La compagnie d’aviation nationale se retrouve avec un nombre surnuméraire de pilotes. Elle n’est pas en mesure de déterminer quand exactement ces derniers seront promus sur long courrier pour permettre l’embauche d’autres pilotes mauriciens peu expérimentés.

Air Mauritius se trouve malgré elle au centre d’une controverse. La compagnie d’aviation nationale se voit en présence de nombreuses demandes d’embauche de la part de Mauriciens peu expérimentés et détenteurs de licence de pilote. Air Mauritius  n’est pas en mesure d’embaucher à court et à moyen termes. Sa posture est perçue comme étant préjudiciable aux Mauriciens.

« Il n’est pas juste de croire que nous refusons d’embaucher des pilotes mauriciens. A qualifications et compétences égales, nous donnons priorité aux pilotes mauriciens. Une des conditions que le préposé doit remplir, c’est de pouvoir satisfaire toutes les exigences établies de façon structurée et rigoureuse depuis de nombreuses années en matière de recrutement de pilotes », explique le commandant Pramil Banymandhub, Executive vice-president, Flight operations, à Air Mauritius.

« Nous venons de proposer des offres d’emploi à des pilotes mauriciens expérimentés et qui travaillent pour des compagnies aériennes étrangères.  Jusqu’ici, certains ne se sont pas encore manifestés. Je dois avouer que nos concours de recrutement sont extrêmement rigoureux. Cette rigueur s’applique aux apprentis pilotes dont la formation a été financée par nous, de même qu’aux pilotes en poste pour le renouvellement de leur licences tous les six mois », ajoute-t-il.

Le malentendu, souligne Alain Leung Hing Wah, Chief Training Captain, vient du fait que pour beaucoup, l’obtention d’une licence de n’importe quelle école de formation de pilotes constitue une garantie pour être embauché à Air Mauritius. « Le cursus de formation auquel les recrues d’Air Mauritius sont soumises est adapté pour le pilote de ligne et dure entre deux et deux ans et demi alors qu’ailleurs, la période de formation ne dépasserait pas les 18 mois. C’est une formation intense et rigoureuse. »

Le coût du programme de formation par recrue se situe entre les Rs 3 millions à Rs 4 millions. La rigueur du processus de recrutement de pilotes, explique Alain Leung Hing Wah, n’épargne pas la recrue formée à grand frais par la compagnie. S’il échoue à l’épreuve décisive d’évaluation de son aptitude et de sa capacité à exercer comme pilote selon les critères établis à Air Mauritius, il est tout simplement remercié. « Au nom de la sécurité des passagers, aucune forme de risque n’est permise. »

Et Pramil Banymandhub d’ajouter que, dans la plupart des cas, la licence que détiennent la grosse majorité des demandeurs de position de pilotes peu expérimentés leur permet au mieux de piloter de petits avions et n’est pas adapté pour les longs courriers.

En raison de la crise que traverse le secteur de l’aviation commerciale, Pramil Banymandhub conseille aux jeunes qui veulent faire des études de pilote de bien réfléchir avant de les entreprendre. « Nous sommes disposés à leur prodiguer des conseils forts utiles. Les perspectives d’embauche de futurs pilotes à Air Mauritius sont minimes pour le moment. »

En 2009/2010, Air Mauritius avait besoin de seulement une dizaine de pilotes peu expérimentés mais a embauché un nombre supérieur de recrues dans le cadre d’un programme d’expansion. C’était bien avant que le secteur de l’aviation commerciale ne connaisse la crise actuelle. Résultat : Air Mauritius a dû revoir sa copie. Elle a décidé de retenir les pilotes surnuméraires, ralentissant l’embauche d’autres pilotes peu expérimentés.