Le ministre des Sports, Devanand Ritoo joue au médiateur. Lundi, les présélectionnés et les membres de la fédération étaient invités à venir s’expliquer sur les différends entre l’instance fédérale et son coureur, Yannick Lincoln.

Le coureur a été mis à l’écart du chrono par équipe suite aux recommandations des techniciens, Mathieu Calypso et José Achille. Ces deux là ont le soutien de la majorité du comité directeur de la fédération, comme l’avait affirmé le président Hervé Flore dans nos colonnes.

L’éviction du meilleur coureur mauricien a fait, bien évidemment, grand bruit et les relations entre le coureur et la fédération ne se sont pas améliorées depuis. Le ministre a, ainsi, voulu assainir la situation en écoutant les différentes parties. «Tous ceux présents ont eu droit à la parole», nous affirme le chargé de communication du MJS, Benito Paris.

Devanand Ritoo a eu l’occasion d’écouter les différentes personnes, et, au final, au ministère de la Jeunesse et des Sports, un sentiment de satisfaction prévaut. Car la fédération est prête à réintégrer Yannick Lincoln qui, lui-même, a confirmé qu’il sera disponible à 100% à partir du mois de juin. En fait, l’une des raisons de la discorde est que le coureur avait donné comme explication à ses absences les mercredis son indisponibilité. Il ne pouvait se permettre de sécher les cours qu’il dispense lui-même au Lycée Labourdonnais. Dans un premier temps, la fédération, représentée par Hervé Flore, Martial Natchoo, Caroline Leblanc et José Achille, avait envisagé que les entraînements se déroulent les jeudis. Mais les autres membres de la présélection ne sont pas disponibles à leur tour.

L’attitude de Yannick Lincoln vis-à-vis de l’encadrement technique a, également, été abordée. Le coureur a, lui, expliqué que certains propos parus dans la presse l’ont blessé. Pour Martial Natchoo, secrétaire de la fédération, la FMC fera des concessions tant que le coureur en fera aussi. «S’il revient à de meilleurs sentiments, les choses rentreront dans l’ordre. On espère bien que les choses s’arrangent car nous avons tous un seul objectif, c’est l’or aux Seychelles». Benito Paris abonde dans ce sens : «c’est dans un élan patriotique que nous espérons réunir tout le monde. Maurice doit fonctionner comme une seule équipe pour décrocher les trois médailles d’or aux Seychelles.»

Cette réunion aurait pu être avortée bien des fois tant les acteurs se heurtaient à la réticence de l’un et l’autre. Le terrain d’entente trouvé en fi n de réunion reste cependant fragile. Le comportement de Yannick Lincoln sera surveillé de près. Si, officiellement on affiche la satisfaction après la réunion, certains restent pessimistes quant à la suite des événements. Yannick Lincoln a préféré garder le silence sur le sujet. Estimant sans doute que trop a déjà été dit. Le coureur du VCJC, qui revient du Joberg2c de l’Afrique du Sud, a remis une lettre avant la réunion à Devanand Ritoo.

Cette réunion n’a pas fait que des heureux. Les membres de la fédération n’ont pas apprécié le fait d’avoir appris, tardivement, la tenue de cette réunion. Roland Nicolin, Catherine Victoire, Hans Brasse, Mathieu Calypso et Ajay Ramadeen ont, néanmoins, tenu à être présents dans les locaux du MJS, lundi, après-midi. Invités à rejoindre la réunion par la suite, ils ont refusé. «Je comprends que le nombre est important. Mais il y a une hiérarchie à respecter au sein d’une fédération quand il est question d’invitation», explique Roland Nicolin, lui-même ancien président de la FMC.

D’autres membres n’apprécient pas l’indisponibilité du président et l’absence de communication, lui qui était au courant de la réunion depuis samedi, semble-t-il. Hier soir, la FMC avait sa réunion du comité directeur lors de laquelle ces sujets ont été abordés. «Mais il n’y a pas que le problème Lincoln. Il y a le Tour de Maurice, le cas de Jean-Hugues Labonne toujours suspendu depuis son arrestation. Il ne faut pas tourner en rond», confie Roland Nicolin.

Ingérence ou médiation du MJS ?

En général, les fédérations sont promptes à crier au scandale quand le MJS intervient dans leur cuisine. Depuis la mise en marche de la machine en vue des JIOI, le ministère a, souvent, convoqué les fédérations et licenciés pour tenter de régler certains problèmes. Un procédé pas forcément habituel en temps normal. Est ce que le MJS poursuivra dans cette voie après les JIOI ? «Non », confie Benito Paris. Et d’ajouter « il y a des dispositions dans la nouvelle version du Sports Act pour régler les litiges ». Cette nouvelle version du Sports Act qui se fait attendre depuis longtemps déjà serait prête et pourrait être promulguée après les JIOI. Une question de timing, dit-on, du côté du MJS.