représentant 78,3 % (4 419,7 Gg CO2 -eq) des émissions totales, suivi par le secteur des déchets avec 10,8 % (609,2 Gg CO2 -eq), le secteur des procédés industriels et de l’utilisation des produits avec 7,9 % (442,7 Gg CO2 -eq) et le secteur de l’agriculture, 3,0 % (170,6 Gg CO2 -eq). Sunil Dowarkasing souligne que l’utilisation des énergies renouvelables a chuté selon les statistiques récentes. Notre production d’énergie renouvelable était de 23,9 % en 2020, de 21,5 % en 2021 et de 19,2 % en 2022. Si les intentions du gouvernement sont en ligne avec le principe mondial de décarbonisation, les données démontrent le contraire. Les chiffres indiquent que ces énergies renouvelables sont remplacées par les combustibles fossiles. «En 2021, la production d’énergie au charbon était de 41,9 %. Durant la même année, la production de diesel et de fuel oil était de 36,5 % et les énergies renouvelables comptaient pour 21,5 %. En 2022, la production à base de combustibles fossiles a changé. Le charbon est descendu à 31,5 %, mais le diesel a grimpé à 49,2 %. Lorsque la production d’énergie à base de charbon diminue, elle n’est pas remplacée par les énergies renouvelables, mais par le diesel et le fuel oil», observe notre interlocuteur. Parallèlement, la part des énergies solaires diminue en pourcentage, alors qu’elle est une source importante à prendre en compte. En ce qui concerne l’hydroélectricité, c’est une source d’énergie renouvelable sur laquelle nous ne pouvons pas compter, car elle dépend fortement des précipitations, soutient-il.
Pour conclure, tous les indicateurs montrent que nous ne sommes pas sur la voie de la durabilité. Il y a un manque de cohérence entre les déclarations des dirigeants, les rapports et les engagements internationaux, et ce qui se passe sur le terrain. Le consultant en environnement propose donc que les décideurs prennent en compte les obstacles à la réalisation des objectifs fixés. «Prendre une décision est une chose, mais si cette décision n’est pas traduite en politiques stratégiques et n’est pas mise en œuvre par le biais de lois ou d’obligations, elle ne sera pas couronnée de succès. C’est une lacune majeure.»
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