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Ashok Subron : «Les amendements proposés empirent les choses»

26 avril 2012, 12:12

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Le négociateur syndical se prononce sur les propositions d’amendement aux lois du travail présentées par le ministre Shakeel Mohamed.


Comment accueillez-vous les amendements proposés aux lois du travail ?

Avec beaucoup de colère ? Car sur des points fondamentaux, ces amendements ne correspondent pas à ce que Shakeel Mohamed avait présenté au mouvement syndical. Il y a un élément capital qui tourne autour du licenciement massif. La loi ne peut pas permettre de licencier des employés sans, au préalable, qu’il n’y ait une justification à ce licenciement. Il faut justifier un licenciement avant de le rendre effectif. Là, je parle de licenciement massif. L’employeur ne peut pas avoir une arme aussi fatale entre ses mains. Il avait été convenu d’un amendement qui inverse ce principe. En fait, Shakeel Mohamed ne propose que des changements mineurs.

Mais, il propose tout de même la mise en place d’un tribunal pour la protection des employés…

Avec ce tribunal, on peut toujours licencier. Dans l’éventualité que l’employé n’est pas d’accord avec son licenciement, là il peut faire appel à ce tribunal dans un délai de trente jours. Mais comment réintégrer quelqu’un si une entreprise est déjà fermée! Soit le ministre Mohamed a berné le mouvement syndical, soit le gouvernement a capitulé devant le secteur privé, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale.

Le secteur privé non plus ne se réjouit pas des amendements proposés…

Il ne fait que sortir d’anciennes formules. Or, nous parlons de la vie des gens. Il faut surtout retenir que le gouvernement n’a pas fait de changement majeur sur le licenciement. En fait, il a empiré toute la question. Dorénavant, un employeur pourra signer un accord collectif avec chaque employé individuellement. C’est véritablement la dégradation des droits des salariés à
Maurice. Avec une telle mesure, la loi livre le travailleur désarmé de ses droits syndicaux à son employeur. Il faut aussi savoir que ce n’est pas seulement l’employé qui peut faire des demandes à travers la négociation collective. L’employeur également peut avoir recours à ce principe. Dans ce cas, le patronat, généralement, demande la remise en question des conditions minimales des travailleurs qui sont garanties par la loi. Or, justement, parce que les nouvelles lois ont introduit le principe de «concession bargaining», presque tous les droits des travailleurs sont négociables sauf pour les salaires.

Le ministre du Travail a pourtant présenté les amendements comme une amélioration des droits des travailleurs.

Les amendements proposés empirent les choses. Ils donnent au patronat plus de pouvoirs pour faire ce qu’il a envie de faire. Après que les travailleurs du port et de l’industrie sucrière ont démontré leur capacité à provoquer une grève, on veut désormais introduire le secret ballot avant l’organisation d’une grève et, cela, sous la tutelle de l’Etat. Or, il ne faut pas qu’il y ait interférence de l’Etat dans l’organisation d’une grève.

Il y a quand même de bonnes choses avec les amendements ?

Il y a, effectivement, des amendements qui vont dans la bonne direction. Mais il y en a d’autres qui annulent les points positifs. Nous nous retrouvons avec des mesures taillées pour le patronat. C’est la raison pour laquelle, nous invitons les travailleurs à venir massivement au rassemblement du mouvement syndical et du mouvement de gauche, le 1er Mai prochain à Rose-Hill.

Propos recueillis par Nazim ESOOF
(l’express iD, jeudi 26 avril 2012)

Nazim ESOOF