Pour le directeur du Mauritius Research Council (MRC), Arjoon Sudhoo, la science aura un rôle crucial à jouer dans le développement social et économique de Maurice. Pour 2012, il espère que le gouvernement accèdera à sa proposition d’investir dans l’énergie géothermique, projet qui révolutionnera à jamais la vie des Mauriciens.

Le Mauritius Research Council (MRC) avait participé au National Science Engineering and Technology Week 2011 au mois de décembre. Quelles ont été les retombées de cette semaine dédiée à la science et la technologie ?

Cette activité avait deux objectifs précis. Premièrement, conscientiser la nation mauricienne sur l’importance de la science et des technologies dans notre quotidien. Il est grand temps que les Mauriciens comprennent que le développement social et économique dépend dorénavant de la science. Le deuxième but de cette semaine de la science et de la technologie était de resserrer les liens entre les différentes institutions du pays qui sont engagées dans ce domaine. Il nous faut œuvrer de concert, car c’est le seul moyen de faire des progrès importants. La convergence entre institutions est d’ailleurs le thème largement utilisée à travers le monde, car c’est uniquement en travaillant en équipe que nous pourrons garantir un monde meilleur.

Le MRC s’est installé à Rodrigues au mois d’octobre dernier. Peut-on déjà parlé de bilan ?

D’abord, permettez-moi d’élaborer sur l’importance de notre présence à Rodrigues. Nous sommes convaincus que Rodrigues a un rôle important à jouer dans l’avancée scientifique. Nous sommes d’ailleurs ravis de compter deux Rodriguais au sein de notre équipe. J’ai, dans un premier temps, commandité un rapport afin d’être mis au courant des besoins des habitants, rapport qui devrait nous être soumis incessamment. En terme de bilan, le MRC s’est déjà activé sur le dossier d’exploitation d’algues nous avons même initié un projet pilote concernant l’installation d’une ferme d’algues. Je suis persuadé que c’est le secteur d’avenir, mais pour mieux le développer, il faudra compter sur l’expertise des étrangers, car hélas nous n’avons pas le savoir-faire à Maurice.

Où en sommes-nous avec le projet d’utilisation de l’huile de coco comme carburant ?

Nous sommes sur la bonne voie. Il y a actuellement à Agalega deux tracteurs qui fonctionnent uniquement avec du carburant à base d’huile de coco. Nous allons prochainement lancer la deuxième phase de ce projet, avec la production de l’électricité toujours avec de l’huile de coco. Nous allons nous rendre à Agalega dans trois mois pour poursuivre ce projet.

Ce projet ne sera-t-il pas réalisé à Maurice ?

Pas pour le moment en tout cas. Cela a été plus facile de lancer ce projet à Agaléga grâce à la quantité de cocotiers qui s’y trouvent. Et aussi parce que l’échelle de production à Agalega n’est pas aussi considérable qu’à Maurice.

Les lobbys pétroliers seront embarrassés si jamais ce projet de production de carburant venait à être lancé à Maurice….

(Sourire) Je ne vais pas me prononcer à ce sujet. Mais pour votre information sachez que certains véhicules appartenant à l’hôtel Hilton fonctionnent à base d’huile usée.

Le projet Land Based Oceanic est de nouveau d’actualité, après que Rashid Beebeejaun eut annoncé que les procédures seront bientôt enclenchées pour trouver un partenaire stratégique… Doit-on s’attendre à un dénouement pour cette année ?

Nous avons déjà façonné ce projet, maintenant en ce qui concerne les partenaires stratégiques, la décision appartient au Board of Investment (BOI). Je peux juste dire qu’il y a pas mal d’investisseurs qui ont déjà exprimé leur intérêt. C’est un projet d’envergure et il nous faut à tout prix avoir l’appui d’investisseurs étrangers, non seulement pour leurs financements, mais aussi pour leur savoir-faire.

Quel sera le projet qui selon vous révolutionnera la vie des Mauriciens ?

C’est une idée que beaucoup jugeront farfelue. Mais il nous faut savoir innover et aussi investir si on veut réellement briller dans le domaine de la science. J’espère que nous pourrons en 2012 lancer le projet de géothermie. Mais là encore nous devrons avoir recours à des étrangers pour étudier la faisabilité de ce projet à Maurice. En ce qui nous concerne au niveau de la MRC, nous avons déjà soumis nos propositions au ministère des Services publics. Si nous allons dans cette direction, la vie des Mauriciens ne sera plus pareille.

Propos recueillis par Thierry Laurent