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Des SDF riches de leur amitié
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Des SDF riches de leur amitié
Ils ne passent pas inaperçus. Les habitués du supermarché London Way à Vacoas, qui garent leur voiture sur l’aire de stationnement située à l’angle de la route St.-Paul, ne sont pas indifférents à deux sans-abri qui ont ‘élu domicile’ depuis plus de trois ans sous la varangue d’une ancienne boutique chinoise. Jean Adrien Duval et Robert N, sont deux amis qui, par les circonstances de la vie, se sont retrouvés à la rue. Côte à côte, ils restent solidaires et s’organisent au quotidien pour affronter la dureté de la rue. «Avant, j’étais comme vous…» lancera Jean Adrien Duval.
Il faut savoir que les sans-abri sont de plus en plus nombreux à Vacoas, même si souvent, les passants n’y font plus attention. Certaines bonnes âmes cependant s’intéressent heureusement parfois à leur triste sort, en cette période hivernale, alors qu’il fait un temps à ne pas mettre un chat dehors. Cependant, as de la débrouille, grâce à des matelas, des couettes et des sacs de couchage, Jean Adrien Duval et son ami sont bien équipés pour affronter le froid à Vacoas. Depuis plus de trois ans, ils ont posé leurs affaires sous la varangue de cette boutique dont les propriétaires ne vivent plus à Maurice. «Zot inn donn nou permisyon pou res la…»
Jean Adrien, 73 ans, se souvient du moment précis où sa vie a basculé, l’instant exact où il a compris que tout avait changé. «C’est à cause de conflits familiaux que je me suis retrouvé à la rue. J’ai un fils et je suis grand-père aussi. Mais ma belle-fille se disputait souvent avec mon fils pour que je quitte la maison. Mo ti pé bwar-bwar mo zafer tou lézour ek li pa kontan. Li lager ek mo garson.» Après plusieurs années à supporter les disputes, il a un jour quitté sa maison. «J’ai préféré les laisser tranquilles et vivre ma vie. J’étais comme vous avant. Je travaillais comme gardien dans une entreprise mais très vite je suis devenu invisible pour la société. Mé mo respekté dimounn mwa ek dimounn ousi respekté mwa.» Son ami Robert a connu une situation presque similaire, car lui, il a été mis à la porte par son épouse qui ne voulait plus de lui à cause de sa consommation excessive d’alcool. «Mo péna zanfan ek tou mo fami finn abandonn mwa…»
Les deux ‘larmé’, qui ont connu le cycle de l’exclusion, se soutiennent mutuellement. Ils sont inséparables et s’organisent à deux pour affronter la dureté de la vie. Quand l’un va chercher à manger, l’autre se débrouille pour surveiller leurs affaires. «Il faut être vigilants, car si on quitte nos affaires sans surveillance, quelqu’un d’autre peut venir les prendre. Des personnes nous ont offert bien des choses pour passer cet hiver», dit Robert. Ils ont développé un sentiment d’appartenance à cet endroit où ils vivent depuis des années. «Il n’y a que nous deux. Cet espace est devenu notre chez nous. Nou viv o zour lé zour, gété ziska kot alé. Ki pou fer. Nou la pou nou kamarad mem si fami népli konn nou...»
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