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Christian Boda: Réussite professionnelle aux USA grâce au concept de sport/études
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Christian Boda: Réussite professionnelle aux USA grâce au concept de sport/études
Christian Boda, un nom qui ne veut certainement pas dire grand-chose pour nombre de nos jeunes sportifs contemporains. Mais, ce sprinteur d’exception des années quatre vingt a fait vibrer plus d’uns.
C’était à l’époque des Judex Lefou (premier médaillé mauricien aux Jeux d’Afrique), Ricky Wai Choon, Gilliane Quirin (Mme Edwards depuis et actuelle présidente du CNEA), et autres Sandra Govinden, Christine Duvergé. Les ‘golden years’ de l’athlétisme mauricien. Christian Boda a été de ceux qui ont bénéficié de la vision du ministre des Sports de son époque, un certain Michael Glover. Ce dernier avait trouvé un créneau sport/études avec l’Amérique. Ce, par l’entremise du coach Ron Davis en poste à Maurice dans les années 1980-1990.
C’est ainsi que le 16 décembre 1988, François Christian Boda, originaire de la rue Clément Charoux à Curepipe, pose ses valises à l’Oklahoma Baptist University, ayant obtenu un full Scholarship. Mais avant de rejoindre le pays de l’Oncle Sam, cet ancien athlète du Collège Eden de Rose Hill avait débuté sa carrière aux 100, 200 et 400 mètres en 1984 lors des inter-collèges. Il mit fin à sa carrière d’athlète de haut niveau avec les Jeux des Iles de 1993 qui se déroulèrent aux Seychelles.
C’est de brillante façon qu’il baissa les rideaux avec une victoire au 4x100 mts devant la Réunion de Daniel Sangooma et une victoire au 4x400 mts aux dépens des redoutables Malgaches.
Lors de ses huit années passées à l’Oklahoma Baptist University (OBU), Christian Boda a été une pièce maitresse de l’équipe d’athlétisme d’OBU. «A nous deux Judex (Lefou) et moi nous ramenions 75% des médailles de OBU lors des compétitions Américaines Universitaires», nous déclare Christian Boda. Ce dernier a un palmarès éloquent. Jugez-en vous-même: 13 fois ‘All American status in Track and Field. 1989 – 1992 OBU Outstanding Sprinter, 1992 OBU Outstanding Track and Field athlete of the Year.  Il a de plus été President and Dean Honor Roll. OBU record Holder. En 1999, il a intégré le Hall of Fame de l’Oklahoma Baptist University. Un honneur qu’a connu deux autres Mauriciens Judex Lefou et, tout récemment, Désiré Pierre Louis.
Ajouté à ses performances sportives Christian Boda a aussi brillé sur le plan académique. Il est sorti de cette université avec un Bachelor in banking and finance. Cela lui a ouvert les portes afin qu’il décroche son Master in Business administration and Finance de l’Université centrale d’Oklahoma.
Fort de ce bagage universitaire Christian Boda a eu une riche carrière professionnelle. «J’ai débuté à la banque d’Oklahoma comme Letters of Credit specialist et ensuite j’ai travaillé pour Dow Jones et Co comme managing Senior analyst», nous confie Christian Boda. Il a, par la suite, été Managing Senior Analyst de Reuters America, Senior analyst chez CICADA corporation où en l’espace de huit mois il a été promu Directeur du data Management. En 2007, il prendra les fonctions de Directeur de la Civil acquisition chez la firme Lexisnexis et, au mois de juillet 2008, à l’âge de 44 ans il décida de prendre sa retraite du monde financier. «J’ai bossé pendant des années presque 70 heures par semaine .J’ai bien gagné ma vie. J’ai pensé qu’il était l’heure pour moi de passer à autre chose», constate ce diplômé de la finance.
Le virus du sport et de la finance semble cependant ne pas vouloir quitter notre interlocuteur. Depuis juillet 2008 en effet, Christian Boda enseigne le Business et les Finances au Mount St Mary Catholic High School d’Oklahoma où il est aussi le Head Coach de l’équipe de football garçons et filles. Il est également à la tête du comité disciplinaire de l’institution. «Ce que je fais maintenant, je m’adonne à ma passion. C''''est-à-dire enseigner….les finances et le sport», se réjouit Christian Boda.
