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Bahreïn : Des manifestants chiites s''apprêtent à camper à Manama

16 février 2011, 00:00

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Des manifestants chiites se préparaient le mardi 15 janvier à passer la nuit dans des tentes à Manama, la capitale de Bahreïn, au soir d''''une journée de mobilisation marquée par la mort d''un homme lors d''accrochages avec la police pendant les funérailles d''un manifestant tué la veille.

La mort d''une seconde personne, au lendemain du "Jour de colère" dans ce petit royaume du Golfe, crée le risque de nouveaux accrochages entre la majorité chiite bahreïnie et les forces de sécurité sunnites liées à la famille régnante.
"Nous resterons jusqu''à ce que le gouvernement trouve une solution pour le peuple de Bahreïn", a indiqué Naji Abdelkareem alors que des manifestants montaient une grande tente sur la pelouse du carrefour de la Perle.

Une dizaine de tentes étaient dressées et des manifestants distribuaient des couvertures, de l''eau et de la nourriture.
"Peut-être que ce sera une place Tahrir. Cette place est au coeur de Bahreïn maintenant", a-t-il ajouté, faisant référence à la place Tahrir, symbole de la révolution égyptienne qui a eu raison du président Hosni Moubarak.

Le Wefaq, principal bloc d''opposition qui accuse le roi Hamad ben Isa al Khalifa de discrimination aux dépens des chiites, a répliqué aux dernières violences en boycottant les activités parlementaires, où il contrôle 18 des 40 élus à la chambre basse.

En provenance du lieu des funérailles, situé à la périphérie de Manama, des participants en colère ont gagné le carrefour de la Perle, dans le centre-ville, en scandant des slogans antigouvernementaux inspirés des manifestations qui ont provoqué la chute des présidents de la Tunisie et de l''Egypte.

Selon des témoins, les incidents autour des funérailles ont débuté alors que 2.000 personnes étaient parties de la morgue d''un hôpital pour accompagner la dépouille d''Ali Mouchaïma.

Ce jeune homme de 22 ans a été tué par balles lundi à Daih, l''un des villages chiites des environs de Manama où les forces de sécurité sont intervenues pour mater le "jour de colère" organisé contre le gouvernement.

La police a tiré des grenades lacrymogènes sur la procession funèbre mais le cortège s''est reformé et a repris sa marche, a déclaré à l''agence Reuters le député Ibrahim Mattar, élu Wefaq.

Une personne a été tuée dans la bousculade - victime d''un tir par arme à feu, a dit Mattar - et sa mort a suscité des réactions de colère dans la foule, qui s''est mise à scander "Nous exigeons la chute du régime".

Effet d''entraînement en Arabie saoudite ?

Amnesty International a exhorté les autorités de Bahreïn "à enquêter minutieusement sur ce qui s''est passé, à limoger les policiers impliqués dans la fusillade et à faire savoir à la police que l''usage excessif de la force ne serait pas toléré."

Dans une allocution télévisée, le roi a présenté ses condoléances aux familles des deux victimes - "deux de nos fils précieux", a-t-il dit - et promis qu''une commission ferait le jour sur les circonstances de leur décès.

"Nous demanderons aux législateurs de se pencher sur cette question et de suggérer des lois nécessaires pour la résoudre", a-t-il ajouté. Le roi a également souligné que les manifestations pacifiques étaient autorisées.

La population de Bahreïn est majoritairement chiite, mais la famille régnante est de confession sunnite.
Dans les années 1990, le royaume avait déjà été le théâtre de troubles, les chiites se disant victimes des discriminations. L''octroi en 2002 d''une nouvelle Constitution et l''organisation d''élections législatives avaient contribué à ramener le calme.
Parmi les revendications des manifestants figurent en bonne place la lutte contre la pauvreté et le chômage. Ils rejettent aussi la politique du gouvernement qui accorde la citoyenneté à des sunnites étrangers ainsi que des emplois dans les forces de sécurité et des logements qui modifie l''équilibre démographique.

Vendredi, tentant d''éviter une radicalisation de la protestation, le roi avait annoncé le versement d''une allocation de 1.000 dinars (2.000 euros environ) à chaque famille.

Son gouvernement s''est engagé à libérer des adolescents mineurs arrêtés l''an dernier. Il a aussi annoncé qu''il débloquerait 417 millions de dollars de dépenses sociales, dont des subventions sur les produits de première nécessité.
Au contraire des pétromonarchies du Golfe, Bahreïn, dont la moitié des 1,3 million d''habitants est composée d''expatriés, n''a pas des ressources financières illimitées.

De grandes manifestations dans cette île-Etat du Golfe pourraient avoir un effet d''entraînement sur la communauté chiite d''Arabie saoudite voisine, elle aussi marginalisée, jugent des analystes.

Reuters