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Communauté d''Afrique de l''Est, une opportunité pour Mayotte ?

11 septembre 2011, 00:00

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Communauté d''Afrique de l''Est, une opportunité pour Mayotte ?

La constitution de la CAE (communauté d''''Afrique de l''Est) va être modifiée afin d''intégrer le français comme langue officielle, à côté de l''anglais et du swahili, selon le secrétaire général du ministère rwandais de la CAE, Robert Ssali.

Cette proposition a été faite par le Burundi et la Tanzanie, deux pays membres de l''organisation. Robert Ssali a avancé que « le français est considéré comme une langue importante dans le monde et la région ne peut l''ignorer » pour expliquer cette décision. « L''idée d''adopter le français comme langue officielle a été initiée par le président tanzanien, M. Jakaya Kikwete, lors de la 3e Conférence de l''Afrique de l''Est sur les investissements à Kampala », a précisé M. Ssali.

Si certains pays de la CAE, comme le Rwanda ou le Burundi utilisent le français comme langue officielle, d''autres, le Kenya et la Tanzanie notamment, sont anglophones. L''apparition du français comme langue officielle dans ces pays pourrait donc être un avantage indéniable dans une région où les entreprises françaises sont peu présentes. « La République démocratique du Congo, pays francophone, a déjà postulé pour le statut d''observateur au sein de la CAE », a ajouté M. Ssali.

On peut donc s''étonner que Mayotte, île sous administration française où la langue locale, le shimaoré, est une variante du swahili, n''ait pas déjà saisi cette opportunité et intégrant le swahili dans ses programmes scolaires. Au-delà des perspectives d''emplois dans ces pays, alors que le taux de chômage dépasse les 50% sur l''île et où les perspectives d''emplois ne sont pas légion, cette matière donnerait en plus l''occasion aux élèves, qui se heurtent très souvent à des difficultés d''apprentissage, de briller dans cette matière qui ne devrait pas leur poser de problèmes d''assimilation, tant les similitudes entre le shimaoré et le swahili sont nombreuses.

Mayotte se trouve à proximité de deux pays anglophones, Kenya et Tanzanie, avec lesquels des liaisons aériennes régulières existent déjà. L''île au Lagon pourrait donc se positionner comme intermédiaire entre les industriels français et ces marchés pour l''instant en grande partie laissés en friche. La sécurité liée aux normes européennes et la stabilité politique seraient un plus indéniable pour la conquête de nouveaux marchés. Les références culturelles communes, l''Islam notamment, faciliteraient également le dialogue.

Les habitants de la Communauté Est Africaine sont nombreux à vouloir parler le français et l''anglais, deux langues dont ils ont besoin pour leur travail. Ce bilinguisme est aussi instauré dans les écoles mais les enseignants qualifiés et les livres manquent. En Tanzanie, depuis 2008, quand la Communauté Est Africaine est devenue effective, le français a été mis au programme dès l''école primaire.

Selon Deboka Kancungure, une enseignante, «il faut commencer par les tout petits et y aller progressivement». Les élèves s''intéressent d''ailleurs à cette langue, à la grande fierté de leurs parents, car, au terme de leurs études, ils pourront trouver du travail là où ils le voudront. C’est pourquoi, dans certaines écoles secondaires, les parents se cotisent pour payer les professeurs de français. «Je suis le seul professeur de français dans cet établissement qui compte 16 classes, et j’ai 36 cours de 40 minutes chacun par semaine. C’est fatigant!», reconnaît Déogratias Maniriho, payé 100 dollars par mois, un salaire décidé par le conseil des parents d’élèves.

Car le français est également indispensable à la communication entre états de la région dont certains sont francophones et d''autres anglophones. Ainsi des commerçants tanzaniens sont obligés de payer un interprète pour leurs échanges commerciaux avec le Burundi ou le Rwanda francophones.

En août 2009, le swahili avait été adopté comme langue officielle dans 11 pays de la région des Grands Lacs. C''est également l''une des cinq langues co-officielles et de travail de l''Union africaine.

La Commission européenne a établi, en décembre 2008, un accord de partenariat avec les cinq états de la CAE, instaurant « une zone de libre échange compatible avec les règles de l''Organisation mondiale du commerce ».

La CAE est une organisation intergouvernementale régionale et qui regroupe le Kenya, l''Ouganda, la Tanzanie, le Rwanda et le Burundi. Son siège se trouve à Arusha, en Tanzanie où le traité a été signé en 1999 par les trois pays fondateurs, Kenya, Ouganda et Tanzanie. Les pays de la CAE ont établi une Union douanière en 2005 ont signé un protocole d''accord d’un Marché Commun en novembre 2009. L''Union monétaire de l''Afrique de l''Est devrait être effective en 2012, et une Fédération Politique des Etats d’Afrique de l’Est pourrait ensuite voir le jour.

C''est dire si les enjeux sont importants pour Mayotte si elle décide de s''orienter dans cette voie.

Source : Malango Actualit