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Côte d''Ivoire : Médiation de l''ex-président sud-africain

6 décembre 2010, 00:00

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Le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo n''''a pas d''autre alternative que de quitter le pouvoir, a déclaré le dimanche 5 décembre, son rival Alassane Ouattara à l''issue d''un entretien avec l''ancien président sud-africain.

Thabo Mbeki arrivé dimanche en Côte d''Ivoire pour tenter une médiation dans la crise politique consécutive au second tour de la présidentielle, à l''issue duquel chacun des protagonistes s''est proclamé chef de l''Etat. L''élection qui devait permettre de tourner la page d''une décennie de crise a au contraire accentué les clivages.

Laurent Gbagbo, le président sortant proclamé vainqueur par le Conseil constitutionnel, a prêté serment samedi pour un nouveau mandat. La plupart des diplomates ont boycotté la cérémonie retransmise en direct à la radiotélévision ivoirienne. Deux pays étaient représentés: l''Angola et le Liban.

Alassane Ouattara, désigné vainqueur par la Commission électorale indépendante, a remis de son côté un serment écrit. Il est soutenu par les Nations unies, l''Union africaine, l''Union européenne, les Etats-Unis et la France notamment.

"J''ai dit clairement au président Mbeki que je suis le président de la République de Côte d''Ivoire et que je le reçois ici à ce titre et que je lui demande de demander à M. Laurent Gbagbo de ne pas s''accrocher au pouvoir (...) Qu''il quitte le pouvoir comme cela se doit quand on perd une élection", a-t-il déclaré, s''adressant à la presse à l''hôtel du Golfe, où il réside sous la protection des casques bleus.

Il a par la suite nommé un gouvernement avec notamment Charles Koffi Dibby, ancien ministre des Finances de Gbagbo, mais Dibby, un technocrate qui s''est illustré par sa gestion de l''économie, n''a pu être contacté pour obtenir confirmation de sa défection.

Le Premier ministre Guillaume Soro, ancien dirigeant rebelle, a remis sa démission à Ouattara lorsque Gbagbo s''est proclamé vainqueur et Ouattara l''a aussitôt reconduit dans ses fonctions.

Il a déclaré dimanche qu''il était en "total désaccord" avec la décision du Conseil constitutionnel. "Je soutiens la proclamation de la Commission électorale", a-t-il dit dans un communiqué, ajoutant qu''Ouattara est à l''évidence le vainqueur.

Thabo Mbeki a fait état d''un entretien positif avec Ouattara, ajoutant que l''Union africaine jugeait la situation très grave.
Il avait auparavant été reçu par Laurent Gbagbo au palais présidentiel d''Abidjan.

"Nous voulons entendre tous les points de vue sur le sujet avant de pouvoir faire la moindre recommandation", s''est-il contenté de dire, très prudent, aux journalistes.

L''Afrique du Sud ne s''est pas prononcée aussi fermement que beaucoup d''autres pays contre Gbagbo. Mbeki a d''autre part entrepris naguère d''autres efforts pour résoudre le conflit ivoirien. De sources sud-africaines, on indique que la visite de l''ancien président devrait durer moins de 24 heures.

Après des jours d''une attente de plus en plus tendue, la Commission électorale indépendante (CEI) a proclamé jeudi soir Alassane Ouattara vainqueur du second tour de la présidentielle, le 28 novembre, avec 54,1% des suffrages.

Le lendemain, le Conseil constitutionnel a proclamé Gbagbo réélu avec 51% des voix après avoir invalidé plusieurs centaines de milliers de voix exprimées dans le Nord, bastion de Ouattara, en invoquant des manoeuvres d''intimidation et des fraudes imputables aux ex-rebelles des Forces nouvelles. Le Conseil dirigée par Paul Yao N''Dré, un proche de Gbagbo, a le dernier mot en matière électorale.

Le résultat annoncé par la CEI avait toutefois été certifié par le représentant de l''Onu en Côte d''Ivoire, Y. J. Choi, qui a reçu des copies des décomptes de pratiquement tous les bureaux de vote. Choi a déclaré que même si les allégations de fraudes lancées par le camp Gbagbo étaient avérées, cela n''en changerait pas pour autant le résultat annoncé par la CEI.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a salué en Ouattara le véritable vainqueur du scrutin. Barack Obama lui a adressé ses félicitations dès vendredi soir et Nicolas Sarkozy a parlé de l''élection "incontestable" de l''ancien Premier ministre.

Le commandant des Forces nouvelles, Chérif Ousmane, a averti que ses partisans ne "resteraient pas les bras croisés longtemps" si Gbagbo continuait de détenir le pouvoir.

Entre les deux tours puis pendant l''attente des résultats, quinze personnes au moins ont été tuées dans des violences liées au scrutin.

"Une situation comme le Rwanda ou le Kenya serait un cauchemar, que nous cherchons à éviter en faisant tout notre possible", a expliqué l''ambassadrice d''Afrique du Sud en Côte d''Ivoire, Zodwa Lallie, qui relève des analogies avec les élections kényanes de 2007, dont la contestation avait rapidement dégénéré en un bain de sang qui fit au moins 1.300 morts et plusieurs centaines de milliers de déplacés

Dans plusieurs villes du pays, comme Abidjan ou Bouaké, au centre géographique du pays, des manifestations ont eu lieu samedi. Des pneus notamment ont été incendiés. Mais elles n''ont pas dégénéré comme certains le craignaient.

Dimanche, des dizaines de milliers de partisans d''Alassane Ouattara ont manifesté devant l''antenne de l''Opération des Nations unies en Côte d''Ivoire (Onuci) à Bouaké, "capitale" des ex-rebelles des FN, au cri de "ADO président !".
ADO est l''acronyme du nom complet d''Alassane Adramé Ouattara, utilisé par les Ivoiriens pour désigner l''ancien Premier ministre. Selon un journaliste de Reuters, l''ambiance était globalement calme en ville.


Reuters