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Camp-Barbe : Un toit de fortune

14 octobre 2013, 00:00

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Camp-Barbe : Un toit de fortune

Aucune région de l’île n’est épargnée par l’extrême pauvreté. Au détour d’une ruelle, à Camp-Barbe, Chemin-Grenier, nous découvrons une famille qui a vu s’écrouler son toit il y a deux semaines. Quelques tôles et des bouts de bois ne suffisent pas toujours à améliorer les conditions de vie…

 

C’est une famille courageuse, soudée, une famille qui lutte et se bat pour sortir de la misère où elle se trouve, au cœur du village de Chemin-Grenier. Nancy Antoine a vu son toit s’écrouler sur sa tête il y a deux semaines à peine. Solidaires, ses proches se sont démenés pour trouver à la petite famille une place temporaire chez eux, mais eux-mêmes vivent dans des conditions précaires…

 

La maisonnette branlante de Nancy Antoine menaçait déjà de s’écrouler depuis plusieurs mois déjà. Quelques bouts de planches, des tôles pourries : la maison, constituée de deux pièces, tenait comme par miracle depuis neuf ans... «Mo tinn raport plisier fwa sa ca la. Mo tinn dir zot pe viv dan ene sitiasion danze» explique Josique Radegonde,députée travaillantdans la région. «Nou pa ti ena narnien kan nou ti fek vinn res la. Nou finn fatigue fer deman pou ki zot aid nou sanz nou lavi», raconte Nancy Antoine quis’est blessée avec de la tôleen essayant de venir en aideà ses enfants lorsque la maisons’est écroulée.

 

C’est face à la gravité de cet accident que le Trust Fund for the Social Integrationof Vulnerable Groups a fourni à cette famille se retrouvant malgré elle à la rue quelques feuilles de tôles et du bois. À peine de quoi reconstruire une maison digne de ce nom. Famille et amis se sont attelés à la tâche, travaillant jour et nuit une semaine durant pour finir la maison qui n’est pourtant pas habitable.

Nancy Antoine, avec ses deux fils, dans sa cuisine qui n’a même pas l’eau courante.

 

«C’est une maison temporaire ; dans cinq ou dix ans, la tôle finira par pourrir. On parle d’améliorer les conditions de vie des gens, mais ce n’est pas en leur donnant des tôles et du bois. Ce n’est pas la solution à la pauvreté», souligne JosiqueRadegonde.

 

Nancy Antoine peut certes compter sur l’aide de sa soeur, Josée Brasse, mais la situation de cette dernière n’est guère plus enviable, elle qui élève seule ses quatre enfants et arrive à peine à joindre les deux bouts. «Mo lakaz tikase dan cyklon Dina. Gouvernman ti donn mwa ene piece pou viv isi. Kan pena manze, nou bizin kass bred sonz dan trou pou manze.»

Pour avoir accès à l’eau courante, Nancy Antoine doit se contenter d’un coin de cour peu salubre.

 

Comme sa maison est en hauteur, il faut grimper pour y parvenir. À ses risques et périls. Chez elle aussi, le bois pourrit et le toit menace de s’affaisser. Leur «douche», les membres de la famille la prennent avec un tuyau d’arrosage. «Mo delo inn vinn Rs 6 000 mo pena moyen pou peye.»

 

Pour Josique Radegonde, cette situation n’a que trop duré. «Trust Fund pe fer ene ti bout par si ene ti bout par la, zot pa pe realize ki plisir fami ena lakaz pre pou tom lor zot. Ena viedimoun pe nouri enn fami entie ek sa malere Rs 3 000 pension ki zot ganie la. La souffrans lor terin». Nancy Antoine le sait bien. Et même si sa maison a été construite dans l’urgence, le répit n’est que temporaire.