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À Grand-Gaube: asphaltage pour les élues
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À Grand-Gaube: asphaltage pour les élues
Les habitants du quartier des Lauriers à Grand-Gaube ne pouvaient plus attendre que le conseil de district de Rivière-du-Rempart se décide à asphalter la route traversant le morcellement. Et cela, malgré de nombreuses requêtes en ce sens. Le chemin est parsemé de nids-de-poule et est très peu carrossable. Ils avaient donc décidé de le faire à leur propre frais. Or, sitôt les travaux commencés en octobre 2022, la police les a interdits, on ne sait trop pourquoi.
Les riverains ont réitéré leur demande d’asphaltage auprès du conseil. Mais en vain. Cependant, il y a une semaine, ils ont eu la surprise de voir enfin venir un contracteur pour faire la route. Mais leur agréable surprise n’a été que de courte durée car ils ont aussitôt appris que les travaux s’arrêteront juste devant la demeure d’une très grande maison luxueuse, appartenant apparemment à une députée du gouvernement. «Pourquoi pas toute la route, d’autant plus que les habitants en avaient fait la demande depuis longtemps ?» se demande un des voisins.
Nous avons voulu poser la question au président du conseil de district de Rivière-du-Rempart, Prembhoodas Ellayah, mais il ne nous a pas répondu. Selon une autre source au conseil, le budget était insuffisant et c’est pourquoi on n’a fait qu’une partie des travaux. Et de nous parler du scandale d’Alphamix qui a mis à sec la trésorerie. Par coïncidence, les travaux s’arrêteront jusqu’à la demeure de la députée !
«Est-ce pour permettre au gouvernement de le faire avec des photos des élus posant fièrement devant les travaux partiels en deux ou trois fois ?»
Contacté, le Parliamentary Private Secretary (PPS), le Dr Anjiv Ramdhany qui a d’ailleurs affiché ces travaux sur sa page Facebook, reconnaît que la route d’environ un kilomètre ne sera asphaltée que sur 200 mètres faute de fonds. Mais le reste le sera fait plus tard. Cependant, il nie que l’asphaltage s’arrêtera devant la demeure de la députée, mais un peu plus loin. Or, les habitants confirment que les travaux s’arrêteront devant le bungalow de la députée. «S’ils ont changé la longueur maintenant, tant mieux. Mais c’est toujours en partie.»
Contactée, la députée nie être la propriétaire de cette maison luxueuse. Mais, en insistant pour connaître la raison de notre appel, elle nous a maladroitement laissé comprendre que c’est bien sa maison. Selon nos renseignements, bien que la demeure soit vide depuis assez longtemps, la députée en serait bien la propriétaire (ou la «gestionnaire» ?) puisqu’elle est connue comme telle par les voisins, et son nom figure même sur la boucle WhatsApp des habitants de cette route. «C’est elle qui fait toujours le nécessaire quand il y a une lampe à changer dans la rue ou des ordures à faire enlever», nous dit un voisin.
Ce qui est étrange, c’est qu’il n’y a pas de panneau indiquant ces travaux, même s’il y en a un dans une rue voisine, la rue Chevreau, où un asphaltage se fait par le même entrepreneur sur une partie seulement également, jusqu’à la demeure d’une conseillère du village ! Les riverains se demandent si l’asphaltage ne se fait pas en puisant du budget de la rue Chevreau où il y a un panneau et que ce ne serait donc pas officiel d’asphalter la rue qui ne porte pas de nom. À cela, le PPS nous explique que ce n’est qu’un oubli du contracteur.
Les riverains ne comprennent pas non plus pourquoi on les avait empêchés de tout asphalter pour ensuite le faire qu’en partie. «Est-ce pour permettre au gouvernement de le faire avec des photos des élus posant fièrement devant les travaux partiels en deux ou trois fois ?»
La mystérieuse, mais peu discrète, maison luxueuse, elle, recherche un client pour la location. Le prix de la mensualité : Rs 130 000 ! En attendant, elle reste vide, sauf quand il y a des fêtes où ne sont invités que des VIP et des VVIP. «L’asphaltage est donc fait que pour ces messieurs et dames invités !», soupire un habitant de la région. De plus, une demande pour l’installation d’un rond-point à une dangereuse intersection est restée lettre morte. «Faudra-t-il qu’il y ait un accident et des morts pour que l’on installe ce rond-point ?» se demande notre interlocuteur.
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