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Cagnotte Rs 70 millions: l’île Maurice s’est réveillée avec la fièvre du loto

1 septembre 2012, 00:00

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Cagnotte Rs 70 millions: l’île Maurice s’est réveillée avec la fièvre du loto

Depuis une semaine, les Mauriciens fantasment sur cette cagnotte. Les Rs 70 millions du tirage de la Loterie Nationale fait, en effet, rêver zougader et joueurs d’occasion en 1er septembre.

Ambiance chez des détaillants qui ont la particularité d’avoir vu les numéros gagnants être joués chez eux, parfois en deux occasions.   

Perché sur sa chaise haute, stratégiquement situé à quelques pas de l’entrée principale du marché central, Satish Moher va à contre-courant. Alors que la cagnotte de Rs 70 millions du tirage de la loterie nationale, qui aura lieu ce soir, fait rêver zougader et joueurs d’occasion, ce responsable de Coronation lance : « non, les gens ne jouent pas vraiment. Lepep finn apovri ».

Face à ces sept zéros qui soulèvent tant de « si mo gayn sa, mo pou…», Satish Moher a un avis contraire. « Ou met Rs 100 millions ousi dimoun la pa pou zwe ». Si ce n’est pas la grosse foule devant sa légendaire tabagie du marché –où les numéros gagnants ont été joués deux fois-, c’est un flot continu de parieurs qui choisissent surtout les parts, sorte d’association où vous vous partagez le cas échéant les gains, avec des inconnus. « Lontan, li ti enn craze parski dimoun pa ti ankor trouv bann lo for koumsa ». Blasé le zougader ? « Mem pou Rs 52 milyon la – (NdlR : cagnotte de la semaine dernière) dimoun Satish Moher nuance un peu : « les Rs 70 millions coïncident avec la fin du mois ». Comprendre : le zougader a plus de moyens pour jouer.

Chez tous les autres détaillants contactés, l’heure n’est nullement à la morosité. «  Tempo la so », lance en souriant Robert Leung Loong Cheong. Avec ses frères, il fait tourner la boutique qui porte le nom de la famille, en face de la poste à Floréal. L’affluence est telle qu’avec l’arrivée du loto, la famille a coupé en deux la boutique, pour y aménager un espace spécialement dédié aux jeux du hasard de la loterie nationale. Bien en évidence à l’entrée, des panneaux rappellent qu’en deux fois les bons numéros ont été joués à cette boutique de Floréal, le 14 août 2010 et le 19 mars 2011. «  Jamais deux sans trois », affirme le commerçant.

Depuis lundi, nous assure Jean Claude, le frère de Robert, c’est il y a un flot ininterrompu de joueurs, « au moins une centaine de personnes par jour. Quelqu’un qui d’habitude misait Rs 100, avec cette cagnotte, il mise Rs 500, seki ti pe met Rs 1000, la li met Rs 3000 ». Selon lui, ce sont les plus de 35 ans, les pères de famille, qui jouent le plus.

Exemple : Pradeep Mahadeo venu jouer à la tabagie Pelican à Circonstance, Saint Pierre. Technicien chez World Knits, il est venu jouer les numéros pour une association de 50 personnes pendant sa pause-déjeuner. Une fois les numéros enregistrés, il sort un chiffon rose de sa poche, qu’il pose sur la balance qui est sur le comptoir. « Mizir to kas », lance-t-il aucommerçant en dénouant le chiffon rose où il avait serré quelques billets et plusieurs poignées de pièces de monnaie.

« La majorité des gens jouent Rs 20, Rs 40, Rs 60, des petites sommes », constate Sanjay Karria, qui aide sa mère Sunita, vite débordée par l’affluence dans cette tabagie.  De cette foule de joueurs, « environ 50% » demande des « flash », c’est à-dire le « quick pick », quand c’est la machine elle-même qui choisit des numéros.

« En 25 occasions, les cinq bons numéros ont été joués chez nous. Sa ve dir 25 fwa nou finn rat jackpot », se vante Sanjay Karria. Dans la foulée, il nous montre son certificat de «Best merchandised outlet», Gold Award, accroché dans la tabagie.

A La Caverne Vacoas, ce qui a aidé la tabagie Dowlut, c’est que l’un des gagnants de la cagnotte de Rs 75 millions du 19 novembre 2011 était passé par là. Nassid Dowlut, le propriétaire, affirme que « ena klian vini spesial zis pou zwe ». Pour taquiner Dame chance, là où l’on sait qu’elle est déjà passée. Avec réticence, le commerçant finira par nous confier que, chez lui, cela arrive qu’un client mise plus de Rs 50 000, voire Rs 100 000. Comme ses collègues, il sait que c’est cet après-midi, vers 16h que la fièvre du jeu l’emportera.