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Au Yémen, Saleh prêt à quitter le pouvoir, manifestation à Sanaa

25 mars 2011, 00:00

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Au Yémen, Saleh prêt à quitter le pouvoir, manifestation à Sanaa

Le président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, s''''est dit prêt vendredi à remettre le pouvoir entre "des mains sûres" pour éviter un bain de sang, avant une nouvelle journée de manifestation à Sanaa.

"Nous ne voulons pas du pouvoir, mais nous devons le transférer entre des mains sûres, pas entre des mains malades, pleines de ressentiment ou corrompues", a-t-il dit, s''adressant à plusieurs milliers de ses partisans rassemblés dans la capitale lors d''un discours retransmis à la télévision d''Etat.

"Nous sommes prêts à quitter le pouvoir", a-t-il insisté au moment où, dans un autre quartier de Sanaa, des dizaines de milliers d''opposants se rassemblaient pour une nouvelle journée de mobilisation.

Le "Vendredi de la tolérance", rassemblant les partisans de Saleh, s''opposait à la "Journée du départ", mot d''ordre des opposants qui ont promis dans la semaine de marcher sur le palais présidentiel.

Vendredi dernier, une journée de protestation similaire avait causé la mort de 52 personnes dans la capitale, conduisant des généraux, des diplomates et des chefs de tribu à "lâcher" le président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, et désormais en situation délicate.

Sécurité renforcée
Vendredi matin, on pouvait rencontrer des fidèles de Saleh armés de pistolets et de poignards. D''autres en deux-roues arboraient des grands posters du président, agitant des drapeaux et jouant de la musique traditionnelle. "Non au chaos, oui à la sécurité et à la stabilité", affichaient leurs banderoles.

Dans un autre quartier proche de l''université, haut lieu de la contestation, l''ambiance était tout autre.

"Je suis venu pour me débarrasser de ce boucher qui a tué mes camarades", explique Abdoullah Jabali, étudiant de 33 ans, qui ne croit pas aux concessions de Saleh.

"Je veux juste que le président et sa famille partent pacifiquement. Ils doivent démissionner, pas quitter le pays", exige Mahdi Mohamed, traducteur de 36 ans originaire d''Aden.

La sécurité était renforcée, avec pas moins de cinq contrôles de police pour rentrer dans la zone où se tenait la manifestation. Des soldats ont tiré en l''air pour empêcher des partisans de Saleh d''atteindre le rassemblement contre le président. Ces tirs n''auraient pas fait de victimes.

Rencontre avec le général Mohsen
En butte à des manifestants qui campent devant l''université de Sanaa depuis six semaines pour réclamer son départ, Saleh a offert mercredi une nouvelle concession à des détracteurs, en promettant d''organiser l''élection présidentielle en janvier 2012.
Selon l''édition de vendredi du Wall Street Journal, Saleh et le général Ali Mohsen, considéré comme le second personnage du pays et qui a rejoint cette semaine le camp des opposants, auraient évoqué les modalités de leurs démissions afin de parvenir à un gouvernement civil de transition.

Un porte-parole de Saleh a démenti l''information mais a reconnu que le président et le général s''étaient rencontrés ces dernières 48 heures.

Pendant de nombreuses années, Saleh, arrivé au pouvoir en 1978 au Nord-Yémen avant de devenir en 1990 le président du pays réunifié, a été soutenu par les occidentaux et les pays arabes, qui voyaient en lui l''homme idoine pour fédérer les nombreuses tribus qui composent le Yémen.

Les pays occidentaux, dont le Yémen est un allié clé dans la lutte contre Al Qaïda, et l''Arabie saoudite s''inquiètent désormais du vide de pouvoir à Sanaa en cas de départ de Saleh.

Dans ce pays de 23 millions d''habitants, l''opposition dénonce la corruption et la montée du chômage. Quarante pour cent de la population du Yémen vit avec moins de deux dollars par jour et un tiers souffre de malnutrition. Le chômage touche 35% de la population et 50% chez les jeunes.

(Source : Reuters)