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Chypre prend la présidence de l''UE en pleine tourmente

1 juillet 2012, 00:00

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Chypre prend la présidence de l''UE en pleine tourmente

La République de Chypre doit prendre, ce dimanche, la présidence semestrielle de l''''Union européenne mais cette île méditerranéenne, toujours divisée entre une partie grecque et une autre turque, est en pleine tourmente économique.

«Ce qui est important pour Chypre n''est pas tant de montrer qu''elle peut organiser un tel évènement mais de prouver qu''elle peut le faire aussi bien que tout autre membre de l''Union», déclare le porte-parole de la présidence chypriote, Costas Yennaris, à l''AFP.

Les négociations au point mort

Membre de l''UE depuis mai 2004 et de la zone euro depuis janvier 2008, Chypre, qui compte quelque 800 000 habitants, est l''Etat membre le plus à l''est de l''Union européenne et ses côtes se trouvent à une centaine de kilomètres de la Syrie et du Liban. Cette île de quelque 9 000 km2 est divisée depuis l''invasion de son tiers nord-est par l''armée turque en 1974, en réponse à un coup d''Etat des nationalistes grecs qui voulaient le rattachement à Athènes.

Près de 40 ans plus tard, une «ligne verte», gardée par l''ONU, sépare toujours les communautés turque et grecque. Seule la Turquie reconnaît la République turque de Chypre du Nord proclamée dans la partie occupée. La République de Chypre, qui rassemble les Chypriotes-grecs, est la seule entité internationalement reconnue.

Les négociations pour aboutir à une réunification de l''île sont au point mort, même si l''une des conditions posées à l''adhésion à l''UE était qu''elle soit réunifiée. Ankara a d''ores et déjà annoncé refuser tout contact avec la présidence de l''UE tant que Chypre l''exercerait et a même évoqué, face au blocage des négociations, un «plan B» après le 1er juillet.

«…un membre efficace de l''UE»

«Il y a un danger que la question de la partition de Chypre ou l''application d''un plan B turc ne déstabilise la présidence mais Chypre veut montrer qu''elle est un membre efficace de l''UE», souligne Hubert Faustmann, professeur d''histoire et de sciences politiques à l''Université de Nicosie.

Le président de Chypre, le communiste Demetris Christofias affirme qu''il n''a pas l''intention d''utiliser la présidence de l''UE pour mettre sur la table la question de la partition ou de l''utiliser comme arme contre la Turquie. «Les Chypriotes-grecs veulent changer leur image et se montrer de bons européens. Ils veulent jouer le rôle d''arbitre impartial et, en tant que petit pays, n''ont pas trop d''intérêts propres à défendre dans les grands débats européens», déclare Hubert Faustmann. La crise financière grecque arrive toutefois au plus mauvais moment pour Nicosie, très liée à Athènes. Les autorités chypriotes viennent de demander à Bruxelles une aide financière pour leurs banques, devenant le 5e pays à le faire. Plusieurs banques détiennent des quantités importantes d''obligations souveraines grecques qui ont été considérablement dévaluées. Le ralentissement à Chypre même, qui est en récession, n''arrange pas leurs affaires.

Davantage d''austérité à venir?

Reléguée au rang de placement spéculatif par les trois principales agences de notation, la note de Chypre ne lui permet plus de se financer sur les marchés internationaux de la dette. Pour 2012, le gouvernement de Demetris Christofias, élu en 2008 et qui ne se représentera pas aux élections de février 2013, a obtenu de la Russie un prêt de 2,5 milliards d''euros et un deuxième prêt pour 2013 est évoqué par les médias.

Le prix à payer pour l''aide de Bruxelles sera sans doute davantage d''austérité pour un gouvernement très proche des syndicats de fonctionnaires et qui cherche à garder une fiscalité très favorable aux entreprises (10%) lui permettant d''abriter de nombreuses filiales de sociétés étrangères.

Parmi les tâches de sa présidence, Chypre devra organiser les discussions sur le budget de l''UE pour les sept prochaines années. «La tâche la plus importante de Chypre c''est le budget et si on arrive à un accord, cela serait un succès très important», souligne Hubert Faustmann.

Sources : 20minutes.fr & AFP