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Affaire Lagesse : Les détails des preuves scientifiques pas révélés à Bernard Maigrot

23 mai 2011, 00:00

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Affaire Lagesse : Les détails des preuves scientifiques pas révélés à Bernard Maigrot

Les avocats du suspect No. 1 du meurtre de Vanessa Lagesse déplorent que la police n’ait pas révélé la nature des preuves contre leur client. Ils vont débattre une motion de remise en liberté conditionnelle le jeudi 26 mai.

Bernard Maigrot n’en sait pas plus que le simple quidam dans la rue, ce qui lui vaut sa deuxième inculpation pour le meurtre de Vanessa Lagesse. Les détails des preuves scientifiques obtenues contre lui dans le cadre de l’enquête sur la mort violente de sa maîtresse, dans  la nuit du mercredi 9 mars 2001, ne lui ont pas été divulgués lors de son nouvel interrogatoire ce lundi 23 mai. 

Au grand déplaisir d’un de ses avocats, Me Gavin Glover, qui considère que la stratégie de la police est «anticonstitutionnelle». Invité au quartier général du Central CID tôt dans la matinée, son client s’est seulement entendu dire par les limiers dirigés par le tandem Pregarsen Vuddamaly et Hemant Jangi, que des « preuves scientifiques » ont été réunies contre lui, sans plus.

Aucune référence n''''a été faite aux échantillons de son ADN et les tests poussés ont été menés en France pour les comparer avec des pièces à conviction trouvées sur le lieu du crime. Soit dans le bungalow où Vanessa Lagesse, 36 ans, a été trouvée morte le matin du jeudi 10 mars 2001.

Arrêté par l’équipe d’Hurrydeo Raddhoa en avril 2001 et « forcé d’avouer » le crime, Bernard Maigrot s’est vu blanchi par le Directeur des poursuites publiques (DPP), Gérard Angoh, le 2 juin 2008 au vu de la faiblesse du dossier à charge. Mis à part ses « aveux » contestés, rien ne le liait à ce meurtre.

La police mauricienne n’a, toutefois, pas dit son dernier mot. Le Premier ministre, Navin Ramgoolam ayant promis de rechercher l’expertise française pour élucider cette affaire à son retour au pouvoir en juillet 2005, des tests ADN de nouvelle génération ont été commandités en France.

C’est n’est que fin 2009 que la  nouvelle d’une demande d’échantillon ADN faite à Bernard Maigrot par le Commissaire de police, a été ébruitée. Six mois plus tôt, un expert avait fait le déplacement vers le Laboratoire d’hématologie médico-légal, à Bordeaux, avec les pièces à conviction ainsi que les vêtements que portait Vanessa Lagesse la nuit de sa mort.

Il était alors clair que les experts français s’intéressaient plus particulièrement à Bernard Maigrot. Le mardi 8 mars dernier, de nouveaux échantillons ADN ont été transmis en France et l’ancien suspect No. 1 était déjà dans la ligne de mire des enquêteurs.

Cet après-midi du lundi 23 mai, Bernard Maigrot a donc été inculpé de meurtre en cour de Mapou et placé en détention préventive. « Il a été injustement arrêté et inculpé. J’espère que l’affaire DSK (Ndlr : l’affaire Dominique Strauss-Kahn aux Etats-Unis) n’a pas fait tourner des têtes », s''exclamait Gavin Glover devant cette instance peu après 15h00.

Outre cet avocat, Bernard Maigrot a retenu les services de son ancien homme de loi, Me Ivan Collendavelloo, Senior Counsel (SC), et Yves Hein, pour assurer sa défense. Face aux résultats des tests ADN qui ont été versés au dossier à charge, ce n''est pas de sitôt qu’il sera remis en liberté conditionnelle.

La police a objecté à sa libération cet après-midi et ses avocats ont logé une motion réclamant sa remise en liberté. Celle-ci  devra être débattue le jeudi 26 mai. Il est à noter que la police anti-émeutes a été dépêchée devant le siège du Central CID pour escorter le suspect.

Vel Moonien et Bertrand Hrisson