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Christopher Hart de Keating : «Les PME risquent de mal tirer parti du plan de relance»

8 septembre 2010, 11:17

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Le directeur général de Propeller soutient que si les finances sont des causes souvent évoquées dans les faillites de PME, il existe également un problème de gestion.


Plus de la moitié des petites et moyennes entreprises (PME) disparaissent dans les cinq premières années de leur existence. Pourquoi ?

A Maurice, nous avons plus facilement accès aux statistiques sur les créations d’entreprises ou sur le nombre d’entreprises par segment de marché que sur les causes d’échecs. Toutefois, on peut identifier plusieurs causes de ces échecs. Il peut y avoir une mauvaise analyse du marché avec, par exemple, une perception erronée de la concurrence ou du secteur d’activité. Le manque de capital et les difficultés de financement sont également des causes souvent évoquées dans les faillites de PME. On peut également remarquer un manque de compétence dans le domaine de la gestion. Passer d’un statut salarié à celui d’entrepreneur ne se fait pas toujours sans heurts. Et puis, on constate parfois aussi une mauvaise gestion des ressources humaines. A noter que ces causes de fermetures sont les mêmes que l’on peut retrouver par exemple en France.

? Dans le cadre de l’ «Additional Stimulus Package», les banques ont souvent été montrées du doigt pour avoir rechigné à financer les PME. Partagez-vous cet avis ?

Je pense que les banques et autres institutions financières ont largement contribué et contribuent encore au développement des PME à Maurice. Le problème actuel, c’est que d’un côté, les PME ont besoin de facilités bancaires pour soulager leur fonds de roulement (cash flow) et que de l’autre, les banques ont besoin de garantie pour pouvoir débloquer les fonds. Je pense aussi que dans de nombreux cas, les demandes des PME ne sont pas formulées de façon adéquate. Ce qui constitue un frein pour les prêteurs.

Quant aux banques, elles doivent aussi apprendre à mieux comprendre les «business model» de leurs clients afin de leur proposer un soutien plus efficace. Pointer du doigt les banques n’aura pas pour vocation d’améliorer les choses. Il y a de nombreux acteurs dans le secteur bancaire et la compétition entre les banques est idéale pour les PME. A eux maintenant de savoir s’en servir.

? Que pensez-vous des mesures prises en faveur des PME dans le cadre de l’«Economic Restructuring and Competitiveness Programme» (ERCP) ?

Les PME travaillent énormément sur le marché local avec de plus grosses entreprises. Si le plan ERCP permet dans son ensemble de faire face à la dure réalité économique, les PME en seront, bien entendu, bénéficiaires. Si nous arrivons, à terme, à pénétrer d’autres marchés touristiques et si nous réussissons à vendre le concept de «paradis du shopping », il va de soi que de nouvelles opportunités se présenteront aux PME. Plus concrètement, ce plan illustre une réelle volonté d’aider les PME dans leur restructuration et leur développement. Il me semble que le volet financier est la partie la plus importante de ce soutien : restructuration de la dette, rachat de créance, ligne de crédit pour le financement d’équipement et extension de la ligne de crédit assurance à l’exportation. Toutes ces mesures permettront aux PME en difficulté, de souffler un peu et de repartir sur de nouvelles bases.

? Quelles sont les lacunes de l’ERCP pour l’aide aux PME ?

La mise en place du plan sera aussi importante que le plan d’aide en lui même. Le plan d’aide a été communiqué mais je pense que si on interroge un responsable de PME, il y a fort à parier qu’il n’ait pas compris comment en tirer profit. Si la mise en place lui paraît trop compliquée, il risque de ne pas s’y intéresser. Sans parler de lacune, je dirais que l’ERCP est très axé sur la partie financière. C’est une bonne chose, mais si le mal est ailleurs (marketing, compétence en gestion …), nous n’obtiendrons pas de résultats à moyen terme.

? Chez «Propeller», qu’apportez-vous aux PME ?

Conscient des difficultés actuelles, Propeller propose aux PME un soutien continu dans la gestion quotidienne de l’entreprise afin d’aider ses dirigeants à prendre les bonnes décisions qui assureront la survie et la profitabilité de leur entreprise dans le temps. Nous mettons à la disposition de nos clients tout un éventail d’outils et de ressources, complémentés par une approche novatrice, pour les accompagner dans la restructuration et la relance de leur entreprise. Propeller a été créé pour aider les entreprises en difficulté afin de les propulser vers d’autres horizons. Nous aidons aussi les jeunes dirigeants dans la création de leur entreprise. La démarche consiste à faire un état des lieux complet avec la participation de l’équipe dirigeante, d’élaborer ensemble un plan d’action et de le mettre en place avec des tableaux de bord adéquats. Nous mettons l’emphase sur la mise en place et le suivi des projets auxquels nous participons. Notre réussite passe par celle de nos clients. Notre rôle de partenaire de développement est de motiver notre client. Nous sommes là pour le pousser à la réflexion afin qu’il s’attaque aux choses non urgentes mais essentielles pour l’entreprise. Nous accompagnons aussi nos clients, avec la même démarche participative, dans la création d’entreprise. Cela comprend la compréhension de projet, le business plan, la demande de financement ou encore le lancement d’activité.

? Pourquoi vous-êtes vous plus tourné vers les PME que les grands groupes ?

Nous pensons que les maux qui touchent nos entreprises sont souvent les mêmes. Toutefois, nous pensons que les PME sont moins bien armées en termes de méthode et de structure. Le «challenge» pour Propeller est de contribuer à leur développement et leur succès. Derrière toute PME, il y a un homme ou une femme qui a souvent pris d’énormes risques pour créer son entreprise. Contribuer et participer à la réussite de cette entreprise, nous paraît alors très gratifiant.

Propos recueillis par Pierrick PEDEL

Pierrick PEDEL