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Aux écoles de samba…

24 février 2013, 00:00

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Il semblerait que nous ne soyons pas très éclairés en matière de culture politique, voire de prérogatives constitutionnelles. Fort heureusement, en contrepartie, nous sommes très largement reconnus comme une très grande nation de commentateurs de football. S’il s’agit de décoder le plus subtil d’une passe d’armes entre Mourinho, Casillas, Ancelotti, Ronaldo, on trouvera chez nous, et jusque fort tard, les plus habiles coupeurs en quatre de cheveux.

Ainsi, s’il arrivait que le capitaine d’un club anglais et l’un de ses joueurs fussent sélectionnés en équipe d’Angleterre, tous soumis à égalité à un sélectionneur/ entraîneur faisant peu de cas de l’autorité des uns et des autres sous leurs maillots respectifs, chacun serait sensible aux susceptibilités heurtées, à l’autorité défiée, au manque d’égards de l’un pour l’autre, etc. Et tout serait clair aux yeux de tous.

La Constitution aussi est très claire.

Elle note, au chapitre VI, alinéa 59 ( 3), que le président de la République « shall []]…], acting in accordance with the advice of the Prime Minister, appoint the Deputy Prime Minister, the Attorney General and the other Ministers from among the members of the Assembly » . Par ailleurs, au même chapitre, à l’alinéa 60 ( 4) ( a), on prend connaissance d’une des conditions dans lesquelles un ministre perd son strapontin, la seule pertinente pour nous ici : « The office of a Minister ( other than the Prime Minister) shall become vacant – ( a) where the President, acting in accordance with the advice of the Prime Minister, so directs. » Au plus vif de la crise au sein du gouvernement – c’est bien ainsi qu’il faut dire, le PMSD ayant fait partie de la majorité à chaque instant de la récente poussée d’adrénaline –, il est apparu que l’un ou l’autre n’avait pas bien retenu qu’à l’entrée comme à la sortie du Cabinet, on retrouve « the advice of the Prime Minister » . Xavier Duval ne peut pas, en s’adressant directement au ministre concerné, lui demander de démissionner.

Il peut, au mieux, faire savoir à son partenaire que son parti ne reconnaît plus X, Y ou Z comme appartenant à sa formation et, donc, que celui- ci se trouve disqualifié à ses yeux pour faire partie du gouvernement. Il a semblé, ces derniers jours, que le souhait de Xavier Duval en la matière n’ait pas compté pour grand- chose.

Xavier Duval est ministre des Finances.

C’est un poste important, stratégique, son titulaire étant appelé à prendre des décisions vitales pour l’avenir économique du pays. Celui qui occupe ces fonctions ne peut permettre de se laisser réduire à n’être qu’un nain de jardin, à peu de chose en matière d’audience politique. Ce n’est pas en tentant un bras de fer perdu d’avance avec Navin Ramgoolam, dans le but de défendre son copain Robert Desvaux, que Xavier Duval va acquérir l’épaisseur qui lui fait défaut.

A un moment où, précisément, l’un et l’autre travaillistes battus aux dernières municipales n’hésitent pas à imputer cette défaite au manque de punch du PMSD dans des arrondissements dont il détenait, prétendument, la… clé… Au départ du MSM de l’Alliance sociale, avec le poids que cela apportait au parti bleu au sein de la majorité, XLD accédant de surcroît aux fonctions de Grand argentier, il était possible de croire à un PMSD revival. Mais ce parti et les hommes qui l’animent étaient-ils capables d’un renouvellement de leur culture politique ? Quel avenir pour un parti qu’on a réduit à être le symbole d’une minorité au sein d’un gouvernement dont le parti majoritaire compte plusieurs élus de cette même minorité ? Faute d’une redéfinition des rapports et, partant, de la mission des uns et des autres, le pays échappera- t- il à la suspicion et à la surenchère ?

La prochaine crise, ou la suivante, nous le dira.