Le 64e Festival de Cannes s''''est ouvert mercredi avec "Minuit à Paris", comédie romantique de Woody Allen qui traite de manière originale les thèmes de l''inspiration artistique et de la nostalgie.

Le film s''est taillé un beau succès auprès d''une presse qui parfois attendait avec un peu d''appréhension le "énième" Woody Allen. Son précédent opus montré à Cannes l''an passé, "Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu", n''avait pas convaincu grand monde.

Cette fois-ci, la caméra du cinéaste new-yorkais suit les pas de Gil (Owen Wilson), un scénariste tâcheron de Hollywood qui gagne bien sa vie mais dont l''ambition littéraire est inassouvie. L''occasion d''un déplacement à Paris, une ville qu''il fantasme et dont le passé littéraire et artistique le fascine, sera pour lui, espère-t-il, une source d''inspiration. Il est malheureusement accompagné de sa future épouse Inez (Rachel McAdams) et de sa future belle-famille. Inez est une idiote insupportable qui ne le comprend pas et l''étouffe. Son beau-père est un riche parvenu, sans éducation et vaguement francophobe. Sa belle-mère est incolore et inodore. Qui plus est, il doit se coltiner un pseudo-intellectuel pédant (Michael Sheen) qui peu à peu séduit sa promise.

De jour, de nuit, au soleil, sous la pluie, Paris sera le chemin de Damas de Gil. Transporté dans une véritable fantasmagorie, dont on ne peut jamais savoir si elle est rêvée ou pas, il va rencontrer le tout-Paris littéraire et artistique des Années folles et côtoyer Hemingway, Scott Fitzgerald, Gertrude Stein, Salvador Dali (splendidement campé par Adrien Brody) et Luis Bunuel entre autres. Et surtout Adriana (Marion Cotillard), muse multiple, qui cultive elle aussi une nostalgie, celle du Paris de la Belle Epoque, que tous deux visiteront également, rencontrant Toulouse-Lautrec, Degas, Gauguin.

"Croire que vivre à une autre époque serait mieux, c''est un piège de taille", a déclaré le cinéaste, scénariste, acteur et clarinettiste de jazz mercredi en conférence de presse. "Pour ma part, je ne voudrais pas du tout vivre une autre époque que la nôtre". Cette nostalgie d''un supposé Age d''or, Allen la fait vivre de façon amusante par ses personnages mais aussi par les personnages historiques qu''il recrée pour l''occasion.

L''on entend ainsi un Degas dire qu''il aurait mieux aimé vivre à la Renaissance. Carla Bruni-Sarkozy, qui finalement ne sera pas sur la Croisette pour l''ouverture du Festival, joue un petit rôle dans le film de Woody Allen, celui d''un guide de musée. Le cinéaste lui a proposé le rôle à la volée à l''occasion d''un petit-déjeuner avec le couple présidentiel. "Elle m''a dit: ''J''aimerais être dans l''un de vos films pour pouvoir dire à mes petits-enfants que j''y étais''", a expliqué Woody Allen. "Elle a joué son rôle avec beaucoup d''élégance, à la perfection".

(Source : Reuters)