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Cyril Palan : « Le santé économique d’un pays se jauge par la qualité et l’abondance de sa communication »
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Cyril Palan : « Le santé économique d’un pays se jauge par la qualité et l’abondance de sa communication »
Le président de l’Association of Advertising Agencies analyse l’évolution du marché de la publicité à Maurice.
Que représente le marché de la publicité à Maurice ?
Il a connu une évolution certaine durant les deux dernières décennies, avec de nouveaux supports et de nouvelles façons de communiquer. En général, on pourrait avancer le chiffre de Rs 700 millions. Il est bon de noter que les budgets sont fractionnés en publicité, marketing et branding.
L’Association of Advertising Agencies (AAA), avec ses 15 membres, occuperait 60 à 70 % du marché publicitaire. Comme dans toute économie émergente, il est temps que le bureau central des statistiques offre un service des dépenses publicitaires du pays vu l’absence de données précises.
Avec une nouvelle constitution, l’AAA compte procéder à des recrutements en vue d’élargir le nombre d’agences membres et ainsi apporter encore plus en tant que corps professionnels.
Les nouveaux domaines touchent les agences en marketing et communication, les creative agencies, branding agencies, design et consultancy agencies et les médias électroniques.
Quels sont les médias dominants?
La presse écrite reste le média de communication par excellence, vu son côté palpable, sa versatilité et sa rapidité technique pour passer une publicité. Les réseaux d’affichage et de panneaux longue conservation emboîtent le pas, vu leur forte visibilité, et dû au fait qu’ils
ne requièrent aucun effort pécuniaire de la part du consommateur. La télévision, jusqu’à présent étatique, a un impact certain, mais le coût de la production du spot bloque une abondance de publicités. Avec la fièvre de la Coupe du monde, il y a un accroissement des tranches publicitaires. L’on espère que cela continuera, dépendant de la politique publicitaire de la nouvelle direction de la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC). Il est temps que la MBC, en tant que partenaire privilégié des publicitaires, ouvre des discussions en vue d’exploiter certains créneaux, et offre des études spécifiques d’audience. La radio, grâce la libéralisation des ondes, a connu un regain d’intérêt très intéressant. La radio privée attire plus en termes de pénétration et d’efficacité commerciale.
Comment le marché a-t-il évolué ces dernières années ?
Le marché a évolué vers une orientation plus «design et communication», offrant un service innovateur avec des opérations de publicité sur le lieu de vent ou des rues, qui attirent et donnent un attrait différent. Nous pensons que la communication évoluera un peu plus dans cette direction, ce qui est fort louable, et change des schémas classiques tout en donnant un dynamisme au commerce. Le web et d’autres supports informatiques modernisent aussi les actions de communication.
Comment le secteur a-t-il passé la crise ?
Le marché a connu dans le passé des conjonctures difficiles, et il arrive aussi que le publicitaire professionnel traverse des périodes de vaches maigres. Il suffit cependant d’anticiper les risques, d’agir de façon intelligente et recentrer les priorités stratégiques des actions publicitaires.
Quelques sacrifices et de la prudence rapporteront dans le temps. Il suffit avant tout de rester professionnel, comprendre et conseiller judicieusement le client. Le Mauricien en général est de nature prudente, évite les risques exagérés, ce qui lui permet de rebondir par la suite.
Evidemment, le secteur a été touché, car les budgets ont été grignotés, mais le professionnel doit pouvoir recentrer ses options.
Comment se porte-t-il actuellement ?
Je dirais plutôt bien. Il faut comprendre que le business a graduellement évolué, s’est développé, et a ouvert l’espace à plus d’acteurs. Donc, en vrai professionnel, il est impératif de saisir les opportunités et les avenues offertes et foncer. Le secteur de la publicité sera toujours un fil conducteur par excellence qui reflète la température du commerce en général. Plus le commerce se développera, plus on fera appel aux professionnels de la communication. On jauge la santé économique d’une nation de par la qualité et l’abondance de sa communication.
Il semble que le secteur de la publicité compte beaucoup d’acteurs à Maurice, faut-il s’attendre à une restructuration ?
Dans son évolution, il est normal que notre métier attire de plus en plus d’intérêt, ce qui est tout à fait sain. Les passionnés et les amoureux de la communication sont les bienvenus. Mais attention aux loups déguisés en moutons, qui, pour récupérer les commissions d’agences, se découvrent un beau matin des aptitudes de publicitaires et salissent ainsi le marché. Nous leur souhaitons bonne chance. Il faut surtout ne pas confondre professionnels de la communication et marchands de quatre saisons. Pour revenir à votre question, le secteur se restructurera par lui-même, dépendant du paysage commercial qui va se dessiner. Il y aura toujours de l’énergie et le génie mauricien saura se réinventer et s’adapter.
Les publicités mauriciennes sont souvent primées à l’étranger. Qu’apportent ces récompenses d’un point de vue commercial ?
C’est une satisfaction et un désir d’accomplissement pour les créatifs et les techniciens. Une récompense apporte dans une certaine mesure la confiance du client et pourrait dans le même souffle attirer de nouveaux clients. Mais attention à des opérations tape à l’oeil, qui pourraient dans le temps, à mon humble avis, nuire à l’image de l’agence, car le trop nuit.
Sur ce chapitre, il faut noter la très bonne performance des agences mauriciennes dans l’océan Indien et en Afrique du Sud, de même que sur le continent africain, à travers les réseaux d’affiliation internationale.
Y a t il une véritable création publicitaire mauricienne ?
La publicité reste dans son essence un message universel, transcendant les barrières géographiques, ethniques et culturelles. Mais malgré cela, une empreinte locale domine. On peut avancer qu’une naissance mauricienne est en voie d’être matérialisée, vu la reconnaissance au niveau local et régional de nos créations. Il y a définitivement un élan créatif très prometteur avec les jeunes qui rentrent dans le secteur.
On attend la création d’une télévision privée, que va provoquer l’arrivée de ce nouveau média ?
Comme la radio privée occupe une place privilégiée dans la répartition des publicités, une télé privée pourrait provoquer le même phénomène, voire une certaine liberté d’action. Il faut maintenant que la MBC se ressaisisse et pratique une politique d’ouverture vis-à-vis des publicitaires. La compétition dans tout marché est bénéfique aux consommateurs, et cela devrait assainir une situation de monopole qui n’a que trop perduré dans une société traditionnellement très démocratique.
Propos recueillis par Pierrick Pédel 
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