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Avons-nous un mot à dire ?
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Avons-nous un mot à dire ?
Qui nous consulte, nous citoyens, qui tente de savoir ce que nous pensons, ce que nous souhaitons ? Certains leaders pensent qu ’il suffi t de rencontrer un profil religieux pour, prétendument, convaincre ou rassurer un groupe. Ainsi, alors qu’il existe, au sein de la communauté musulmane, des universitaires, des fi gures marquantes des diverses professions libérales, des hommes d’affaires innovants et des syndicalistes combatifs, c’est au Maulana Haroon et, grande nouveauté, à l’ami de ZamZam, Bakar Bahemia Areff, que Paul Bérenger a choisi d’aller faire ses plus récentes confidences. Cela est pitoyable, lamentable, dénotant la triste incapacité de l’homme de prendre acte des mutations qui ont transformé notre société au cours des vingt dernières années.
Plutôt que d’accueillir le messager Ganoo lui portant un propos prévisible, le chef de gouvernement ne serait-il pas mieux inspiré de lancer une consultation nationale, en utilisant les divers moyens aujourd’hui à notre disposition ? En matière de réforme de notre système de représentation, n’y aurait il pas un certain nombre de choses, peu évoquées à ce jour, que nous souhaiterions faire entendre ?
Nos circonscriptions sont de tailles inégales, comptant des nombres sensiblement différents d’électeurs. N’est-il pas impératif de considérer l’uniformisation du rapport élu: électeurs comme la toute première des formes d’équité électorale ?
On sait que les découpages électoraux soumis à l’Assemblée nationale par l’Electoral Boundaries Commission doivent être acceptés in toto ou rejetés.
Il est tout à fait juste qu’on ne permette pas aux Parlementaires d’apporter des amendements à la carte qui leur est soumise. Toutefois, si on ne leur fait pas confiance dans le détail, parce qu’ils sont forcément partisans, pourquoi devraiton penser qu’ils seraient capables de jugement indépendant pour l’ensemble?
Le moment n’est-il pas venu de revoir et de réformer le mode de redécoupage de nos circonscriptions. Le directeur de l’Audit ne demande pas aux parlementaires de d’abord approuver son rapport avant qu’il ne le publie. Si tant est que nous ayons une deuxième République, elle pourrait s’accompagner d’une réelle consolidation de l’Electoral Boundaries Commission, quitte à ce que son président, venu du judiciaire, ait un statut de juge. Avec un personnel qui comprendrait des démographes, sociologues, chercheurs équipés pour fournir des rapports dont la scientifi cité serait au-dessus de tout soupçon. Et il incomberait à cette High Powered Commission, tous les dix ans, de déposer des mandatory conclusions.
Les parlementaires lui donneraient force de loi, mais il serait l’oeuvre de techniciens indépendants, sous l’autorité d’un juge.
Autre question : au bout de 45 ans de pratique, sommes-nous en mesure de savoir si notre système trinominal à un tour a favorisé ou desservi la décommunalisation de la vie politique ?
Les attitudes de l’électeur moyen seraient elles davantage ou moins communales s’il fallait voter pour un député plutôt que trois ? Les partis politiques eux-mêmes, en interne, seraient-ils moins victimes de chantage sectaire s’il n’y avait qu’un député à élire par circonscription, les fameux louvraz en vue de placer telle communauté ou telle caste en tête de liste ne seraient plus possibles. Après l’élection, l’unique député d’une circonscription serait obligé de s’occuper également de tous ses mandants et on cesserait de voir cette sorte de taylorisme communal qui conduit le député fan de Liverpool à s’occuper exclusivement des siens, laissant à son collègue ceux de Manchester. Par ailleurs, si le retour à des circonscriptions à député unique rendait les nôtres plus petites, davantage à taille humaine, les mandants, la santé du député et la facture d’essence seraient tous gagnants.
Un article de presse ne peut résumer ce débat. Ce sont les Mauriciens qu’il faut écouter, les dizaines de milliers de citoyens au nom desquels parlent abusivement les représentants de rien du tout.
 
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