Publicité
Cancer : quand le silence des femmes s’avère fatal
Par
Partager cet article
Cancer : quand le silence des femmes s’avère fatal
Au Parlement le mardi 18 juin, le ministre Lormus Bundhoo a révélé que les cas de cancer du sein chez les femmes ont doublé en quatre ans. Des professionnels qui côtoient les femmes ayant subi des mastectomies apportent leur point de vue…
En 2012, 489 cas de cancer du sein ont été recensés.Contre 255 femmes en 2008. Ces chiffres révélés par le ministre de la Santé,Lormus Bundhoo, au Parlement le mardi 18 juin, démontrent bien que le cancer du sein frappe de plus en plus de femmes. Tandis que l’année dernière, 179 personnes ont subi une mastectomie, soit 36,6 % des personnes souffrant d’un cancer. De juillet 2012 à ce jour, environ 200 personnes ont subi une mastectomie dans les hôpitaux publics. Mais au-delà de ces chiffres, il y a la souffrance qu’endure toute femme ayant à subir une mastectomie. A tel point que certaines préfèrent ne pas affronter la réalité. Où lorsqu’elles l’affrontent enfin, il est trop tard pour un traitement…
Chirurgien généraliste à la clinique Darné, Guy Adam explique que la mastectomie est habituellement pratiquée dans un but thérapeutique lorsqu’une femme est atteinte de cancer du sein. Mais elle peut également être proposée comme prévention, pour éviter un éventuel risque de développer un cancer. Comme l’actrice américaine Angelina Jolie qui a créé la surprise en révélant qu’elle a dû subir une double mastectomie préventive (sachant qu’elle était porteuse d’un gène défectueux).
Guy Adam confirme : il dit avoir noté que, très souvent, les femmes ne viennent pas rapidement en consultation. Malgré le fait qu’elles constatent des signes d’un éventuel cancer. Malheureusement, quand elles se décident à se faire ausculter par un médecin, le cancer est déjà à un stade avancé.
Selvina Moothoosawmy, Cancer Awareness and Control Program Officer à Link to life (counselling psychologist), explique que lorsque le mot cancer est évoqué, il est toujours associé à la mort. Ce qui fait que les patientes ont besoin d’énormément de soutien, surtout d’un encadrement familial.
Car pour les femmes, la mastectomie, c’est comme perdre une partie de leur féminité. Le regard des autres les gêne et elles doivent très souvent modifier leur façon de s’habiller pour essayer de camoufler la différence. Dans ces cas, reprendre confiance en elles n’est pas chose facile. «C’est pour cela que Link to Life est là, assure Selvina Moothoosawmy. «Nous soutenons les patientes et leur donnons des conseils», ajoute-t-elle.
Sylvie Madelon a, elle, choisi d’affronter cette épreuve toute seule. Elle a subi une ablation du sein il y a trois ans et même si c’était une décision «dure à prendre», elle avait affronté l’opération. «Ma famille ne savait même pas que j’allais subir cette intervention chirurgicale. Je ne voulais pas leur dire car, auparavant, mes enfants étaient encore petits et je ne voulais pas les perturber. J’ai tout fait par moi-même .De plus, quand le médecin m’a annoncé la nouvelle, il m’a fortement conseillé de ne pas perdre du temps pour subir l’intervention car le cancer risquerait de se propager. Donc, c’est après l’intervention, quand ils sont venus me rendre visite à l’hôpital, qu’ils l’ont su», raconte-t-elle.
Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’elle n’était pas abattue par cette épreuve. «J’avais le moral complètement à bas. Je ne voulais plus sortir de la maison. Le regard des autres me perturbait beaucoup. Cette épreuve m’a beaucoup affectée», se souvient-elle. Ce qui l’a aidée à remonter la pente ? Elle a dû se reprendre en main, explique Sylvie Madelon, «par moi-même».«Je me suis dis que beaucoup de gens étaient dans des situations bien pire que moi .Certains ne pouvaient même pas marcher alors que moi je le pouvais. Donc, j’ai réussi à me ressaisir.»
Trois ans après, que de chemin parcouru. Désormais, elle confie qu’elle ne voit plus cette opération comme une atteinte à sa féminité. «On ne remarque pas la différence. Une fois, l’un de mes amies m’a même demandé de quel côté du sein j’ai été opéré car elle ne distinguait pas la différence entre les deux seins. J’ai pris conscience que la différence n’était pas flagrante et là j’ai continué à vivre ma vie», se réjouit-elle.
Elle a donc appris à vivre avec son ablation. Même si elle n’oublie pas cette intervention, d’ailleurs les douleurs sont là de temps en temps pour le lui rappeler. En même temps, au plus profond d’elle-même subsiste une frayeur : que le cancer ne soit de retour. «Mais je m’y fais», lance Sylvie Madelon, courageuse.
Publicité
Les plus récents