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Bahreïn choisit la force face aux manifestants
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Bahreïn choisit la force face aux manifestants
Les forces de sécurité de Bahreïn ont repris le contrôle de Manama, la capitale, après avoir démantelé par la force un campement de manifestants réclamant des changements politiques dans ce petit royaume du Golfe.
L''''intervention brutale des forces de l''ordre dans la nuit de mercredi à jeudi dans le centre de la capitale, Manama, s''est soldée, selon le ministre de la Santé, Fayçal ibn Yaqoob al Hamer, par trois morts et 231 blessés. Un député de l''opposition a fait état d''un quatrième décès, un homme qui a succombé à ses blessures dans la journée.
Le ministère de l''Intérieur a écrit sur Twitter que les forces de sécurité avaient "fait évacuer la place de la Perle". L''assaut a été bref et violent. En vingt minutes, les manifestants étaient délogés, laissant derrière eux tentes, couvertures et objets divers dans une atmosphère saturée de gaz lacrymogène, a rapporté un journaliste de Reuters.
Des dépanneuses ont emporté des voitures abandonnées par les manifestants et des employés municipaux asiatiques ont nettoyé les rues tandis que des soldats en tenu de camouflage prenaient le relais des forces de police.
Démission des députés de l''opposition
Inspirés par les soulèvements populaires en Tunisie et en Egypte, des milliers de Bahreïnis, essentiellement issus de la majorité chiite, manifestent depuis lundi pour exiger des réformes politiques et sociales dans le royaume dirigé par une famille sunnite.
Des centaines d''entre eux avaient entrepris de camper sur la place de la Perle en espérant la transformer en point de ralliement de la contestation à l''instar de ce que les Egyptiens ont fait sur la place Tahrir du Caire jusqu''à la chute de Hosni Moubarak, vendredi dernier.
"C''est une atrocité", a dénoncé Abdul Jalil Khalil, membre important du Wefaq, le principal parti chiite d''opposition. "Celui qui a pris la décision d''attaquer, quel qu''il soit, avait la volonté de tuer."
"Tous les députés vont démissionner", a déclaré Ibrahim Mattar, autre membre du Wefaq, ajoutant qu''on était sans nouvelles de 60 personnes depuis l''assaut de la police. "Est-ce qu''ils sont emprisonnés, en fuite ou cachés chez eux ? Nous ne le savons pas", a-t-il ajouté.
Le parti d''opposition, qui dispose de 17 des 40 sièges du Parlement, avait réclamé mercredi l''adoption d''une nouvelle Constitution plus démocratique.
À Washington, la secrétaire d''Etat américaine Hillary Clinton a téléphoné à son homologue de Bahreïn pour exprimé sa profonde préoccupation et appeler à un changement "véritable et significatif". Bahreïn est un proche allié des Etats-Unis, qui ont fait de Manama le port d''attache de la Ve Flotte de l''US Navy.
À Londres, le secrétaire au Foreign Office, William Hague, s''est lui aussi ému de la répression des forces de l''ordre tandis que le secrétaire d''Etat chargé du Moyen-Orient et de l''Afrique du Nord annonçait un réexamen des licences d''exportations d''armes vers Bahreïn.
Pauvreté et chômage
La principale revendication des manifestants est la démission du Premier ministre, le cheikh Khalifa ben Salman al Khalifa, qui gouverne le pays depuis son indépendance en 1971. Oncle du roi Hamad ibn Issa al Khalifa, il est perçu comme le symbole de la richesse de la famille régnante.
Les manifestants dénoncent aussi la pauvreté et le chômage. Ils s''inquiètent en outre des avantages accordés à des sunnites étrangers venant s''installer dans le royaume (citoyenneté, emplois dans les forces de sécurité, logements) qui tendent à en modifier l''équilibre démographique.
La colère des manifestants avait été accentuée mercredi par la mort de deux d''entre eux lundi et mardi dans des accrochages avec les forces de l''ordre. Le roi Hamad a adressé ses condoléances aux familles des victimes et a promis de diligenter une enquête.
Selon l''agence de presse du Qatar, les ministres des Affaires étrangères des pays du Golfe devaient se réunir ce jeudi soir à Bahreïn pour débattre de l''agitation qui frappe le royaume.
Reuters
 
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