Publicité
Prem Beerbul: «On a peur pour l’avenir de l’île-aux-Cerfs...»
Par
Partager cet article
Prem Beerbul: «On a peur pour l’avenir de l’île-aux-Cerfs...»
L’inquiétude plane quant au futur de ce bout de paradis très, trop prisé… A tel point que les plaisanciers avaient décidé de tenir une manifestation vendredi à ce sujet. Mais ils ont fait marche arrière en attendant d’avoir plus d’informations sur un projet qui devrait y voir le jour. Notre interlocuteur évoque la possibilité d’un accès payant.
Les plaisanciers de l’Est avaient décidé de manifester à Trou-d’Eau-Douce vendredi matin avant de faire machine arrière. Quel est le problème ?
On a eu vent du fait que l’accès à l’île-aux-Cerfs, qui était gratuit pour tous jusqu’à maintenant, pourrait devenir payant. Car un projet «écologique» devait prochainement y voir le jour, à l’initiative d’un groupe hôtelier (NdlR, Sunlife, voir HT). Mais jusqu’ici, nous n’avons pu avoir plus d’informations à ce sujet auprès des responsables. Nous leur avons écrit et nous attendons leur retour pour décider de la marche à suivre. D’ailleurs, c’est une des raisons pour lesquelles nous avons reporté notre manifestation de vendredi. Nous leur donnons une semaine additionnelle pour clarifier la situation.
Deuxièmement, il y a, en ce moment, plus d’une vingtaine de personnes qui travaillent sur l’île, en proposant des «barbecues typiques» aux visiteurs. Nous avons compris que tout cela serait de l’histoire ancienne et que seulement dix personnes auront un coin pour continuer ces activités prochainement. Et qu’elles devront elles aussi s’acquitter de frais additionnels. N’est-ce pas là une façon de faire fuir opérateurs, plaisanciers et clients ?
On a aussi noté que le mouvement à l’île-aux-Cerfs a été restreint avec des ‘cordons de sécurité’ qui ont été placés à certains endroits. Les visiteurs ont un itinéraire presque tracé...
Concrètement, quels seront les répercussions sur les plaisanciers si ledit projet se concrétise ?
Nous sommes 350 plaisanciers – de Belle-Mare à Mahébourg – à dépendre de ce métier pour nourrir nos familles. D’autres commerces dépendent également de nous, comme les vendeurs de poulet, les stations essence ; 90 % des jeunes de Trou-d’Eau-Douce travaillent sur l’île-aux-Cerfs, qu’adviendra-t-il d’eux, de leur avenir ? C’est la vie de tout un village qui sera bouleversé au cas où l’île serait «privatisée», je pèse mes mots... au cas où l’accès deviendrait payant. Cela voudra dire que nous devrons demander aux clients de s’acquitter des frais pour le trajet en bateau, le déjeuner et aussi pour accéder à l’île. Nombreux sont ceux, surtout les Mauriciens, qui refuseront de payer plus cher...
N’y a-t-il pas eu de rencontre pour discuter de la situation avec le groupe hôtelier en question ?
Nous leur avons envoyé des courriels mais n’avions pas eu de retour à vendredi. Mais un haut cadre a indiqué à un de nos membres qu’il est disposé à nous rencontrer prochainement. On ne sait pas quand toutefois. C’est pour cela qu’on est remonté. On veut être fixé. Concernant ceux qui proposent des barbecues typiques sur l’île, les dix personnes concernées ont eu une réunion avec la partie concernée, selon nos informations. A savoir que nous avons demandé à parler également au ministre et député de cette circonscription, Vikram Hurdoyal, mais il n’est pas revenu vers nous. Li pé zwé sové...
Qu’en est-il de l’état de l’île-aux-Cerfs ? Ce coin de paradis est saturé, dit-on depuis plusieurs années. N’est-ce pas finalement une bonne chose d’y restreindre l’accès?
Il y a des dégâts, on ne va pas se voiler la face. Mais cela a un lien avec un autre projet d’un hôtel réputé... Les poissons ont presque disparu, des arbres ont été coupés, les tortues qui venaient pondre leurs œufs et les lézards qui étaient présents ont diminué. Pour préserver le lieu, on demande au public de ne pas le salir, d’en prendre soin. C’est notre gagne-pain, il faut absolument le préserver et nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour ce faire.
Quid de la situation post-Covid ?
On ne va pas se mentir. On pensait que cela allait être difficile de sortir la tête hors de l’eau après le Covid-19 mais la clientèle mauricienne a drastiquement augmenté depuis que les restrictions ont été levées. Mais pas le nombre de touristes haut de gamme qui résident dans les hôtels de renom et qui privilégieront des grands opérateurs. On a remarqué que les Mauriciens optent davantage – plus qu’avant – pour des activités liées à la mer. C’est encourageant.
Sunlife se apporte des précisions
<p>Nous avons sollicité une réaction de Sunlife – qui est à l’origine du projet – et qui est montré du doigt par les plaisanciers. Selon une source officielle, il s’agirait d’un projet de conservation qui est toujours à l’étude. Voici la réponse fournie : «<em>Dans le cadre de son engagement en termes de développement durable et de la préservation de l’environnement, Sunlife s’est lancé cette année un défi ; un projet de conservation ambitieux qui consiste à repenser les activités sur les îles de l’Est, c’est à dire l’île-aux Cerfs et l’îlot Mangénie – dont Sunlife détient les baux – afin de pouvoir régénérer l’espace naturel des deux îlots. Aujourd’hui, cet écosystème de l’Est se retrouve à faire face à un accroissement des dégradations environnementales qui nécessite un effort impératif à reprendre les choses en main. Pour information, bien que le projet soit toujours à un stade embryonnaire, nous avons tout de même eu des consultations très cordiales avec certains représentants des associations des plaisanciers de Trou-d’Eau-Douce dont M. Dan Callar.»</em></p>
Publicité
Les plus récents