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Licenciement de Yogita Babboo: MK a refusé les conseils du Travail à trois reprises
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Licenciement de Yogita Babboo: MK a refusé les conseils du Travail à trois reprises
Pourquoi la direction d’Air Mauritius (MK) a-t-elle sollicité de multiples avis du ministère du Travail pour ensuite ne pas les mettre en pratique dans l’affaire Yogita Babboo ? Éléments de réponse…
Après la réunion des syndicalistes avec le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, le 31 juillet, il avait été convenu que les inspecteurs du ministère se penchent, entre autres, sur la légalité du limogeage par MK de la présidente de l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA). Presque deux semaines après, Yogita Babboo et Radhakrishna Sadien, président de la State Employees Federation, attendent toujours le rapport. C’est pourquoi ce dernier a adressé une autre lettre le 11 août au ministre Callichurn, pour faire suite à celle signée par Yogita Babboo le 7 août. Cependant, le rapport ne serait toujours pas prêt. Mais ce que nous venons d’apprendre sur la genèse de ce licenciement mérite que l’on s’y attarde.
Pour rappel, Yogita Babboo demandait le 7 août au ministère de conclure si, en la limogeant, MK avait violé les articles 29,30 et 31 de l’Employment Relations Act (ERA), qui stipulent que nul ne peut être puni pour ses activités syndicales. Elle voulait aussi savoir quelles étaient ces informations confidentielles et fausses qu’elle aurait révélées sur Top FM et qui lui ont valu d’être licenciée.
Conseils ignorés
Yogita Babboo s’attendait à ce que le ministère du Travail enquête pour savoir pourquoi la direction de MK a mis sur pied le comité disciplinaire malgré le conseil du ministère «d’agir raisonnablement». Cela, on le savait. Ce que l’on ne savait pas en revanche, c’est qu’un deuxième avis a été recherché auprès du même ministère par un haut cadre de MK après le comité disciplinaire, selon une source en interne chez MK. Le ministère lui aurait recommandé de ne rien entreprendre d’irréversible et lui avait même prédit des manifs et mobilisations nationales et internationales si Yogita Babboo serait licenciée.
Or, deux jours plus tard, elle le sera. Qui a donc décidé de ne pas écouter le conseil du ministère du Travail transmis par ce haut cadre ? D’autres membres de la direction ? Lakwizinn ? Ou les avocats ? Si ce sont ces derniers, on se demande chez MK si ce n’est pas encore une fois pour bénéficier d’honoraires. Commentaires d’un homme de loi : «Ce que détestent le plus les avocats, ce sont les arrangements à l’amiable et surtout qu’il n’y ait pas d’affaire du tout ! Car si Yogita Babboo n’allait pas être limogée, les avocats de MK n’auraient rien perçu.»
On en apprend de plus belles encore. Lorsque Yogita Babboo s’est pointée au comité disciplinaire avec son avocate Me Urmilla Boolell, Senior Counsel, cette dernière n’a pas refusé que sa cliente soit entendue par le comité, mais a présenté une motion le contestant car il violait les articles 29, 30 et 31 de l’ERA.
MK devait alors lui communiquer si elle acceptait ou non cette motion. Or, il n’y a eu aucune réponse de MK mais plutôt l’annonce de licenciement. Cet empressement met notre interlocuteur chez MK en rogne :«Maintenant, l’image de notre compagnie a pris un sale coup, surtout à l’international. Quand je pense que la direction reprochait justement à Yogita Babboo d’avoir écorné l’image de la compagnie !»
Yogita Babboo demandait également au ministère de conclure si MK avait violé la Quarantine Act en interdisant aux non-vaccinés, dont elle-même, de travailler. Notre interlocuteur nous apprend que cela aussi avait été condamné par le ministère du Travail qui ne comprenait pas pourquoi seule MK dérogeait à la loi. «Mais on est passé outre ce conseil.» Pour lui, il n’est pas impossible que cette mesure ait été prise par MK pour mettre Yogita Babboo hors-jeu, en compagnie de 13 autres «innocents». Encore un coup des avocats de MK ? «Peut-être», nous répond notre source. Il est clair que chez MK, on commence à regretter ces décisions concernant la syndicaliste. Et les langues commencent à se délier.
Par ailleurs, il nous revient que le ministère du Travail ne soumettra de rapport ni à Yogita Babboo, ni à quelqu’un d’autre ; le rapport serait conservé et déposé en cour, si besoin. C’est peut-être pour cela que la syndicaliste a accepté de compléter sa déposition au ministère aujourd’hui pour permettre que le dossier soit transmis à l’Employment Relations Tribunal (ERT) le plus vite possible ; celui-ci décidera alors si MK a fauté ou non.
Toutefois, on nous prédit des appels et révisions judiciaires qui pourraient prendre des mois. «Ce sont les juristes qui décident de tout. Et dans leur propre intérêt. C’est le problème quand les institutions sont dirigées par des personnes qui n’écoutent que les avocats, sans réfléchir.»
La «Public Services International» s’en mêle
<p>Cette fédération syndicale internationale a adressé le 8 août une lettre au Premier ministre lui demandant d’intervenir pour faire baisser la tension entre l’AMCCA et MK. Et réintégrer Yogita Babboo. La fédération dit noter un manque général de dialogue social entre employeurs et syndicats à Maurice. La «Public Services International» met en garde que si cette situation n’est pas corrigée, Maurice figurera sur la liste de pays paria. Elle rappelle que de bonnes relations industrielles apportent de meilleurs rendements.</p>
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