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Crise économique: la bataille de l’emploi engagée entre secteur privé et l’Etat

20 avril 2009, 00:00

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Crise économique: la bataille de l’emploi engagée entre secteur privé et l’Etat

Alors que les pontes du secteur privé préviennent que l’emploi ne peut pas être un objectif inconditionnel en temps de crise, le gouvernement maintient qu’il faut lutter pour préserver l’emploi.
 
Depuis quelque temps, des signaux envoyés par des responsables du secteur privé démontrent que les dispositions ne sont pas à la préservation de l’emploi en cette période de crise économique mondiale. Un avis que ne partagent pas les dirigeants du gouvernement qui profitent de chaque occasion pour plaider en faveur de l’emploi, présenté comme une priorité.

«C’est parfaitement légitime pour un gouvernement responsable de promouvoir l’emploi et de combattre le chômage. Mais faire de la préservation de l’emploi une priorité de l’Additional Stimulus Package et le pilier de la lutte contre la crise économique envoie un mauvais signal au pays. En période de crise économique, aucun pays ne peut se payer le luxe de sauver les emplois à tout prix. L’objectif qui est raisonnable est de sauver les entreprises qui sont viables et qui pourront continuer à employer des gens sur le moyen terme», énonçait ainsi Ahmed Parkar lors de l’assemblée générale de la Chambre de Commerce et de l’Industrie. Quelques jours plus tard, Anwar Joonas, président de la Mauritius Employers’ Federation lançait, lui, l’idée d’un gel des salaires.

Il est évident que de telles propositions provoquent la grande colère des syndicalistes. Ceux-ci soutiennent que le secteur privé est en train de prendre pour prétexte la crise économique pour licencier alors qu’il bénéficie de l’Additional Stimulus Package pour faire face à la crise.
 
La crise pas un permis à licencier

Aujourd’hui, le fait demeure que l’emploi est de plus en plus menacé.

«C’est vrai qu’on ne pourra pas, malheureusement, préserver l’emploi à tout prix. Mais il y a aussi le risque qu’on passe d’un extrême à un autre. Il y a certainement des licenciements justifiés. Mais la crise ne doit pas devenir un permis à licencier», explique ainsi l’économiste Philippe Lam.

C’est un avis qui n’est pas entièrement partagé par le syndicaliste, Tulsiraj Benydin. «Le réquisitoire contre l’emploi s’inscrit dans la logique du profit qui doit primer sur toutes les autres considérations. D’une part, on parle de développement soutenu. De l’autre, le patronat se sert de la crise financière pour préserver ses gains personnels», avance-t-il.

Tulsiraj Benydin remet aussi en question le programme de responsabilité sociale du secteur privé. «Le Corporate social responsability, ce n’est pas seulement faire des donations ici et là. Il faut une véritable politique sociale. Et la meilleure façon de la pratiquer, c’est de préserver l’emploi et d’accorder des salaires décents», fait ressortir le syndicaliste.

Ce dernier estime également que la crise financière n’a pas encore pleinement affecté Maurice. «C’est un fait que le secteur privé mauricien demande le gel des salaires et opère des dégraissages dès que ses profits baissent quelque peu», déclare-t-il.

Un secteur privé trop alarmiste?

Dans de telles circonstances, il faut demeurer lucide. C’est la raison pour laquelle, l’économiste Lam prévient qu’il ne faut pas créer de psychose autour de l’emploi. «Il faut savoir que lorsque les gens craignent pour leur emploi, cela influe directement et négativement sur la consommation. Leur psychologie de consommateur est affecté», dit-il en ce sens.

Demeurer lucide mais aussi réaliste. «Il faut dire qu’il y a des secteurs qui sont toujours profitables. A la différence du tourisme et du secteur de l’exportation, le secteur financier et les banques font très bien», souligne Philippe Lam.
Ce dernier conseille enfin de traiter la question du salaire et de l’emploi au cas par cas.