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Ballet diplomatique à Paris pour sortir de la crise en Ukraine
6 mars 2014, 09:04
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Ballet diplomatique à Paris pour sortir de la crise en Ukraine
Sur le terrain, la situation ne marque aucune évolution, l'éviction manu militari du représentant de l'Onu en Crimée et les nouvelles manifestations pro-russes à Donetsk soulignant le niveau de tensions qui règne depuis ce week-end dans le sud et l'est de l'Ukraine.
Pour venir en aide à un pays économiquement exsangue, l'Union européenne, dont les chefs d'Etat et de gouvernement tiendront ce jeudi à Bruxelles un conseil européen extraordinaire, s'est dite prête à fournir à Kiev une aide financière de 11 milliards d'euros dans les deux prochaines années, par le biais de dons et de prêts.
Cette assistance, qui se fera en concertation avec la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) et la Banque européenne d'investissement (BEI), est subordonnée en partie à la conclusion d'un accord entre Kiev et le Fonds monétaire international (FMI).
Son montant couvre très exactement l'aide financière que Moscou, en pleine contestation à Kiev, avait octroyée à la mi-décembre au gouvernement de Viktor Ianoukovitch, destitué depuis et réfugié en Russie.
LE DRAPEAU RUSSE FLOTTE SUR DONETSK
A Donetsk, fief de l'ancien président dans l'est de l'Ukraine, des militants pro-russes ont repris en fin de journée le siège du gouvernement régional dont ils avaient été chassés dans la matinée et le drapeau russe flotte de nouveau au sommet du bâtiment.
Mais sur la place centrale de la ville, quelque 5.000 partisans des nouvelles autorités ukrainiennes étaient rassemblés dans la soirée aux cris de "A bas Poutine ! Donetsk est à l'Ukraine !"
Pour le gouvernement allemand, malgré les paroles qui se voulaient apaisantes du président russe Vladimir Poutine mardi et les nombreux contacts qu'il a eus avec Angela Merkel, la situation reste "alarmante" et rien ne justifie pour le moment de lever la menace de sanctions à l'encontre de la Russie ou d'un boycott du prochain sommet du G8 prévu en juin à Sotchi.
Berlin et les autres pays occidentaux estiment "inacceptable" la prise de contrôle de la Crimée par les forces pro-russes le week-end dernier. La Russie affirme sans convaincre n'avoir aucun moyen de pression sur ce qu'elle présente comme des "forces d'autodéfense" et soutient que ses militaires en Crimée, eux, ne font qu'assurer la sécurité de leurs bases.
En Crimée précisément, où près de 60% de la population est de souche russe et où se trouve la grande base navale de la Flotte russe de la mer Noire, l'envoyé spécial des Nations unies, le diplomate néerlandais Robert Serry, a été contraint mercredi d'écourter brutalement sa mission.
Après avoir été bloqué par des miliciens armés dans Simféropol, la capitale de la péninsule, et s'être réfugié dans un café, il a été conduit sous escorte à l'aéroport et a embarqué à bord du premier vol en partance sans avoir pu repasser par son hôtel pour récupérer ses affaires.
RECHERCHE D'UN DIALOGUE DIRECT
C'est dans ce contexte qu'un ballet diplomatique s'est joué toute la journée à Paris, où se retrouvaient les ministres des Affaires étrangères des Etats-Unis, de Russie, d'Ukraine et de plusieurs pays européens.
Européens et Américains souhaitent mettre en place un "groupe de contact" composé d'Etats et d'organisations afin d'ouvrir un canal de communication entre Moscou et le nouveau gouvernement ukrainien, dont la Russie ne reconnaît pas la légitimité.
Le président François Hollande a réuni à l'Elysée le secrétaire d'Etat américain John Kerry, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et leurs homologues français, britannique et allemand, Laurent Fabius, William Hague et Frank-Walter Steinmeier.
"C'est 'work in progress'", déclarait un conseiller de Hollande à l'issue de cette rencontre. "Pour l'instant on n'a pas résolu la difficulté principale qui est d'asseoir Lavrov et le ministre ukrainien à la même table mais les discussions se poursuivent et on verra ce qui en sort."
Peine perdue. Il a été impossible de réunir Sergueï Lavrov et Andrii Deshchytsia dans la même pièce. Prié de dire s'il avait rencontré son homologue ukrainien, le ministre russe a même répondu: "Qui c'est ? Je n'ai vu personne..."
Mais si les discussions sous divers formats de Paris n'ont pas permis de rétablir le dialogue entre Kiev et Moscou, elles ont permis "d'amorcer quelque chose", selon Laurent Fabius.
"Nous nous sommes mis d'accord pour continuer d'intenses discussions dans les prochains jours avec la Russie, avec l'Ukraine, afin de voir comment nous pouvons contribuer à normaliser la situation, à la stabiliser, et à surmonter la crise", a déclaré de son côté John Kerry, qui devrait revoir Lavrov ce jeudi à Rome.
"Ne supposez pas que nous n'avons pas eu de conversations sérieuses à même de produire des idées créatives et opportunes sur les moyens de régler cela, nous avons un certain nombre d'idées sur la table", a-t-il ajouté sans entrer dans le détail.
POSSIBLE RÉUNION DU G7
Lors d'un conseil des ministres mercredi, Vladimir Poutine a déclaré que les tensions politiques ne devaient pas nuire à la coopération économique entre Moscou et ses "partenaires traditionnels".
Le ministère russe des Affaires étrangères a cependant annoncé que le Parlement étudiait un projet de loi censé répondre aux sanctions qui pourraient frapper la Russie.
De son côté, Londres a indiqué dans la soirée que les avoirs de dix-huit ressortissants ukrainiens soupçonnés par les nouvelles autorités de détournements de fonds seraient gelés dans toutes l'Union européenne. Le Canada va lui aussi procéder à des mises sous séquestre.
Une réunion du G7 - donc excluant la Russie - pourrait en outre se tenir prochainement, a dit le Premier ministre canadien Stephen Harper.
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