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Clarissa Phelps :« Je dis aux enfants mauriciens au passé douloureux qu’ils peuvent s’en sortir».

10 juillet 2011, 13:41

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Elle a survécu aux vices de la rue. Son passé rimait avec les gangs, les armes à feu, ainsi que le commerce du sexe. Clarissa Phelps qui a séjourné à Maurice pendant une semaine a décidé de raconter son passé aux enfants mauriciens victimes d’abus.

Vous vous êtes déplacée des Etats Unis pour venir à Maurice afin de rencontrer plusieurs enfants victimes de maltraitances et d’abus sexuels. Qu’avez-vous de si particulier à dire à ces enfants ?

Je suis venue dire aux enfants mauriciens au passé douloureux que peu importe d’où vous sortez, et peu importe ce dont vous avez été victime, il faut garder espoir de s’en sortir. Je sais de quoi je parle, j’ai moi-même fait partie d’un réseau de trafic humain.

Lorsque vous avez révélé votre passé aux enfants du Centre de Développement pour les Enfants Mauriciens (CEDEM), ils ont eu du mal à vous croire…

C’est pourtant bel et bien vrai. Je suis originaire de la Californie, et j’ai commencé à me prostituer alors que je n’avais que 12 ans. Je me suis laissée entraînée dans ce réseau vicieux par des gens mal intentionnés. Mon adolescence je l’ai vécu entre les gangs et en présence des armes à feu, de la drogue.

Après avoir rencontré tous ces enfants, qu’est ce que vous a inspiré Maurice.

Ces enfants m’ont permis de constater que vous vivez dans une société malade. Que l’île Maurice ce n’est pas que la plage et le soleil. J’ai eu vent de tous ces faits-divers qui font la une de vos journaux, avant que j’atterrisse ici. What’s wrong with your country? Comment se fait-il qu’une mère puisse forcer son enfant à se prostituer ? Qu’une personne tombe dans la prostitution c’est une chose, mais qu’un parent vende son enfant, là ça me dépasse. Il est grand temps que les acteurs du pays commencent à se poser les bonnes questions, pour déterminer l’origine de ce malaise social qui règne dans votre pays.

A qui devez-vous d’être sortie de cet univers ?

Principalement à moi-même. J’avoue aussi que j’ai eu la chance de tomber sur des personnes providentielles qui m’ont apportée le soutien nécessaire pour que je passe à autre chose, et pour que je puisse bâtir  une autre vie loin des vices de la rue. C’est aussi l’importance que j’ai accordée à l’éducation qui m’a permis de m’en sortir. Lorsque je me suis éloignée des trottoirs, je me suis consacrée uniquement à mes études. 10 ans d’études. Degrés en mathématiques, en Droit. Tout a par la suite changé.

Pendant votre ascension, qu’en est-il advenu à vos amies qui n’ont pas eu la chance de pouvoir de s’en sortir ?

Certaines sont décédées, d’autres occupent toujours les trottoirs, d’autres sont contaminées par le virus du sida. Il y en a très peu qui  sont parvenues à s’en sortir. Celles là ont choisi le silence. Moi j’ai décidé de raconter mon histoire au monde, pour que les gens constatent qu’il y a toujours de l’espoir.

Pensez vous que les enfants que vous avez rencontrés à Maurice peuvent aussi y croire ?

Oui j’en suis persuadée. Maintenant il faut qu’il y ait, autour de ces victimes, les structures et les personnes nécessaires pour leur permettre d’y croire. Les personnes de bonne volonté ce n’est pas ce qui manque ici, et il vous faut en être fier. Toutefois, d’après ce que j’ai entendu et vu, ce sont les structures qui font défaut.  Il faut que tout le monde comprenne une bonne fois pour toute que ces enfants violés, maltraités ont aussi droit à une deuxième chance, mais seuls ils ne pourront pas la saisir.