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Affaire Toliara: Plainte contre le ministre de la Sécurité intérieure

30 janvier 2012, 20:00

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Affaire Toliara: Plainte contre le ministre de la Sécurité intérieure

Le Syndicat des magistrats de Madagascar (SMM) fait monter la pression sur l’Exécutif. Ce dernier semble jouer la montre dans le règlement de l’« affaire de Toliara ».

Un nouveau tournant dans l’« affai¬re de Toliara ». Le syndicat des magistrats de Madagascar (SMM) envisage d’engager la responsabilité pénale d’Arsène Rako¬- ton¬drazaka, ministre de la Sécurité intérieure, lors du mouvement de policiers conduisant à la mort d’un magistrat dans la Cité du Soleil.

Selon certaines indiscrétions, l’assemblée générale extraordinaire du SMM a décidé de porter plainte contre le membre du gouvernement hier à Anosy. Andriantojo Razafindrakoto, secrétaire général du syndicat des magistrats, a ensuite confirmé l’information. « Il s’agit d’une plainte contre le ministre de la Sécurité intérieure, pour non-assistance à personne en danger », explique-t-il.

Selon d’autres sources au courant du dossier, la plainte, qui devait être déposée hier, ne l’a pas encore été. Mais le SMM compte incessamment passer à l’acte afin de déclencher la procédure, en vue de l’engagement ou non d’une poursuite judiciaire contre Arsène Rakotondrazaka.

Andriantojo Razafindra¬koto explique le geste par « une démarche progressive vers l’indépendance de la Justice ». « Il faut également accélérer le dossier car ce sont les justiciables qui sont victimes de la situation face à l’atti¬tude de l’Exécutif », souligne-t-il.

Déballage

Jusqu’ici, le SMM revendique l’engagement de la responsabilité politique du ministre de la Sécurité intérieure, après les événements à Toliara le 9 décembre 2011, en réclamant le départ de ce dernier. Un mouvement de policiers s’est terminé par la mort d’un magistrat après la condamnation de l’un des leurs. Les magistrats syndiqués avaient décrété une grève générale sans service minimum, mais l’Exécutif n’avait pas fléchi, ni accédé à l’une de leurs revendications.

Parallèlement à la démarche judiciaire, le SMM tente d’expliquer sa démarche auprès de l’opinion. Dans un communiqué signé par son président, Marius

Arnaud Auguste, il rejette la responsabilité de l’enlisement de la situation à l’Exé¬cutif. Le SMM réitère sa détermination à aller au bout de ses revendications. « Les affaires judiciaires ne reviendront à la normale qu’après le départ du ministre de la Sécurité intérieure et la poursuite des présumés auteurs de l’acte (décès d’un magistrat) sans distinction », promettent les magistrats syndiqués.

Le SMM fait ainsi monter la pression, et ce à une semaine des « états généraux de la justice » qu’il organise. Les magistrats syndiqués avaient promis de jouer le jeu et d’accepter leurs éventuelles parts de responsabilités dans l’état du système judiciaire. En revanche, Marius Auguste Arnaud, président du SMM, n’avait pas écarté l’éventualité d’« ampamoaka » (déballage) si cela s’avérait nécessaire à la quête d’« indépendance de la Justice », en marge de l’assemblée générale du syndicat le 16 janvier.

Interrogé sur la démarche des magistrats syndiqués, Arsène Rakotondrazaka se montre peu loquace mais incisif. « Ils (les magistrats) doivent être les plus forts », lance celui qui refuse de démissionner et qui s’en remet aux têtes de l’Exécutif. Il évite de s’étaler sur ce qu’il compte faire, face à l’annonce du SMM. « Il vous appartient d’analyser si une telle initiative peut régler le problème ou au contraire l’aggraver », affirme le membre du gouvernement, avant d’éviter de se prononcer sur ce qu’il compte faire. « On attend et on verra », conclut-il.

Les procureurs sous les projecteurs

Drôle de situation pour la Justice. Le syndicat des magistrats de Madagascar (SMM), qui décrète pourtant une grève générale sans service minimum, compte saisir la justice dans sa plainte contre Arsène Rakotondrazaka, ministre de la Sécurité intérieure.

Le SMM espère surfer sur les vagues de l’exception faite par Jean-Marie Ramangason et Robertson Ranary Rakotonavalona, respectivement procureur près du tribunal de première instance et procureur général près la Cour d’appel d’Antananarivo. Ces derniers avaient décidé de travailler « au nom de l’intérêt supérieur de la Nation » et « contre la culture de l’impunité », selon le procureur général, la veille de l’audition d’une dizaine de policiers dans le cadre de l’« affaire de Toliara » du 26 décembre 2011.

En cas de dépôt de la plainte, il appartient au juge d’instruction de transmettre le dossier au procureur. Ce dernier aura pour tâche de trancher et déclencher ou non la procédure de poursuite judiciaire.

(Photo: Marius Arnaud Auguste (à g.) n’a pas froid aux yeux dans le bras de fer contre l’État (Photo Claude Rakotobe).

Iloniaina Alain
LexpressMada


 

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