2008 est l’année de toutes les crises. Mais pour beaucoup de gens, c’est aussi l’année de l’espoir qu’incarne Barack Obama. Nous avons sollicité différentes personnalités du pays pour partager leurs appréciations critiques avec nous.

Deva Armoogum (Partenaire et Head of Advisory Services à KPMG)
«Une remise en question de la société de l’information»
L’événement le plus marquant a été sans conteste la crise financière qui remet en question les approches qu’on avait sur les façons de faire du business. Pour ma part, je m’attendais à cette crise. Le monde des affaires dérivait par rapport à l’esprit de bonne gouvernance. On développe, à présent, un consensus pour trouver des solutions. Ensuite, il y a une remise en question de la politique alimentaire. Notre régime de vie étant calqué sur le mode de vie européen, nous consommons beaucoup d’énergie. D’autre part, nous importons une majorité de commodités. Aujourd’hui, il faudra remettre en question ces pratiques en pensant à une politique de l’alimentation où on dépense moins d’énergie. C’est quelque part une remise en question de la société de l’information.

Vaco Baissac (Peintre)
«Les billets de banque ne sont pas comestibles»
En 2008, les hommes ont enfin compris que les billets de banque ne sont pas comestibles! Parce que c’est l’effondrement d’un système capitaliste où tout avait affaire à l’argent. Peut-être réalisera-t-on enfin que c’est l’artiste qui a raison. Parce que, qu’il soit peintre, écrivain, poète ou musicien, l’artiste est l’illustrateur de son temps. C’est ce qu’il laisse derrière lui qui représentera son époque.

Arnaud Carpooran (Chargé de cours à l’Université de Maurice)
«C’est assez banal ce qui se passe chez nous»
Obama, toutes les crises: alimentaires, énergétiques, financières… Autant de faits marquants. En même temps, par rapport aux crises mentionnées, je ne peux m’empêcher de constater qu’à chaque fois on a fait des annonces apocalyptiques. Pourtant, un jeu de balançoire fait qu’on passe de l’optimisme au pessimisme et vice-versa. Obama, pour sa part, permet de voir le monde autrement.
Sur le plan local, je ne vois rien. C’est assez banal ce qui se passe chez nous… Tout compte fait, il ne s’est pas passé grand-chose à Maurice.

Amédée Darga (Chef d’entreprise)
«La crise du subprime rend l’humanité malheureuse»
On a enregistré, en 2008, un mouvement de changement profond. Dans le positif, il s’est exprimé à travers l’élection d’Obama. Dans le plus négatif, il a mis à jour l’abcès provoqué par la folie des classes moyennes anglo-saxonnes. Une folie qui a entraîné la crise du subprime qui déferle et qui rend l’humanité malheureuse dans son aspiration de mieux-être.

Vinesh Hookoomsingh (Linguiste)
«Rien de particulier à signaler à Maurice»
J’ai été marqué par les actes terroristes à Mumbai et l’élection d’Obama. Celle-ci est l’histoire d’un personnage charismatique qui a provoqué un déclic sur la scène internationale. Ce qu’il représente n’a rien à voir avec la couleur de sa peau. Les attentats de Mumbai démontrent qu’on est concerné. Nos liens sont si rapprochés que lorsqu’il y a un malheur en Inde, nous, nous avons des victimes ici. L’expression de «Little India» rattachée à Maurice trouve toute sa pertinence.
Sur le plan local, il n’y a rien de particulier à signaler. Rien de ce qui s’est produit ne sort de la routine. On passera donc une nouvelle année cahin-caha. Cela va être la même rengaine. Je crains que 2009 ne soit une année ponctuée des seules considérations électoralistes. Ce qui va se passer sur le plan international est beaucoup plus intéressant. Même s’il est aussi vrai que cela va influer sur Maurice.

Roukaya Kasenally (Chargée de cours à l’université de Maurice)
"L''''élection d''Obama"
L’élection d’Obama a marqué tous les esprits. A Maurice, c’est difficile de retenir un événement particulier. C’est dommage car cela illustre le statu quo. Des plans sont certes annoncés mais il n’y a pas d’action pour les matérialiser… comme pour la réforme du système électoral.

Shashi Shanto
(Président de la Mauritius Society for the protection against cruelty to animals (MSPCA))
«Nous sommes assis sur un volcan»
Personnellement, je suis interpellé par le nombre de vols et de viols qui ne cessent d’accroître. L’avenir me semble très sombre à ce chapitre. Je me demande où on va? Même les personnes en qui vous avez confiance peuvent vous nuire! Les personnes aux postes de responsabilité disent que la situation est sous contrôle ou alors que c’est mieux comparé aux années précédentes. Or dans les faits, la criminalité et l’insécurité menacent notre vie au quotidien. Nous sommes assis sur un volcan.

Shekar Suntah
Directeur général de la Mauritius Ports Authority (MPA)
«Il y a des nuages à l''horizon»
Dans le secteur portuaire, 2008 est une année exceptionnelle. On a connu une croissance de toutes nos activités. On a atteint des records. 2008 est notre meilleure année jusqu’ici.
Sur un plan général, je crois qu’il y a des nuages à l’horizon. On passe par une série de crises. Il y a donc beaucoup de défis et d’impondérables devant nous. Il s’agit désormais de revoir la façon dont nous gérons les choses. Nous préparer, en conséquence, pour l’avenir.

Nazim ESOOF