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Accord en vue sur la conduite des opérations en Libye

23 mars 2011, 00:00

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Accord en vue sur la conduite des opérations en Libye

La coalition menée par Paris, Londres et Washington assurera le pilotage politique des opérations militaires en Libye, qui seront conduites et planifiées par l''''Otan, a annoncé mercredi la France. (photo : l’Otan se limiterait à un rôle technique dans les opérations en Libye).

Ce compromis entre les pays qui, comme le Royaume-Uni, voulaient déléguer à l''Otan la responsabilité de mener l''opération et la France, qui n''en voulait pas en raison notamment de l''opposition des pays arabes, devrait faire l''objet d''un accord définitif dans les jours qui viennent.

"C''est une initiative conjointe franco-britannique que nous allons prendre et que nous allons soumettre à nos partenaires et si nous l''avons prise, c''est que nous avons déjà eu des contacts qui nous permettent de penser qu''elle sera approuvée", a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé.

De fait, Washington et Paris ont annoncé mardi que les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne s''étaient mis d''accord sur le rôle de l''Otan dans les opérations.

Alain Juppé a expliqué devant la presse parlementaire que les opérations lancées depuis samedi par les forces britanniques, françaises et américaines l''avaient été dans l''urgence pour empêcher les troupes fidèles à Mouammar Kadhafi de prendre possession du fief rebelle de Benghazi.

"Pour mettre en oeuvre cette opération, dans un premier temps (...) nous avons reconnu un rôle de commandement et de leadership aux Américains", a-t-il déclaré.

"Nous allons maintenant passer à une deuxième phase et l''Otan interviendra comme l''outil de planification et de conduite opérationnelle de l''intervention. Ce n''est pas l''Otan qui exercera le pilotage politique de l''opération", a-t-il dit.

Réunion à Londres
Il a annoncé ultérieurement à l''Assemblée nationale la tenue mardi à Londres d''un "groupe de contact composé de l''ensemble des pays participant à l''opération, plus l''Union africaine, plus la Ligue arabe, plus tous les pays européens qui voudront s''y associer, de façon à bien marquer que le pilotage politique de l''opération, ce n''est pas l''Otan, c''est ce groupe de contact".

Les alliés tirent ainsi les conclusions des rapports de force et des exclusives lancées par certains alliés.

Le soutien de la Ligue arabe à une intervention militaire et, plus encore, la participation jugée indispensable des avions de certains de ses pays - ceux du Qatar sont les seuls disponibles pour l''instant - a été très difficile à obtenir.

Or ce soutien est fragile, comme le démontrent les critiques émises lundi par le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, après les premières frappes et les pays arabes ne veulent pas que le drapeau de l''Otan, qui est considéré comme un instrument des Etats-Unis, flotte sur l''opération.

En outre, accorder à l''Alliance atlantique le pilotage politique de cette opération serait s''exposer à la paralysie ou, au moins, à des débats sans fin sur les cibles à attaquer, comme cela s''est passé lors de la guerre du Kosovo en 1999.

Quel sort pour Kadhafi ?
Plusieurs pays membres de l''Otan, comme la Turquie et l''Allemagne, ont en effet fait connaître leurs réticences envers une action militaire en Libye, provoquant un blocage.

Mais en même temps, seule l''Alliance atlantique dispose des outils nécessaires à une opération d''une telle envergure.
Une opération totalement conduite par l''Otan compte traditionnellement deux volets: l''un, politique, est dévolu au Conseil de l''Atlantique Nord composé des ambassadeurs alliés l''autre est confié aux instances militaires de l''alliance.

C''est le premier volet qui serait assuré par la coalition, qui risque malgré tout d''avoir de longs débats si l''opération dure et rencontre des difficultés, notamment en cas de "bavure" qui verrait des civils tués lors d''une frappe.

Le sort à réserver à Mouammar Kadhafi pourrait également diviser les alliés. La résolution des Nations unies autorisant l''intervention militaire n''appelle pas au renversement de son régime alors que la France estime qu''il est "discrédité".
Alain Juppé pense toutefois qu''on n''en arrivera pas là et parie sur l''effondrement du régime.

"Je n''imagine pas que la cohésion des autorités de Tripoli reste longtemps intégrale autour de Kadhafi et son clan rapproché quand on voit ce qui se passe aujourd''hui."

(Source : Reuters)