Publicité
Bourses musicales : La chance d’être premier violon
Par
Partager cet article
Bourses musicales : La chance d’être premier violon
Littéralement «soufflé». C’est ainsi que Guy-Noël Clarisse, violoniste, a parlé de son expérience britannique à Brad Cohen, son parrain musical. Brad Cohen, chef d’orchestre, était récemment chez nous, à l’occasion de la première de Carmen.
Epoustouflé par ses cinq semaines à la Dartington International Summer School, du 24 juillet au 28 août dernier, Guy-Noël Clarisse retient surtout la discipline personnelle qu’il faut avoir pour profiter de cette occasion. Elle est le fruit de la bourse qu’il a reçue sous le programme de la Brad Cohen Bursary.
Le plus «difficile» mais sans doute le plus stimulant pendant ce séjour fut son expérience de premier violon au sein de l’orchestre de cette école. «Nous avons joué la huitième London Symphony de Bruckner. C’est une oeuvre vraiment difficile, je ne sais pas si j’aurais pu jouer cela à Maurice». Au sein d’un orchestre de 90 instruments, dont certains «n’existent même pas ici», tel le contrebasson, le corps anglais ou encore le tuba de Wagner. Une expérience unique durant laquelle le violoniste Clarisse a aussi eu l’occasion de se produire aux côtés de huit contrebasses, configuration qui n’existe pas dans l’orchestre du conservatoire François Mitterand, par exemple.
Mais avant d’arriver à Dartington, dans le South Devon, il est passé par Londres. «J’ai pu m’acheter des cordes et un vrai archer, comme on n’en trouve pas à Maurice». Mais aussi des partitions de concertos de Mozart, de sonates de Dvorak ou encore de musique de chambre de Debussy et de Bach. Quelle a été sa première impression de son école d’été ? «J’étais perdu parce que ce n’est pas comme ici.» Personne pour vous materner, pour vous dire si vous avez fait ceci ou cela. «Musicalement, vous êtes livré à vous-même». Il faut donc se montrer responsable, pratiquer après les cours un minimum de trois heures par jour. «Si vous ne pratiquez pas, vous ne progressez pas.» Sans compter qu’il faut se lever tôt pour réserver une salle de répétition, suivre les master classes avec les quatuors qui visitaient l’école. Suivre les sessions d’orchestre le matin et les cours de violon l’après-midi. La journée est loin d’être terminée, car après les cours, ce sont les professeurs qui donnent des concerts. Il y en avait trois par soir, l’un à 17 heures, le deuxième à 20 h 15 et le dernier à 22 h 30. «Il fallait faire beaucoup de choix durant ces cinq semaines» car une semaine de travail équivaut à travailler un morceau qui sera joué à la fi n de la semaine en concert.
Après avoir reçu cet enseignement, qu’est-ce que Guy-Noël Clarisse compte donner à ses élèves, lui qui est professeur de musique dans des collèges, ainsi qu’au conservatoire François Mitterand ? «J’essaie d’en parler à un maximum de personnes autour de moi. Ce n’est pas pour me flatter mais pour partager mon expérience. Là-bas, j’ai vu combien on donne de la place à la culture dans le développement humain. Il y a le potentiel ici, mais souvent les gens abandonnent, faute de structures. Je rencontre parfois des médecins, des professionnels qui ne font pas la différence entre un violon et un violoncelle, entre une flûte et une clarinette. Cela veut dire que malgré toute leur formation, il y a ce côté culturel qui leur manque.»
A. G.-H.
Publicité
Les plus récents