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Belgrade : Violents accrochages entre policiers et manifestants homophobes

11 octobre 2010, 00:00

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Belgrade : Violents accrochages entre policiers et manifestants homophobes

Des accrochages ont opposé à plusieurs reprises quelque 5 000 policiers serbes à des militants homophobes, le dimanche 10 octobre, à Belgrade.

Les sources font état d''arrestations et de nombreux blessés à l''occasion du premier rassemblement en Serbie pour les droits des gays depuis près de dix ans.

Ces incidents et le dispositif de sécurité massif qui était en place mettent en évidence l''intolérance qui persiste dans la société serbe une décennie après l''éviction du président ultranationaliste Slobodan Milosevic et la fin du statut d''Etat paria qui était attaché jusque-là au pays.

Un responsable a déclaré à Reuters que 90 policiers avaient reçu des soins et que deux d''entre d''eux avaient été grièvement blessés dans des violences.

Celles-ci se sont propagées à d''autres quartiers de la capitale, les skinheads et les nationalistes s''en étant pris à des cibles sans aucun lien avec la marche des gays.

Les pompiers ont éteint un incendie au siège du Parti démocrate du président Boris Tadic et des témoins ont rapporté que des personnes à l''intérieur du bâtiment avaient été blessées.

Un correspondant de Reuters a rapporté que des manifestants avaient tenté d''escalader un échafaudage pour pénétrer dans le bâtiment du Parlement mais qu''ils avaient été repoussés.

Un policier a déclaré que des émeutiers avaient aussi attaqué les locaux du Parti socialiste, partenaire de la coalition au pouvoir.

"C''est un jour très triste pour la Serbie", a déclaré à des journalistes le ministre de la Défense Dragan Sutanovac.
Il a qualifié l''attaque du siège de son parti d''atteinte "à la voie européenne de la Serbie et aux valeurs démocratiques".
Des policiers en sang ont quitté les lieux et des témoins ont signalé des coups de feu tirés à un moment en direction des forces de sécurité tandis que les heurts continuaient.

La police a rapporté qu''au moins un militant des droits des homosexuels avait été battu jusqu''à perdre connaissance et que plus de 100 personnes avaient été interpellées.

Des groupes de nationalistes, de skinheads et de hooligans lançaient des pierres sur des policiers en tenues anti-émeute, brisaient les vitres de voitures et d''autobus et pillaient des kiosques. D''autres entonnaient des chants nationalistes.
Beaucoup d''observateurs considéraient la "gay parade" de dimanche comme un test du degré de tolérance de la société serbe après le climat de haine et d''exclusion qui alimentait les guerres balkaniques des années 1990.

"C''est pour moi une honte de marcher, de défendre ce que je suis en devant être protégée par des milliers de flics contre des nationalistes hystériques", a déclaré Milena, militante lesbienne de 36 ans.

Des groupes ultranationalistes ont exprimé l''intention de photographier les participants au rassemblement et de les faire apparaître sur un site internet en les menaçant de représailles.

Milija, technicien de 28 ans qui se présente comme un nationaliste religieux, juge "ridicule" que le gouvernement ait autorisé le rassemblement. "Ce gouvernement veut protéger une minorité pervertie et non chrétienne contre la majorité de qualité qui respecte la loi. Et il nous parle de démocratie."

Reuters