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Cécile de Comarmond, journaliste en Angola, témoin d’un pays meurtri qui se relève très vite
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Cécile de Comarmond, journaliste en Angola, témoin d’un pays meurtri qui se relève très vite
Cécile de Comarmond est journaliste et exerce son métier au cœur de l’Angola, un pays qui tente de se reconstruire après 27 ans de guerre civile. Cette jeune française, née d’une mère belge et d’un père mauricien, nous raconte la réalité de la vie angolaise avec les souffrances d’un peuple qui se relève de dizaines d’années de déchirure…
A 29 ans, Cécile de Comarmond est la seule journaliste française en Angola et ce depuis un an et demi. Elle est au service de la Radio France Internationale (RFI) et de l’Agence France-Presse (AFP). Comme tous les journalistes, elle est appelée à retransmettre l’actualité du pays de manière précise, rapide et direct. Ce qui est toutefois particulier dans le cas de cette jeune femme, c’est l’environnement dans lequel elle doit exercer son métier. Avec sa grande précarité et son envie de survivre, le peuple angolais a su conquérir le cœur de Cécile de Comarmond.
«La population angolaise est indépendante depuis maintenant 35 ans. Cela fait seulement neuf ans qu’a pris fin la guerre civile. Et les gens souffrent encore. L’on peut voir sur leur visage à quel point la guerre les a marqués. Mais, de l’autre côté, c’est un peuple qui cherche à se divertir. Partout où l’on marche, dans les rues, il y a toujours de la musique», fait-elle ressortir.
Sa journée, Cécile l’entame à 7 heures. «Dès que je me réveille, je me branche sur les radios d’Etat pour être au courant des nouvelles officielles du pays.» En effet, la jeune femme, qui a appris le portugais, affirme qu’en Angola, il est très dur d’avoir des sources officielles, quand on n’est pas au service de l’Etat.
Ensuite, elle dresse une liste des sujets d’actualité et envoie un courriel électronique à l’AFP. «Ils choisissent ce qui les intéresse et moi, j’écris sur le sujet. Mais je suis très souvent en reportage, et c’est ce que je préfère. C’est alors que je fais mes propositions à RFI», précise-t-elle.
Et pour bien cerner la vie des Angolais, Cécile de Comarmond prend à la fois son appareil photo, son dictaphone et, surtout, son courage pour se rendre au cœur des bidonvilles où se mélangent tristesse et extrême pauvreté.
En effet, dans ce pays, une infime partie de la population jouit d’une très grande richesse grâce au pétrole. Pendant que la grande majorité des Angolais meurt souvent de faim ou de polio, qui a refait son apparition dans ce pays tout récemment.
«C’est toujours dur d’aller dans les bidonvilles, de voir les enfants qui jouent dans les flaques de boue. C’est une expérience très importante pour moi mais très traumatisante, à chaque fois», soutient-elle. Elle décrit, alors, le quotidien des gens qui tentent de se reconstruire.
«Le plus gros problème de l’Angola, c’est que les terres agricoles ne sont plus exploitées. Les gens ont peur des mines qui y ont été installées durant la guerre. Selon moi, ce pays peut compter sur le dynamisme des jeunes, et s’il arrive à développer son agriculture, cela peut débloquer l’économie. Je suis un témoin privilégié d’un pays qui change très vite», explique-t-elle.
Un bel exemple de reconstruction est la réouverture de la ligne ferroviaire entre Luanda et Malenje. «Après la guerre, Malenje a été complètement coupé du reste du monde. Des gens sont morts de faim. Les Chinois ont pu rétablir la ligne ferroviaire et j’ai pu faire le voyage entre Luanda et Malenje. J’ai ressenti une lueur d’espoir pour l’avenir de ce pays», raconte-t-elle.
Mais l’Angola, c’est aussi le pays de belles rencontres. En février, elle a rencontré un groupe de jeunes, dans une boîte de nuit. «Ces jeunes pratiquent une musique qu’ils appellent le Kudoro, la première musique électronique africaine. On voit bien que ces jeunes recherchent des loisirs», poursuit-elle.
Interrogée sur le comportement du peuple angolais, Cécile de Comarmond affirme que les gens sont très durs, au premier contact. Mais au fond, c’est surtout l’instinct de survie qui se fait le plus ressentir parmi la population angolaise.
«Ils ne sont pas très patients, ils veulent tout, dans l’immédiat. Je pense que c’est la guerre qui a développé en eux cet instinct de survie. Mais s’ils sentent que vous faites des efforts pour les comprendre, ils se montrent sympathiques et ils ne jugent pas les autres», explique-t-elle.
Cécile de Comarmond vient se ressourcer une fois par an à Maurice près de ses parents, Thierry et Marie de Comarmond, qui vivent à Balaclava.
«J’adore l’île Maurice. Je dis souvent à mes amis que la beauté du pays ne s’arrête pas à ses plages. Il y a aussi le dholl puri et les rues de Port-Louis», souligne la journaliste.
Cécile de Comarmond a déjà fait un stage à Radio One et à l’Express, en plus de ces nombreuses collaborations avec la BBC France, en 2004, à la fin de ses études tertiaires, en France. Outre ses multiples stages et son expérience à ARTE, c’est en travaillant pour l’AFP qu’elle a vraiment appris son métier.
«Rigueur, précision et sources fiables. C’est ce qu’on me demande. Mais je dois dire que j’ai beaucoup appris avec l’AFP. Et je continue à apprendre de jour en jour. J’avoue que les photos, ce n’est pas vraiment mon point fort mais j’en fais régulièrement. Je préfère la radio, c’est le moyen le plus facile et efficace de faire vivre aux gens, le quotidien des autres», explique-t-elle.
Et même si, c’est par amour que la journaliste s’est retrouvée en Angola, elle dit ne pas regretter une seule de ses journées. «J’ai suivi mon copain en Angola. Il a du faire le voyage pour son boulot. Et j’ai aussi voulu trouver un travail. Mais tout mon parcours a été très enrichissant. Je projette toujours de voyager. Parce qu’après tout, ce que j’aime dans mon métier, c’est bien de rencontrer d’autres gens et de raconter leurs histoires», affirme-t-elle, les yeux pleins de rêves.
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