Publicité

Argentine: Facile réélection de la présidente sortante, Cristina Fernandez

24 octobre 2011, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Argentine: Facile réélection de la présidente sortante, Cristina Fernandez

La présidente sortante Cristina Fernandez a été confortablement réélue dimanche en Argentine, portée par les succès de sa politique économique, son caractère bien trempé et la compassion que lui a attiré la mort de son mari.


Après dépouillement dans 96% des bureaux de vote, la "Reina Cristina" (la reine Christine) arrive en tête du premier tour avec près de 54% des suffrages, soit 36 points d''''avance sur son plus proche rival, le socialiste Hermes Binner.

Aucun dirigeant argentin n''a atteint un tel score depuis Juan Domingo Peron, vainqueur en 1973 avec 62% des suffrages.
Pour être élu dès le premier tour, il faut réunir 45% des voix ou 40% avec une avance d''au moins 10 points.

A 58 ans, la présidente sortante a réussi un spectaculaire renversement de tendance après avoir vu sa cote de popularité dégringoler au début de son premier mandat.

Elle sort renforcée de ce scrutin pour poursuivre sa politique économique interventionniste, qui plaît à une majorité de la population mais mécontente les investisseurs.

Dans la soirée, plusieurs dizaines de milliers de ses partisans se sont rassemblés dans le centre de Buenos Aires pour fêter la victoire de leur championne sous une marée de drapeaux bleus et blancs.

"Si l''un de nous avait dit il y a deux ans qu''une telle chose serait possible, on nous aurait traités de fous", a lancé la présidente réélue, des larmes dans les yeux, à la foule, réunie sur la Plaza de Mayo devant la casa rosada, siège du pouvoir exécutif. "Vous pouvez compter sur moi pour approfondir ce projet destiné à améliorer la vie des 40 millions d''Argentins", a-t-elle ajouté, tandis que ses partisans ont scandé son nom, ainsi que celui de son défunt mari.

"Il y a encore beaucoup de choses à faire, mais tous ceux qui ont vu ce pays avant 2003 peuvent se rendre compte de tous les progrès que nous avons faits", a-t-elle ajouté.

"Ils (les autorités argentines) ont fait des bonnes et des mauvaises choses (...). Mais ce qui est important, c''est que pour la première fois il y a un plan pour (diriger) le pays qui concerne les Argentins de toute classe", juge Malena Juanatey, âgée de 25 ans, qui travaille dans le cinéma et qui a rallié le rassemblement en faveur de la présidente dans le centre de la cité portègne.

Cristina Fernandez a conquis ses concitoyens avec une politique généreuse de redistribution sociale, notamment pour les retraités et en matière de prestations familiales.

S''exprimant brièvement devant les journalistes au moment de son vote dans la province de Santa Cruz, elle a défendu sa politique économique en période de crise mondiale: "Quand on voit ce qui se passe dans le monde, on peut être fier de l''Argentine."

DEUIL

Quelques mois après avoir pris les rênes de la troisième économie d''Amérique latine (derrière le Mexique et le Brésil) en décembre 2007, Cristina Fernandez a dû affronter la colère des agriculteurs, dans un bras de fer concernant la hausse des taxes sur les exportations de soja qui a fait dégringoler sa popularité à 20%.

Beaucoup pensaient alors que les jours du "Kirchnérisme", dernier avatar du péronisme, étaient comptés. D''autant qu''une sévère défaite lors des élections de mi-mandat lui a fait perdre le contrôle du congrès.

A la mort de son époux, en octobre 2010, des rumeurs disaient même Cristina Fernandez sur le point de quitter la vie politique. Nestor Kirchner, son prédécesseur à la Casa Rosada, la résidence de la présidence argentine, était son principal conseiller politique et, pour beaucoup, le vrai leader du pays.

Mais c''était mal connaître le solide tempérament de cette avocate originaire de Patagonie, la province la plus méridionale du pays. La popularité de la "viuda" (la veuve) a rebondi après les funérailles nationales de son mari, qui ont bouleversé le pays.
Cristina Fernandez, qui porte toujours le deuil, impressionne par sa stature et son courage.

INFLATION

Il faut également rechercher les raisons de son soutien populaire élevé du côté de l''économie - la croissance atteindra 8% cette année, le chômage est à son plus bas niveau depuis vingt ans, la confiance des ménages à un plus haut historique - et des divisions de l''opposition.

Cristina Fernandez applique une politique interventionniste - contrôle des prix, quotas agricoles, financement de la dette par une partie des réserves de la banque centrale - qui lui vaut l''animosité des marchés financiers.

Mais cette présence de l''Etat dans la vie économique rassure une partie des Argentins, encore traumatisés par la "banqueroute" du pays dans les années 2001-2002, après des années de libéralisme forcené comme lors de la présidence de Carlos Menem.

Les principales critiques de ses détracteurs visent sa façon de gouverner et la forte inflation, qui atteindrait plus de 25% selon certains économistes. Une chute des cours du soja, "l''or vert" de l''Argentine, ou un ralentissement de la croissance du Brésil pourraient également mettre en péril les fondements du "kirchnérisme".


Reuters