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Éducation préscolaire gratuite: sentiments mitigés quant aux modalités du «Grant-in-Aid Scheme»
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Éducation préscolaire gratuite: sentiments mitigés quant aux modalités du «Grant-in-Aid Scheme»
La gratuité du préscolaire, annoncée par le Premier ministre à l’occasion des 55 ans de l’Indépendance de Maurice, entre en vigueur en janvier 2024. La formule proposée pour rendre effective cette mesure ne fait pas l’unanimlité.
Les modalités relatives au Grant-in-Aid Scheme pour assurer la gratuité du préscolaire ont été dévoilées cette semaine au World Hindi Secretariat par la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, aux responsables de différentes écoles maternelles. Ce projet intervient dans le cadre de la mesure annoncée par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, à l’occasion du 55e anniversaire de l’Indépendance de Maurice, destinée à rendre les écoles pré-primaires gratuites pour tous, à partir de janvier 2024. Cette formule Grant-in-Aid est valable pour une période de trois ans et sera revue par la suite, a souligné Leela Devi Dookun-Luchoomun. Les sentiments des acteurs concernés par cette mesure demeurent plutôt mitigés.
Cette subvention, conçue pour couvrir les coûts liés au fonctionnement des écoles, financera les frais du personnel et les coûts opérationnels. Les frais du personnel comprennent les salaires des managers, des enseignants, des Assistant Teachers et des School Attendants. Leurs salaires seront conformes aux recommandations du PRB. Les enseignants percevront donc un salaire mensuel de Rs 15 000 à Rs 16 785, en fonction de leurs qualifications : Rs 16 785 pour un Teacher Grade 1, Rs 15 890 pour un Teacher Grade 2 et Rs 15 000 pour un Teacher Grade 3.
Le Manager touchera, quant à lui, un salaire mensuel de 35 000 roupies. Les salaires seront versés directement sur les comptes bancaires des membres du personnel. À noter que les managers devront être titulaires d’un Diploma in Early Childhood Management à partir de 2029. Conformément à ce projet, les coûts opérationnels comprendront les dépenses liées au matériel pédagogique, à l’équipement de bureau, aux services publics et aux réparations mineures. Pour les dépenses additionnelles telles que les repas, l’école devra cependant s’arranger avec les parents.
Les établissements qui souhaitent bénéficier de la subvention devront être enregistrés auprès de l’Early Childhood Care and Education Authority (ECCEA), relevant du ministère de l’Education, sous laquelle les opérations liées à ce projet seront supervisées. Les écoles doivent également disposer d’un Manager à plein temps et compter un minimum de 10 élèves âgés de trois ans jusqu’à l’entrée à l’école primaire.
De plus, le personnel de ces établissements préscolaires devra être composé comme suit: un Manager par école, un enseignant pour chaque 25 enfants, un Assistant Teacher pour chaque 50 enfants et un School Attendant pour chaque 50 enfants.
Par ailleurs, la subvention annuelle payable aux établissements dans le cadre de ce projet sera déterminée en fonction du nombre d’élèves inscrits : Rs 240 000 pour les écoles comptant entre 10 et 25 élèves, allant jusqu’à Rs 650 000 pour celles qui comptent 176 élèves et plus. Les écoles qui choisissent de rejoindre le Grant-in-Aid Scheme ont jusqu’au 7 septembre pour soumettre leur formulaire de demande dûment rempli à l’ECCEA. Nous avions tenté d'avoir plus de clarification à propos des modalités de la Grant-in-Aid Scheme auprès de l'ECCEA. À l'heure où nous mettions sous presse, personne n'était disponible pour répondre à nos questions.
Réactions
<p><strong>Mahend Gungapersad, député du PTr</strong></p>
<p><em>«Les modalités sont encore un peu floues et il faudra voir ce qu’il en sera dans la pratique. Reste qu’il s’agit d’une mesure plutôt électoraliste prise sans consulter les responsables d’établissements pour savoir comment la formuler sera appliquée dans l’intérêt de l’enfant. C’est davantage une affaire financière et non un dossier concernant les volets pédagogiques et le curriculum, entre autres. L’investissement aurait pu être utilisé pour améliorer les infrastructures scolaires, apporter un meilleur soutien aux enfants ayant des difficultés d’apprentissage, détecter les problèmes cognitifs de l’enfant et leur donner les ressources appropriées. Nous avons besoin d’une analyse de celle-ci, des besoins réels et des problèmes auxquels les enfants sont confrontés. Cette mesure ne résout pas grand-chose.»</em></p>
<p><strong>Rishi nursimulu, fondateur et Chairman des écoles Dukesbridge</strong></p>
<p><em>«J’apprécie l’esprit du projet, qui sera un grand soulagement pour les petites écoles gérées par leurs propriétaires. Néanmoins, il y a une différence de qualité du travail d’un enseignant qui s’occupe de 12-13 élèves et celui en charge de 25. Après la suppression de la subvention actuellement accordée à chaque enfant, les frais de scolarité dans les écoles privées pourraient augmenter, ce que je trouve triste car certains se retrouveront alors obligés d’envoyer leurs enfants dans les écoles gratuites avec des classes nombreuses. Bien que le scheme n’intéressera pas les grandes écoles bien établies vu que la subvention de fonctionnement de 20 000 à 30 000 roupies par mois ne couvre même pas la moitié du loyer, je trouve rassurant que la ministre a été réaliste en soulignant que le programme n’est pas pour tout le monde. Elle s’est engagée à continuer à soutenir les écoles qui restent payantes pour garantir la diversité à Maurice.»</em></p>
<p><strong>R. M., parent dont l’enfant fréquente une école privée</strong></p>
<p><em>«Malgré le coût qui s’élève à Rs 7 800 par mois, mon enfant est prise en charge de manière holistique, avec un enseignant s’occupant de seulement quatre ou six enfants. Elle a également l’occasion de jouer au tennis à l’école, ce qui ne serait pas possible ailleurs. Pour d’autres, cette mesure apporte un soulagement. Cependant, elle soulève des questions sur la tendance des écoles à recruter davantage d’élèves pour bénéficier d’une subvention plus élevée au détriment de la qualité de l’éducation. Avec 25 élèves dans une classe, celui qui a le meilleur comportement sera favorisé dans un système compétitif. Mon autre enfant, qui fréquente aussi une école privée, est un “slow learner” et a eu l’aide de deux enseignants pour surmonter ses difficultés, ainsi qu’une assistance psychologique disponible lorsque nous avons traversé une période difficile après la perte d’un membre de la famille. Il faut travailler plutôt à améliorer ces aspects dans les écoles publiques.»</em></p>
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