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Arvind Boolell: «Toutes les discussions au sujet des Chagos doivent être bilatérales»

2 février 2010, 16:32

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Le ministre des Affaires étrangères commente le projet britannique du Marine Protected Area aux Chagos.

Une pétition signée par 10 000 écologistes britanniques, dont la dix millième signature a été apposée le 28 janvier, fait pression sur le Premier ministre britannique Gordon Brown pour qu’il crée la «Marine Conservative Area» dans les eaux des Chagos. Navin Ramgoolam a rencontré Gordon Brown à Port of Spain en 2009. Ce dernier avait affirmé qu’il «will stall the process.» Il avait également annoncé que le Commonwealth Summit de 2013 se tiendra à Maurice.

Quelle sera la position de Maurice si Gordon Brown cède aux lobbies des écologistes britanniques?

Nous avons notre feuille de route et nous la respecterons. Ce sont les articles de presse, des dossiers préparés par des scientifiques ou des académiciens qui alimentent toute la polémique. Toutes les discussions au sujet des Chagos doivent se faire suivant les négociations bilatérales entre les gouvernements mauricien et britannique.

Cet engagement a été pris par deux Premiers ministres: Navin Ramgoolam et Gordon Brown. Nous n’apprécions pas que des facilitateurs s’immiscent à la table des négociations.

Mais pourquoi donc ce soudain empressement des lobbies britanniques pour créer le Marine Conservative Area (le parc marin) et la Britain Great Barrier Reef?

Lors de notre second round des négociations, la délégation britannique revenait à chaque fois avec des propositions au sujet d’un Marine Conservative Area au Chagos. La partie mauricienne avait accueilli cette idée, car nous sommes toujours ouverts à toutes les propositions qui ont trait à la protection de l’environnement.

Nous avons prévu de revenir sur le sujet lors du troisième round des négociations. Mais, entre-temps, il y a eu tous ces lobbyistes et des facilitateurs qui se sont immiscés à la table des négociations. Nous nous sommes alors posé la question: quelles sont les raisons derrière ce soudain empressement et nous avons gelé le troisième round des négociations pour y voir plus clair.

Qui sont ces «facilitateurs» dans toute cette affaire et pensez-vous qu’il y ait un hidden agenda?

Une poignée de scientifiques qui est soutenue par plusieurs médias britanniques. Mais, ces scientifiques n’ont pas le soutien de toute la communauté scientifique de Grande Bretagne. Des experts en écologie, dont certains de l’Université de Cambridge, de la Royal Holloway…, se sont dissociés de ce mouvement de lobbyistes. Pour eux, le Marine Conservative Area des Chagos est comme un cheval de Troie. Car, il y a d’autres enjeux très importants derrière la construction de ce parc marin.
Nous ne voulons pas nous ingérer dans la politique interne de Gordon Brown. C’est bien qu’il y ait un débat. Mais il y a beaucoup d’autres aspects à prendre en considération au-delà du Marine Conservative Area. Il y a aussi l’affaire logée devant la Cour Européenne des droits de l’Homme dont le jugement est attendu pour cette année.

Le dossier Chagos est très complexe, mais le gouvernement a adopté, et adoptera toujours, une approche diplomatique. Nous croyons au dialogue.

Où en est le dossier sur souveraineté de la République de Maurice sur l’archipel de Chagos?

Pour rappel, en 1965, Sir Seewoossagur Ramgoolam n’avait pas le choix. Il a dû céder les Chagos. Mais, il y avait une condition: que cet archipel nous soit retourné dans l’état que la Grande Bretagne l’a reçu. Nous revoyons également apparaître le spectre de la BIOT.

Mais, le gouvernement britannique sait que l’archipel des Chagos fait partie du territoire de la République de Maurice. 2014 (ndlr: L''''''accord entre l''Angleterre et les États-Unis sur l''utilisation des Chagos doit être renouvelé en 2016, et si l’une des parties souhaite suggérer des changements, ils doivent le faire en 2014) n’est pas loin.

Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a déjà sollicité une rencontre avec le Président des Etats-Unis. Il faut que les négociations soient tripartites: La Grande Bretagne, Maurice et les Etats-Unis.

Quels seront les sujets qui seront abordés lors de cette rencontre?

La souveraineté intégrale de la République de Maurice sur tout ce territoire. C’est pour cette raison que les négociations doivent être triparties.

Par rapport au Marine Conservative Area, à quand le troisième round des négociations entre Londres et Port-Louis?

Nous attendons que le gouvernement britannique nous donne des explications concernant ces engagements pris dans le dossier du Marine Conservative Area, dont les consultations publiques se terminent le 12 février. Lors du troisième round des négociations, il sera question du retour des Chagossiens sur l’île et de la souveraineté de la République de Maurice sur ce territoire.

Parlons du Mozambique. Maurice vient de recevoir 23 000 arpents de terre dans ce pays pour divers projets. Quels sont ces projets?

Nous avons créé la Regional Development Company qui identifiera les compagnies viables pour des projets au Mozambique. Notre premier projet sera la production de riz, une affaire dans laquelle la compagnie Vitagrain, les gouvernements mauricien et mozambicain seront associés. D’autres projets verront le jour, mais ils doivent être viables.