Romain Barras est devenu le premier champion d''''Europe français de décathlon depuis Alain Blondel il y a 16 ans.
"Avoir le cul plat baisse un peu la côte du beau gosse qu''il est mais, en décathlon, cela lui a permis aujourd''hui de passer 2m04 à la hauteur, sans doute un des tournants de la journée", dit Nadir El Fassi, 12e de la finale, avec un beau clin d''oeil.

Pendant tout le concours, El Fassi et Florian Geffrouais, 16e, se sont appliqué, selon le second, à "faire rire Barras et à le détendre dès qu''il prenait un choc émotionnel en voyant les autres faire des performances."

"Pourquoi a-t-il gagné aujourd''hui ? Parce qu''il a été le plus régulier dans toutes les épreuves. Pas le meilleur mais le plus régulier. C''est la clé de la réussite chez nous", ajoute Geffrouais.

Selon ses joyeux compères, Barras a "bien fait le job parce qu''il était prêt physiquement et mentalement" même s''il cru "plusieurs fois avoir laissé échapper la médaille".

Faire le job a débouché sur 8453 points, gagnés avec des temps de 11"09 sur 100 m, 48"33 sur 400 m, 14"22 sur 110 m haies, 4''28"43 sur 1.500 m.

Avec aussi des saut à 7m24 à la longueur, 2m04 à la hauteur et 5m05 à la perche et des jets à 15m15 au poids, 44m51 au disque et 65m77 au javelot.

Pour ne rien gâcher, Barras, comme le reconnaissent El Fassi et Geffrouais est du genre beau gosse.
Avant de partir pour Barcelone, il a même été élu "athlète européen le plus sexy des championnats d''Europe" par le très homosexuel magazine "Têtu" et il s''en amuse.

"Il vaut mieux d''abord être bon que beau. Aujourd''hui, j''espère avoir été les deux", dit-il.

"Aujourd''hui, j''ai vécu un décathlon qui pourrait ressembler à l''histoire d''Alice au pays des merveilles. Un beau décathlon comme on en rêve avec des hauts et des bas, avec du suspense au milieu d''un groupe de mecs passionnés."
« Juste un exemple »

Originaire de Calais, le nouveau champion d''Europe est installé au pôle France de Montpellier où il s''entraîne sous la direction de Jean-Yves Cochand au côté de son frère cadet Guillaume.

Sa soeur cadette Diane est un grand espoir de l''heptathlon.

"Ce soir, j''ai du mal à réaliser qu''après l''appellation champion d''Europe, il y a le nom de Romain Barras", dit-il incrédule, les larmes aux yeux. "Ce soir, je pense très fort à mes parents, à ma famille, à mes entraîneurs."

Toujours souriant, toujours prêt à faire un bon mot, ce fan des séries des Wayne''s World est le premier à plaisanter sur sa discipline :

"Qu''est-ce que le décathlon ? Ben, dix raisons de se planter. Aujourd''hui, je les ai en partie évitées", dit-il.

Aujourd''hui, ce fut un beau combat. Alors, pourquoi ai-je gagné ? Parce que j''étais le plus vieux et que c''était à mon tour de gagner. Les autres, ils sont jeunes, ils ont encore le temps", ajoute-t-il dans un éclat de rire.

Romain Barras a 30 ans, ce qui n''est pas un âge canonique en décathlon mais plutôt, selon lui, "l''âge de la maturité".
Depuis sa septième place mondiale en 2007, il se rapprochait des podiums notamment avec sa cinquième place un peu passée inaperçue aux Jeux de Pékin.

Le directeur technique national Ghani Yalouz n''en d''ailleurs pas été autrement surpris par sa victoire.

"Romain est un passionné, classe et propre. Un mec totalement investi, passionné pour sa discipline et dévoué pour tous les mecs autour de lui la pratiquant", dit-il. "C''est juste un exemple."

(Source : Reuters)