Marié depuis 1993 à la sympathique Elaine, une Américaine, ancienne sprinteuse du 100 et 200 mts, qui lui a donné deux charmantes petites filles Ashton (10 ans) et Meakayla (7ans), Chrsitian Boda vit avec sa famille dans le mid-west à 10 minutes d’Oklahoma City.
Malgré cette réussite sportive et professionnelle, Christain Boda est demeuré très modeste et n’a surtout pas oublié ceux sans qui «je ne serais pas arrivé là», reconnaît Christian. Sur le plan sportif d’abord des noms qui reviennent à la mémoire lors de cet entretien «les personnes qui m’ont mis sur la voie sont d’abord Vivian Gungaram, et Margaret Félicité aussi bien que Georges Vieillesse du collège Eden, ensuite j’ai été canalisé vers Paul Randabel. Quelqu’un de bien. Vous savez ce dernier, après m’avoir entraîné pendant un certain temps, m’a dit en toute modestie ‘maintenant au niveau où tu es arrivé Christian je n’ai pas les compétences voulues je préfère t’orienter vers Ron Davis’. Un exemple que devrait suivre bon nombre d’entraîneurs ces jours-ci!
Christian Boda enfin ne tarit pas d’éloges pour le ministre des Sports de l’époque. «Je ne me lasserai jamais de dire combien je dois à Michael Glover le fait que je sois aujourd’hui aux Etats-Unis avec la réussite tant sportive que professionnelle. Sans l’aide financière du ministère des Sports de Maurice, jamais je n’aurais réalisé ce que j’ai réussi. Michael est un homme de vision et un professionnel du sport», clame notre interlocuteur.
Ron Davis, le coach américain posté à Maurice à cette époque, a aussi été un artisan dans le succès de notre compatriote. Ensuite Christian rend hommage à ses parents. A son père qui lui a inculqué des valeurs telles que la rigueur et la discipline. «Il nous a structurés», dira-t-il. De sa maman, il nous raconte l’anecdote suivante «en 1985 quand mon père fut décédé, j’ai dis à maman que je voulais aller travailler pour subvenir aux besoins de la famille. Ma mère a refusé me disant qu’elle voulait que je m’entraîne car elle pensait que j’avais de l’avenir dans l’athlétisme. On se débrouillera pour faire bouillir la marmite m’a-t-elle dit». Une maman qui avait vu loin.
Christian Boda est toujours actif sur le plan sportif car il participe en compagnie de son épouse aux compétitions réservées aux vétérans à savoir les masters depuis 1996 et ce de façon régulière. Saviez-vous qu’en 2000 cet ancien sprinteur mauricien était numéro un mondial sur 55 mètres pour sa catégorie d’âge? La même année, il a été champion américain sur 60 mètres indoor. Un petit regret toutefois «j’ai souvent écris à l’association des vétérans de Maurice et même à la fédé pour leur dire que j’étais intéressé à défendre les couleurs mauriciennes lors des masters internationaux et cela à mes frais. C’est juste pour courir pour mon pays. Mes appels sont restés lettre morte. Vous savez, j’ai la possibilité maintenant de défendre les couleurs américaines… si je n’ai pas de réponse de mon pays natal eh bien…» soupire C. Boda.
Les projets d’avenir de ce natif de Curepipe sont d’abord de continuer à enseigner pendant encore 10 ans et ensuite de rentrer à Maurice et mettre à profit son expérience au sein du sport mauricien.
Le mot de la fin, Christian Boda le réserve pour les jeunes talents mauriciens qui poussent en ce moment. «Le message que j’adresse à tous ces jeunes c’est d’être disciplinés et de se consacrer également à leurs études, car le sport est éphémère. Un athlète doit se préparer professionnellement. Le sport est un tremplin au succès professionnel. Il ne faut pas qu’ils hésitent à parler avec les sportifs qui ont réussi. Moi, je ne viens pas d’une famille aisée et, grâce au sport, j’ai obtenu mon degré et mon master. Sans le sport je n’aurais jamais pu faire ces études-là. Il faut préparer sa vie après le sport»
Vivian Dinan
Ancien président du Centre national de formation d’athlétisme
D’une visite des Etats-Unis
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