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Arvin Boolell : « Le remake nous a tonifiés »

12 avril 2012, 11:23

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Le ministre des Affaires étrangères, qui est aussi un des principaux dirigeants travaillistes se prononce sur la situation politique. Il s’en prend à Sir Anerood Jugnauth et prédit la victoire de son parti aux prochaines législatives. 

Le jour même où sir Anerood Jugnauth (SAJ) a démissionné de la présidence, le Parti travailliste (PTr) a sorti la grosse artillerie. Des ministres se sont rendus à Rivière-du-Rempart, d’autres ont rencontré leurs activistes. L’un aurait même fait du porte-à-porte. Cela ressemble à de la panique dans les rangs du gouvernement...

Non, loin de là. C’était simplement une réaction normale des activistes du PTr et de ses alliés. La population a compris le jeu de Jugnauth. Il a un agenda clair : consolider son clan (hormis Ashok Jugnauth), et sauver son fils à tout prix. Ce qui est plus grave, c’est que cet agenda était déjà décidé quand il était au Réduit.

Qu’avons-nous vu ensuite ? Anerood Jugnauth a voulu créer une psychose, en faisant croire que la majorité aller tomber. Il ne va rien se passer de tel. Anerood Jugnauth a été piégé par le MMM. Il est en position de faiblesse. Bérenger est le piper (NdlR : joueur de cornemuse) et c’est lui qui fait danser les autres. Le MMM a bouffé le MSM. Et, aujourd’hui, l’agenda de Bérenger est «the reverse cycle».

Que voulez-vous dire ?

Aujourd’hui, c’est Bérenger qui dicte tout. En 2000, c’était Pravind Jugnauth qui pouvait imposer tel ou tel candidat. Bérenger connaît les dossiers de chaque membre du front bench du MSM : Nando Bodha, Showkulally Soodhun et Leela Devi Dookun. Il y a une épée de Damoclès audessus de leur tête.

C’est bien qu’Anerood Jugnauth soit parti. Nous avons consolidé notre électorat. Son départ a été un moment tonique pour le PTr. Tout le monde a compris qu’Anerood Jugnauth n’est qu’un mythe.

Vous oubliez qu’il est quasiment unanimement respecté comme étant l’homme derrière le deuxième miracle économique de Maurice...

C’est aussi un mythe. Il a profité de la Convention de Lomé, du Protocole sucre, de l’Accord multifibre, en plus d’un marché acquis pour l’exportation de thons, sans avoir à faire face à une crise financière et économique. Pa bizin met savat lor tron Ram pou kone kisanla ki bizin dirize.

Pourtant, SAJ est perçu comme un homme qui tranche vite, contrairement à Navin Ramgoolam…

Je le répète : SAJ est un mythe. Souvenez- vous de 2000 à 2005. Quand il a été Premier ministre pendant trois ans, la situation était catastrophique. Aujourd’hui, regardons le palmarès de Maurice sous le leadership de Navin Ramgoolam. Le pays fait très bien – et ce sont les institutions internationales qui le disent – dans la bonne gouvernance, la facilitation des affaires et le credit rating, entre autres.

Est-ce que le remake MMMMSM vous empêche de dormir ?

Au contraire, cela a tonifié le PTr. Il a consolidé davantage l’alliance Travaillistes- PMSD.

Pourquoi cette grosse mobilisation sur le terrain ? Serait-il miné ?

Nous sommes tout le temps sur le terrain. Maintenant, nous ne faisons qu’accentuer notre présence. Le terrain n’est pas miné. En tant que responsable des activités sur le terrain, je peux vous dire que tout le monde au sein de la majorité connaît ses responsabilités sur le terrain, auprès du public, et au niveau des affaires du pays.

Mais, jusqu’à quand ? Le gouvernement tiendra-t-il jusqu’à la fin de son mandat ?

Nous irons jusqu’au bout de notre mandat. Je suis confiant que nos alliés et nous fêterons le 50e anniversaire de l’Indépendance de Maurice. Nul autre que le PTr n’attrapera ce flambeau.

Etre autant engagé sur le terrain politique, c’est un risque pour les affaires du pays…

A Maurice, nous sommes en permanence en campagne, mais pas au même rythme tout le temps. Cependant, il faut savoir gérer son temps entre la politique et les affaires du pays. Nous sommes un pays très bien géré.

Que savez-vous d’un possible remaniement ministériel ou d’un nouveau report des travaux de l’Assemblée nationale ?

Autant que je sache, il n’y aucun remaniement prévu. C’est la prérogative du Premier ministre. Quant à la reprise des travaux à l’Assemblée nationale, elle aura bien lieu le 16 de ce mois. L''''Order Paper est sorti et j’espère que tous les parlementaires qui respectent les institutions seront présents.

Au plan économique, que fait votre ministère pour sauvegarder les intérêts du pays et créer de nouvelles opportunités ?

Nous nous battons sur tous les fronts. Dans ce paysage économique, nous devrions craindre la remontée du protectionnisme. Mais, il y a aussi un potentiel immense sur le continent, par exemple, pour les Mauriciens qui désirent travailler en Afrique, où il manque des cadres. Nous venons de signer un accord avec les Seychelles. Nous discutons également avec la Namibie, le Zimbabwe, le Botswana et le Rwanda.

Dans quels secteurs existent-ils des jobs pour les Mauriciens dans ces pays-là ?

Dans tous les secteurs de services, la comptabilité, le tourisme, la médecine. N’oubliez pas non plus que lorsque l’Europe va rebondir, il y aura des perspectives pour descadres mauriciens. Il y aura également des opportunités dans la blue and green economy.

La zone économique «Jin Fei» attend désespérément depuis six ans des investisseurs. Pourquoi ce retard ?

Il faut reconnaître que Jin Fei est arrivé dans un contexte économique difficile. Mais, les choses vont bouger. D’ailleurs, un des hommes les plus riches de la Chine était à Maurice, la semaine dernière, et il a démontré un intérêt pour cette zone. Nous accélérons nos efforts. Jin Fei sera un knowledge and services hub.

Mais, il y a un délai. Rien n’empêche un Etat de reprendre ses terres. Nous sommes un Etat souverain. D’ailleurs, le gouvernement effectue, en ce moment, un relevé de toutes les terres qui ont été allouées pour le développement. Nous récupérerons les terres de ceux qui n’honorent pas leurs engagements et les allouerons à d’autres opérateurs.

Propos recueillis par Abdoolah EARALLY