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Budget: craintes d’un réveil du foot communal
10 novembre 2013, 09:11
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Budget: craintes d’un réveil du foot communal
Pour relancer le football local, le gouvernement préconise le retour sur la pelouse des clubs traditionnels. Cependant, les stades risquent d’assister au réveil du foot communal...
Mukesh Ramrekha, ancienne gloire des Hindu Cadets, rebaptisés Cadets Club, est redevenu une vedette du jour au lendemain dans son village de Souillac. « Alors football pou revinn kouma avan ? » Cette question-là, il l’a entendue à maintes reprises depuis l’annonce de Xavier-Luc Duval vendredi soir. Le ministre des Finances a affirmé, dans son discours du Budget, que « le gouvernement est en train de prendre des décisions audacieuses » et qu’il « prend des dispositions pour relancer les clubs traditionnels (...) aussi longtemps que leur nom ne comporte aucun sous-entendu communal. »
Le réflexe est le même dans les rues de Port-Louis, témoigne Anwar Elahee, fils du regretté Mamade Elahee (ancien joueur et entraîneur des Muslim Scouts). « Les gens me posent tous la même question. Ils se demandent si le football va redevenir communal. Faute de mieux, ils sont nostalgiques d’une époque et de cette ambiance », constate Anwar Elahee, en tant que manager de l’ASPL 2000, club qui a terminé la saison en deuxième position de la Premier League locale.
Qui dit club traditionnel à Maurice dit, en effet, club à caractère communal. La plupart des clubs traditionnels - Muslim Scouts, Hindu Cadets, Tamil Cadets, Dodo et Racing Club - avaient à l’origine un fort ancrage communautariste. Ce modèle issu de la période pré-indépendance a offert au sport-roi un succès populaire sans précédent pendant trois décennies, avec des stades pleins à craquer.
«Un match pouvait attirer 20 000 spectateurs », se souvient Mukesh Ramrekha. Mais ce qui était acceptable à une époque est devenu problématique avec le temps. La refonte du football destiné avant tout à en finir avec ce modèle, en 1982, a provoqué une rupture populaire, sans toutefois rompre avec la référence communautaire qui était le but recherché par les penseurs de la réforme. La régionalisation imposée en 1999 pour «décommunaliser» le football une fois pour toute, a provoqué une désaffection telle qu’un match vedette de la première division n’attire même plus 2000 spectateurs aujourd’hui.
L’ancien international et buteur des Roche-Bois Boy Scouts, puis de la Fire Brigade, Tony François, mesure amèrement cette indifférence dans laquelle est tombé le ballon rond. Devenu entraîneur de l’AS Rivière-du-Rempart, club en milieu de tableau de la Premier League, il raconte que les journalistes ne se déplacent même plus pour suivre les rencontres : «Ils m’appellent après le match pour connaître le résultat, c’est tout. »
Lui, qui a connu la gloire avec la Fire Brigade de 1990 à 1999 - cinq titres de champion - et porté les couleurs de la sélection nationale, assiste avec impuissance à la descente aux enfers du football mauricien. « Les joueurs jouent devant des gradins vides. Du coup, la motivation n’est plus là », souligne Tony François.
Le moral des footballeurs est dans les chaussettes en effet. En témoigne aussi les conditions dans lesquelles s’entraîne la meilleure équipe du nord rural. C’est sur un terrain poussiéreux de Belle- Vue, à l’arrière du stade Anjalay, que l’AS Rivière-du-Rempart prépare ses matchs quatre fois par semaine. Ni vestiaire, ni douche sur place. Que faut-il faire pour relancer le sport-roi mauricien ?
Mais la question la plus importante reste : «Ce qui nous préoccupe, c’est comment faire appel au retour des clubs traditionnels sans réveiller leur appartenance communale », s’interroge Sameer Sobha, président de la Mauritius Football Association.
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